Par Edern Appéré
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Baromètre 2025 de la science ouverte : l’université en constante progression

Le Pôle d’appui à la diffusion de la recherche du Service des bibliothèques publie, chaque année au printemps, le baromètre de la science ouverte à l’Université de Strasbourg. Cet indicateur permet à l’ensemble de la communauté universitaire de mesurer les accomplissements et le chemin restant à parcourir. Décryptage avec Georges Gressot, chargé du traitement des données scientifiques et statistiques, et Héloïse Gazeau, responsable de l'équipe Publications scientifiques.

Le baromètre de la science ouverte existe depuis 2019. Quelles en ont été les évolutions ?

Georges Gressot : Le baromètre que nous publions est dérivé du baromètre français de la science ouverte du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Initialement, il recensait surtout des publications en sciences dures, car les sources utilisées sont les grandes bases de données bibliographiques telles que PubMed, dans le domaine de la santé, et Web of science en sciences. Depuis, il a intégré l’archive ouverte HAL puis theses.fr, ce qui lui permet de couvrir un champ disciplinaire et une typologie de publications plus larges, particulièrement en sciences humaines et sociales (SHS). En 2023 le baromètre de la science ouverte a intégré les codes et logiciels, et depuis cette année il intègre également les jeux de données. Ces deux éléments sont encore en phase bêta.

Quels enseignements tirer de l’édition 2025 en ce qui concerne l’Université de Strasbourg ?

Héloïse Gazeau : On observe une progression du niveau d’ouverture de nos publications qui reflète une dynamique intéressante, en phase avec la politique de l’université qui est très volontariste en matière de science ouverte. Cependant, notre progression a tendance à légèrement ralentir. Ce tassement existe aussi à l’échelle nationale. Ce n’est pas quelque chose d’inquiétant, l’ouverture des publications pouvant varier avec le temps, notamment en fonction des modalités fixées par les éditeurs. 
La problématique de l’accès ouvert est désormais bien ancrée dans le quotidien de nos chercheurs et l’Université de Strasbourg figure dans le peloton de tête français en la matière. Nous avançons en direction de l’objectif, fixé par le ministère, de 100 % de publications ouvertes en 2030, même si, pour diverses raisons, il semble difficile à atteindre.

Pour quelles raisons cet objectif est-il difficile à atteindre ?

H.G. : Il s’agit à la fois de raisons méthodologiques et juridiques. Il est très difficile d’être exhaustif et repérer l’ensemble des publications de nos chercheurs. En SHS, par exemple, les éditeurs sont moins nombreux que dans les sciences dures à attribuer un « DOI » aux publications, un identifiant pérenne qui sert à référencer les publications diffusées sur Internet et dans les principales bases de données. Certaines publications peuvent donc passer sous nos radars. La typologie des publications en SHS est plus variée également : en histoire ou en philosophie, les chercheurs publient davantage sous forme de chapitres d’un ouvrage ou de monographies. Pour des raisons juridiques, ces références sont plus difficiles à rendre ouvertes.

En quoi ce baromètre est-il utile aux membres de la communauté universitaire ?

H.G. : C’est un outil intéressant pour mesurer la progression de l’ouverture des publications scientifiques produites à l’Université de Strasbourg. Il ne s’agit pas d’un instrument de comparaison ou de pilotage, mais d’un outil à vocation pédagogique : il permet d’avoir un état des lieux à un instant T et voir l’évolution de nos pratiques dans le temps.

G.G. : Le baromètre que nous publions recouvre le périmètre de l’établissement, mais peut aussi être décliné à l’échelle plus fine d’une unité de recherche. En guise d’exemples, nous avons réalisé plusieurs déclinaisons, publiées sur le site scienceouverte.unistra.fr. Au sein du Pôle d’appui à la diffusion de la recherche, nous n’avons pas vocation à mener ce travail pour l’ensemble des unités de recherche strasbourgeoises, car, vu leur nombre, ce serait une tâche très chronophage. Par contre, nous mettons à disposition de la communauté universitaire un guide pas à pas pour permettre à chaque structure de réaliser directement ce travail. Chaque laboratoire peut s’en saisir et constituer son propre baromètre, connaître le niveau d’ouverture de ses publications et son évolution dans le temps et ainsi cerner quels sont ses leviers d’amélioration.

Le baromètre de la science ouverte à l'Université de Strasbourg

Dossier | Science ouverte : une dimension incontournable

Le mouvement de la science ouverte qui vise à diffuser librement la recherche scientifique afin de la rendre accessible à tous est l’un des grands enjeux du 21e siècle pour l’enseignement supérieur et la recherche. Au travers de différents initiatives, l'Université de Strasbourg cherche à favoriser le partage et la réutilisation des savoirs, afin de favoriser le débat public et de promouvoir un choix démocratique dans le domaine de la science. En ouvrant la démarche scientifique à toutes les étapes des projets de recherche, elle soutient les actions engagées et citoyennes de l’ensemble de sa communauté.

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