Par Elsa Collobert | Caroline Laplane | Lou Schillinger
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« La science ouverte est aujourd’hui une dimension incontournable de la science »

Rémi Barillon a pris la suite de Catherine Florentz dans l’équipe de Michel Deneken. Dans l’escarcelle du vice-président, la recherche et la formation doctorale, mais aussi la science ouverte, qui fait son apparition dans l’intitulé de son mandat. On fait le point sur ses priorités avec ce physico-chimiste, ancien directeur de l’Institut pluridisciplinaire Hubert-Curien (IPHC).

Vous avez pris la vice-présidence de la recherche depuis un peu plus d’un an. Que tirez-vous de cette première période ?

Quand Michel Deneken m’a proposé cette vice-présidence, j’ai vu l’opportunité de montrer tout l’attachement que j’ai pour mon université et la fierté d’y appartenir.

Après, j’ai eu besoin de toute une année pour saisir l’ampleur de la tâche ! Pour le physico-chimiste que je suis, le caractère interdisciplinaire de la recherche à l’université est vraiment enrichissant. J’apprécie aussi le travail en équipe, en particulier avec les vice-présidents délégués, les chargés de mission et l’équipe administrative de la Direction de la recherche et de la valorisation.

Je m'inscris dans la continuité de Catherine Florentz

L’action que je compte mener se situe dans la continuité de celle de Catherine Florentz, avec un focus marqué sur la science ouverte, un effort de simplification des appels à projets, et un soutien particulier aux plateformes. Concernant l’Idex, je reste vigilant sur son inclusivité : ces fonds doivent soutenir toutes les disciplines et être ouverts à tous, en se basant avant tout sur des critères d’excellence.

Quelle place pour les Instituts thématiques pluridisciplinaires (ITI), mis en place en janvier 2021 ?

Avec cette innovation, nous récoltons les fruits d’un choix fort fait sur l’interdisciplinarité, et ce depuis plusieurs années. Tous les domaines sont représentés parmi ces quinze structures.

Nous venons de mettre en place des comités de suivi, afin de les accompagner dans leurs actions.

Les ITI contribuent à l’attractivité du site strasbourgeois, que fait vivre aussi le travail en synergie avec nos partenaires du CNRS et de l’Inserm. Ces instituts sont aussi des outils de structuration et de mutualisation de la recherche et de renforcement du lien entre formation et recherche.

La science ouverte fait son apparition dans l’intitulé de votre mandat…

C’est aujourd’hui une dimension incontournable en science. Qui doit d’ailleurs irriguer la formation des étudiants à tous les niveaux, selon les principes Fair (Findable, Accessible, Interoperable, Reusable).

Sur le volet de la mise à disposition des publications, nous sommes bien avancés : notre propre archive ouverte UnivOak est en place depuis 2016, avec obligation pour les chercheurs du site strasbourgeois d’y verser leurs travaux depuis le 1er janvier 2020. Elle est rentrée dans les habitudes de 56 unités de recherche sur 70 : c’est bien, mais il reste une marge de progression !

Prochain chantier, mené celui-ci au niveau national : le projet Recherche Data Gouv, spécifiquement dédié à la mise en place de services pour les données de la recherche, dont un entrepôt de données. Un comité de pilotage est en place.

Où en est-on sur ce dossier de la labellisation des plateformes ?

Outils de soutien à la recherche, les plateformes témoignent de notre haute technologie et valeur ajoutée, gages d’attractivité. Le projet Cortecs de cartographie et de labellisation est très bien avancé : 44 plateformes ont déjà obtenu le label de niveau 3 (le plus avancé), 115 ont fait une déclaration d’intérêt, toutes disciplines confondues. Un important travail a été mené pour définir une offre de services fiables et auditables, dans une perspective de mutualisation.

Pallier la logique court-termiste actuelle

Un gros point de vigilance, toutefois, à noter, quant à leur financement : leur déploiement nécessite d’importants investissements sur le long terme, incompatible avec la logique court-termiste de la plupart des appels à projets actuels et les montants obtenus lors du dernier Contrat de plan Etat-Région (CPER). Pour cette raison, dans la même logique de simplification évoquée plus haut, les plateformes déjà labellisées ont automatiquement la garantie d’être soutenues par l’Idex, sans devoir repasser par la case « appels à projets ».

Vous souhaitez simplifier les appels à projets. Pourquoi et comment ?

Aujourd’hui, les chercheurs passent de plus en plus de temps à monter des dossiers de candidature afin de recevoir des fonds car nous avons de moins en moins de crédits récurrents. Ce fonctionnement nous est imposé par nos financeurs. Les jurys exigent également la mobilisation d’experts, de plus en plus difficiles à trouver.

Nous travaillons donc à une simplification des procédures, quand c’est possible. Par exemple, nous avons regroupé certains appels à projets pour faire des économies d’échelle. Ou bien, concernant les jeunes chercheurs, quand ils candidatent à l’appel à projets Attractivité, on ne refait pas un jury avec des experts extérieurs. En effet, ils viennent d’être recrutés avec une procédure très sélective, qui suffit à prouver leur valeur scientifique.

Quelle est votre vision sur l’ouverture à la société ?

Elle est indispensable, et les relations nouées avec mes homologues en charge des relations sciences-société, Mathieu Schneider, et monde socio-économique, Michel de Mathelin, sur de nombreux projets (Opus, Cortecs, Oscahr…) en témoignent.

La pandémie en a encore accru l’importance de renouer les liens distendus de la confiance entre citoyens et scientifiques.

L’équipe de Rémi Barillon

Vice-présidents délégués

  • Valérie Lamour, vice-présidente déléguée Secteur Vie et santé
  • Julien Penin, vice-président délégué Secteur Droit économie-gestion
  • Annick Dejaegere, vice-présidente déléguée Formation doctorale

Chargés de mission science ouverte

  • Julie Thomson (en charge de la partie Données et ouverture des données de la recherche)
  • Jérôme Pansanel (en charge de la partie Infrastructures et services pour les données de la recherche)
  • Adeline Régé (en charge de l’OPen Access)

Biographie express

Originaire de Montbéliard, Rémi Barillon est vice-président Recherche, formation doctorale et science ouverte depuis un an. Après avoir effectué ses études supérieures à l’Université de Franche-Comté, il est nommé maître de conférences à Strasbourg en 1996. Il a été co-porteur de la licence mention Chimie en 2005, dans le cadre de la réforme Licence-master-doctorat (LMD). Un an plus tard, il devient professeur à la Faculté de chimie et mène ses activités de recherche à l’Institut pluridisciplinaire Hubert-Curien, qu’il a dirigé de 2018 à 2021. Il est élu au conseil de la Faculté de chimie à trois reprises et devient membre du bureau en charge de l’insertion professionnelle de 2008 à 2013.

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