Par Elsa Collobert
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22 % d’économies d’énergie réalisées la saison passée

Combinées, les mesures de sobriété énergétique, les travaux de rénovation du bâti et d’optimisation des systèmes de pilotage, ainsi que les comportements vertueux des usagers, ont permis d’alléger la facture de fluides (chauffage et électricité) pour l’université en 2023. L’objectif affiché de 10 % de baisse des consommations a même été dépassé !

Pourquoi ? Comment ?

Quelle économie sur la consommation d’énergie ?

Entre l'année 2021-2022 et 2022-2023, nous sommes passés d'une consommation de 105 000 MWh - chauffage et électricité confondus - à 81 000 MWh, détaille Arthur Sürig, économe de flux (rattaché à la Direction du patrimoine immobilier-DPI). Soit un gain net de 24 000 MWh. C'est l'équivalent de la consommation électrique annuelle d'une ville de 10 000 habitants, tient à rappeler Nicolas Matt, vice-président Patrimoine.

Nous avons évité l'équivalent de la consommation électrique annuelle d'une ville de 10 000 habitants

Les deux périodes concernées s'étalent de juin à juin, avec une prise en compte à chaque fois de la période hivernale. D'une année sur l'autre, nous avons réalisé 10 % d’économies pour l'électricité ; 30 % pour le chauffage. Soit au total 22 % d'économies, reprend Arthur Sürig. Pour parvenir à ce résultat, nous avons mis les données brutes de consommation en perspective d’autres facteurs. Ils ont notamment été lissés par rapport à la prise en compte de la rigueur climatique des deux périodes : 2022-2023 ayant été globalement plus douce que l’année précédente, le besoin de chauffe a été légèrement moindre. Face à cela, l'augmentation des surfaces à chauffer, avec notamment l'entrée en service du Studium fin 2022 (+ 24 000 m2 au total pour tout le parc immobilier), pèse dans la balance.

Pourquoi cet objectif ?

L'hiver 2022-2023 a été qualifié de « test », guidé par des impératifs de sobriété énergétique, encadrés notamment par l'adoption fin 2022 d'un plan dédié et d'une feuille de route.

L’État (qui reste propriétaire de la majorité des bâtiments de l'université) nous a aussi fixé un objectif chiffré de réduction de 10 % de nos consommations d'ici 2024 (avec pour année de référence 2019), rappelle Pauline Farcis-Morgat, directrice adjointe de la DPI. Nous avons seulement pris un peu d'avance.

Comment y est-on arrivés ?

Il s'agit d'une combinaison de plusieurs facteurs. La saison passée, les mesures de sobriété énergétique – baisse du chauffage à 19 degrés ; diminution de la période de chauffe avec un allumage plus tardif, au retour des congés de la Toussaint ; fermeture de deux semaines supplémentaires en hiver – ont été couplées à une campagne de sensibilisation aux écogestes, orchestrée par le Service de la communication et la mission Développement durable & responsabilité sociétale (DD&RS). Sans oublier tous les fruits récoltés grâce aux opérations de la DPI menées sur le temps long, investissements pour améliorer les performances énergétiques de nos bâtiments et le pilotage de nos systèmes de chauffage et d’électricité, pour une consommation de fluides optimisée, souligne Pauline Farcis-Morgat.

Je tiens à féliciter les usagers pour l’adaptation de leurs comportements, ainsi que les agents des directions techniques et du patrimoine qui ont été à la manœuvre, complète Nicolas Matt, vice-président Patrimoine.

Quelle répercussion sur la facture ?

Si le gain net en termes de consommation est loin d'être négligeable – Ce sont 4 millions d’euros qui n'auront pas été dépensés, applaudit Nicolas Matt –, le gain ne se répercute pas forcément en espèces sonnantes et trébuchantes.

Des contrats de fluides renégociés dans un contexte plutôt défavorable à l'université

La faute à un renchérissement des prix de l'énergie sur le marché en 2022, alors même que l'université a dû cette année-là renégocier ses contrats pour 2023, dans un rapport de force qui lui était plutôt défavorable, souligne Anne-Catherine Norberti, Directrice générale des services adjointe-DGSA en charge des ressources. Il est aussi complexe d’établir des prévisions arrêtées pour 2023, les factures de novembre et décembre n'étant pas encore tombées. On ne compare donc pas les mêmes périodes. On peut toutefois tabler sur un différentiel comptable moindre qu’annoncé initialement – 30 millions d'euros plutôt que 35.

Et pour la suite ?

Alors que 80 % des bâtiments seront fermés pendant la quinzaine des congés de fin d’année, lors de la semaine de reprise (8 au 12 janvier 2024), 30 % des bâtiments resteront fermés, pour poursuivre sur la lancée de l'année dernière. Ils seront pour moitié fermés lors de la semaine des congés d’hiver, du 4 au 8 mars 2024.

Les installations sont mises en hors gel, mais pas coupées totalement, précise Arthur Sürig. Les coupures de l'hiver passé ont eu un autre corollaire positif : Permettre d'identifier et de corriger certains dysfonctionnements, qui jusqu’à présent passaient sous les radars, certains équipements fonctionnant en continu toute l'année.

A plus long terme, nous allons poursuivre nos opérations de rénovation et d'optimisation du bâti, reprend Pauline Farcis-Morgat. Toutes les échelles sont concernées, du changement de fenêtres (actuellement en cours à l'Institut de physique) au remplacement des mâts d'éclairage extérieur pour des systèmes LED moins gourmands (en cours dans les jardins historiques), la rénovation des chaufferies et des centrales de traitement d'air, en passant par l'installation de capteurs, de nouveaux thermostats ou encore de compteurs, pour un pilotage plus fin et la mise en place de stratégies locales de gestion des flux. Des tests sont actuellement en cours à l'École européenne d'ingénieurs en chimie, polymères et matériaux (ECPM) pour récupérer l'énergie perdue lors des expériences sous sorbonne et la réinjecter dans le système de chauffage. Une piste innovante et très prometteuse. L'idée est aussi de poursuivre le raccordement de notre parc au réseau de chauffage urbain, qui pour le moment n'alimente que la moitié de nos bâtiments, essentiellement à l'Esplanade, dans le secteur de l'hôpital et sur le campus historique (le reste étant raccordé au gaz).

Jusqu'à présent, ces travaux ont été menés dans le cadre de l’Opération campus, et se poursuivent sous forme d'opérations ponctuelles type Relance ou Résilience. Mais l'Etat doit nous donner les moyens de nos ambitions, avec un besoin total estimé à 800 millions d'euros, insiste Nicolas Matt.

L'université face au(x) défi(s) de la transition socio-écologique

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