Par Elsa Collobert
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Économies d’énergies : les seigneurs des données

Monitorer les consommations d’eau et d’énergie, piloter à distance les installations de traitement d’air, orienter une décision de baisse du chauffage grâce à des données fiabilisées… Ces missions-clés, et à l’importance croissante, sont concentrées au sein de la Direction du patrimoine immobilier (DPI). Et assurées notamment par Arthur Sürig, économe de flux depuis 2022, et Julien Laurain, automaticien depuis dix ans.

Capteurs, actionneurs, moteurs de ventilation, vannes de régulation de chauffage… Mais surtout, des tableaux Excel : tels sont les outils de travail quotidiens d’Arthur Sürig et Julien Laurain.

Cela m’arrive de me déplacer sur le terrain, chaufferies ou centrales de traitement d’air, indique Julien Laurain, ingénieur en automatisme. Mais vous le trouverez plus souvent derrière son ordinateur, à surveiller cartes, graphiques de consommation de flux ou colonnes de chiffres, sur le logiciel GTC (Gestion technique centralisée) conçu en interne et qu’il a contribué à mettre en place, souligne-t-il non sans fierté.

Pilotage à distance

La GTC, qui compte aujourd’hui 200 utilisateurs, offre une granulométrie très fine de toutes les consommations de fluides – électricité, gaz, traitement d’air, notamment pour les sorbonnes… – à l’échelle des bâtiments du parc immobilier géré par la DPI, soit 85 % des installations principales de chauffage et 40 % des installations de ventilation, explique-il, tout en zoomant sur une centrale de traitement d’air du 3e étage du Pege.

Maintenir de façon optimisée les 153 bâtiments et 580 000 m2 de l’Unistra
 

On peut suivre la consommation en temps réel et configurer à distance : programmer par exemple une mise hors gel pendant les trois semaines des congés de Noël, et une remise en route progressive le vendredi précédent, pour que vous ne reveniez pas le lundi dans un bureau glacial ! De quoi gagner du temps pour maintenir de façon optimisée les 153 bâtiments et 580 000 m2 de l’Unistra ! Mais aussi stabiliser le montant de la facture, alors que les coûts des fluides augmentent. Bien sûr, ce n’est pas une science exacte : « Il peut y avoir des ratés ! »

Autant de données très utiles, notamment pour détecter des fuites. Mais pas suffisantes, pour Arthur Sürig. Il me manque une vue d’ensemble. Dans mes activités dédiées à assurer un suivi et une gestion efficaces des consommations de fluides, je me suis jusqu’à présent plutôt basé sur les factures d’énergie. C’est ainsi qu’il a pu estimer le chiffre de 22 % d’économies réalisées la saison dernière. Mais cette méthode a ses limites : On reçoit les données de façon décalée dans le temps, ce qui fait qu’on ne peut être réactifs pour corriger le tir, par exemple. On est aussi obligés de faire des calculs au prorata par mètre carrés, alors que dans les faits, les consommations peuvent être très variables d’un lieu à l’autre.

Privilégier la durabilité et faciliter la maintenance

Avec une installation de capteurs débutée en 2009 – une décision plutôt novatrice à l’époque –, l’obsolescence de certaines installations se fait déjà sentir, ce qui limite aussi leur mise en réseau – ce qu’on appelle le smart-grid, souligne Julien Laurain. On les change au fur et à mesure. D’autant que ce déploiement a été un temps interrompu, compte tenu de la charge opérationnelle générée par l'Opération campus. Sur certains éléments, on revient aussi à une forme de low-tech, comme la variation de l’éclairage, par exemple. Il faut privilégier la durabilité et la facilité de maintenance des équipements, explique celui qui, avant d’être recruté par l’Unistra, y intervenait comme prestataire. Aujourd’hui, j’ai encore beaucoup de relations avec ces intervenants extérieurs, sans qui on ne pourrait pas assurer cette tâche tentaculaire ! Arthur Sürig apprécie aussi ce travail en réseau : Je suis le seul économe de flux de l’université, mais je travaille avec tout un tas d’interlocuteurs, notamment la mission DD&RS de l’université.

Ingénieur thermicien, avec un profil junior, il a été recruté sur un poste mutualisé à l’échelle du contrat de site, dans le cadre du Schéma directeur DD&RS. Avec Julien, on n’a pas forcément besoin de se voir tous les jours, mais nos missions sont complémentaires. Je l’ai beaucoup sollicité à mon arrivée, pour comprendre le fonctionnement de l’université ! Comme on travaille dans le même bureau, on a très souvent l’occasion d’échanger, même de façon informelle. A terme, passée cette première étape de diagnostic, la mission centrée autour des économies d’énergie va pouvoir se déployer : Un recrutement est en cours, pour ajouter à l’équipe une personne chargée de sensibilisation sur cette thématique.

L'université face au(x) défi(s) de la transition socio-écologique

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