Par Elsa Collobert | Marion Riegert
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Ils ont vécu les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 de l’intérieur

Athlètes, bénévoles, représentants de fédérations ; plusieurs étudiants et enseignants de l’Université de Strasbourg étaient présents à Paris pour les Jeux olympiques et paralympiques 2024, cet été. Ils nous racontent leur expérience « inoubliable ».

« Dans le stade, c’est encore plus fort, tout résonne, tu sens que tout ce bruit est focalisé sur toi »

Teura Tupaia, 24 ans, lanceur de javelot, en troisième année de licence Sciences et techniques des activités physiques et sportives

Premier et seul Français qualifié pour les Jeux olympiques en javelot depuis 20 ans, blessé au coude, Teura Tupaia est éliminé lors des qualifications le 6 août 2024 :

« Je suis entré au village olympique à J-2. On était dans de supers bonnes conditions. Les échanges étaient facilités avec les autres athlètes via des pins que nous pouvions échanger, ce qui permettait d’engager la conversation. J’ai pu voir des athlètes célèbres comme le handballeur Nikola Karabatic. C’était un très bon moment. Les lits en carton, ce n’est pas un mythe ! Mais ce n’est vraiment pas le matelas le plus confortable (rires).  Les nuits étaient compliquées… J’ai gouté les fameux muffins qui font le buzz, c’est bon mais un peu écœurant !!

Le soir de mon arrivée au village, je suis allé m’imprégner de l’ambiance du stade, j’ai vu l’engouement derrière les athlètes, et encore plus les Français, c’était magique. J’étais aux championnats d’Europe un mois et demi avant, mais je n’ai jamais vécu ça.

J’espère prendre ma revanche dans quatre ans

Le jour des qualifications, dans le stade, c’est encore plus fort, tout résonne, tu sens que tout ce bruit est focalisé sur toi. Le public est incroyable, des jeux c’est ce que j’ai retenu le plus. Malheureusement, j’étais blessé, niveau mental, niveau moral, il fallait serrer les dents. Durant les lancers, ma blessure s’est aggravée. J’ai été éliminé, ça a été dur moralement de finir la saison comme ça, j’aurais aimé arriver avec mon plein potentiel. C’est les aléas du sport, j’ai été opéré et je suis maintenant en convalescence. Mais j’espère prendre ma revanche dans quatre ans. J’y ai pris gout, j’ai envie de le revivre encore et encore jusqu’au jour où je ne pourrai plus. »

« Je me doutais que ce serait une expérience inoubliable, et ça l'a été ! »

Elna Delhopital, 18 ans, bénévole au service aux spectateurs, étudiante en 2e année à la Faculté de géographie

Fan de sport, Elna Delhopital a candidaté pour être bénévole aux JO : une expérience aussi humaine que formatrice !

« Quand j’ai candidaté pour être bénévole aux JO, c’était en avril 2023, j’étais encore au lycée. J’étais dans la liste des "remplaçants", donc pour moi je n’allais pas être prise. Mais fin mai 2024, j’ai reçu une réponse positive : je n’y croyais pas ! Je me doutais que ce serait une expérience inoubliable, et ça l'a été !

Je pratique beaucoup de sports : la course à pied, le skate et l’équitation, je suis licenciée de cette dernière fédération, ça a dû peser dans la balance pour ma candidature. J’ai eu un pré-poste à Versailles mais finalement j’ai surtout été mobilisée à la Concorde, d’abord pour la cérémonie d’ouverture, puis les épreuves de sport urbain.

Une ambiance de feu !

Il y avait une ambiance de feu : des DJ, et une haie d’honneur pour la sortie des spectateurs tous les soirs ! Tout le monde avait le smile. Placer et orienter le public, scanner les billets… Je changeais de poste tous les jours. Comme on était une grosse équipe de 800 bénévoles, je n’étais jamais avec les mêmes personnes. J’étais la plus jeune, mais j’ai quand même bien sympathisé avec une autre bénévole de 35 ans, elle aussi de région parisienne. Comme on était surtout en contact avec des étrangers, on parlait tout le temps anglais : d’un petit B1 au départ, mon niveau d’anglais a explosé !

L’ambiance était intense. Pendant quinze jours, j’ai été mobilisée six jours sur sept, parfois sur des journées de 10 h et en remplacement de dernière minute. Les transports sur place étaient pris en charge, mais pas le logement : il fallait que chacun se débrouille par ses propres moyens. C’était beaucoup d’énergie mais si c’était à refaire, je n’hésiterais pas ! »

« Des jeux historiques en tennis de table »

Gilles Erb, 56 ans, président de la Fédération française de tennis de table (FFTT), est enseignant à la Faculté des sciences du sport

Ancien doyen de la Faculté des sciences du sport, Gilles Erb a vécu les JO avec l’équipe de France composée de huit joueuses et joueurs et deux coachs, sans oublier un staff d’une trentaine de personnes.

« En tennis de table, nous avons vraiment fait des jeux historiques avec deux médailles de bronze, sachant que de toute notre histoire nous n’avions obtenu que deux médailles. Vivre cet événement de l’intérieur, c’est exceptionnel, avec une équipe de France très jeune qui a su répondre aux attentes, et des champions devenus populaires comme les frères Lebrun. La pression était bien sûr très forte mais nos champions ont su l’apprivoiser. Il a fallu s’acclimater à la ferveur du public et petit à petit les Français sont montés en puissance.

Le tennis de table a pris une autre dimension

Le tennis de table a pris une autre dimension, devenant une discipline phare des JO. Aujourd’hui, il y a un engouement incroyable pour le tennis de table, Décathlon a par exemple vendu 87% de raquettes en plus au mois d’août. Lors de ses portes ouvertes, le club de Montpellier a reçu plus de 300 enfants contre une vingtaine d’ordinaire. J’ai été soutenir également les Français en début de semaine aux Jeux paralympiques, mais il faut savoir qu’ils sont sous l’égide de la fédération handisport, c’est une particularité française.

De manière plus générale, les JO étaient magiques, riches en émotions. Paris s’est transformée en un immense stade à ciel ouvert avec des sites iconiques. Je retiens notamment les 45 000 volontaires qui ont apporté un plus dans l’expérience des spectateurs. C’était à la fois une grande réussite dans l’organisation et une ferveur populaire incroyable dans Paris. »

« Une parenthèse enchantée ! »

Stéphanie Priester, 55 ans, bénévole au service aux spectateurs, professeure agrégée à la Faculté des sciences du sport

Stéphanie Priester a fait partie des 45 000 bénévoles mobilisés pour les Jeux olympiques, dont elle revient des étoiles plein les yeux et avec le souvenir d’un grand moment de ferveur populaire.

« Je garderai de ma participation aux JO le souvenir d’un moment unique, une parenthèse enchantée et hors du temps, en marge du monde tel qu’il est. Ce qui m’a le plus marqué, ce sont les rencontres, toutes plus riches les unes que les autres. D’abord avec les autres bénévoles : nous étions une équipe d’une vingtaine de volontaires venus du monde entier (Europe, mais aussi Algérie, Malaisie, Japon)… Des étudiants, des retraités, une personne en situation de handicap : une belle diversité représentée au moment d’accueillir et de diriger les spectateurs. Ensuite, les rencontres avec les spectateurs étaient aussi joyeuses. Tout le monde était souriant, l’enthousiasme communicatif. Une belle ambiance de fraternité et d'humanité !

J’ai été mobilisée huit jours à Roland-Garros, pour le tennis essentiellement, mais aussi pour les finales de boxe, et deux jours en renfort au Parc des princes, pour le football. Au tennis, j’ai eu la chance d’assister au 2e tour entre Djokovitch et Nadal depuis la tribune, où je venais de placer les gens. C'était un match de très haut niveau. Bon, ce n’était pas toujours aussi trépidant, car parfois j'étais aussi dans la rue pour accueillir les spectateurs, ou à l'accueil pour scanner des billets.

Comme j’enseigne la natation, j’avais pris mes places pour la finale du 400 m 4 nages de Léon Marchand. L’ambiance parmi les supporters français était incroyable. C’est là, dans les premiers jours, que j’ai pris conscience de la ferveur populaire du moment ! Mais l'évènement que j'ai trouvé le plus spectaculaire, c’était le pentathlon à Versailles : un cadre historique grandiose. Enfin, comme j'enseigne aussi l'histoire du sport à la faculté, j’en ai profité pour visiter les expositions de grande qualité proposées dans Paris. Ça faisait vraiment plaisir de voir la place accordée au sport dans notre pays !

J’aurais beaucoup aimé pouvoir compléter cette expérience aux Jeux paralympiques. Mais, rentrée oblige... Je me console en regardant les épreuves à la télévision ! »

Jules Ribstein, un alumni en or

Paratriathlète, grand favori de ces Jeux paralympiques de Paris 2024, Jules Ribstein a décroché la médaille d’or sur l’épreuve de paratriathlon dans sa catégorie, PTS2, lundi 2 septembre.
Le licencié de l’ASPTT Strasbourg, 38 ans et déjà quadruple champion du monde, est alumni de l’Université de Strasbourg : il est diplômé d'une licence de la Faculté des sciences du sport (F3S) en 2009.

A l'Unistra, un statut pour concilier études et sport de haut niveau

A l'Université de Strasbourg, les étudiants pratiquant une activité sportive à un haut niveau peuvent concilier leur pratique sportive avec les études supérieures en demandant le statut d'étudiant sportif de haut niveau.

Le statut procure plusieurs avantages, comme la mise en place d'un plan de formation individualisé, l'aménagement du parcours de formation en fonction des contraintes d'entrainement et de compétition pour les TD, TP et examens, la possibilité de dispense d'assiduité, l'obtention de crédits ECTS à travers l'UE sport de haut niveau à partir de la L2.

Qui peut obtenir ce statut ?

- Tous les sportifs inscrits sur les listes de sportifs de haut niveau du ministère des Sports
- Les sportifs jouant dans les équipes de sports collectifs évoluant dans les trois premières divisions nationales
- Les sportifs inscrits dans les Pôles et centres régionaux d'entrainement du CREPS de Strasbourg
- Les sportifs justifiant d'un niveau de pratique de haut niveau national (championnats de France élite, 1ère division...)

Les étudiants sportifs de haut niveau ont fait leur rentrée jeudi 5 septembre, avec une réunion dédiée en amphithéâtre Cavaillès.

Ils étaient 205 en 2023-2024.

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