Charlotte Lutz, espoir du tennis de table français : « Je joue pour gagner »
Série Objectif JO #9. Chez les Lutz, le tennis de table est une affaire de famille ! Charlotte, 18 ans et 72e au classement mondial, est en lice pour la qualification aux Jeux olympiques (JO), tout comme sa sœur aînée, Camille, elle aussi en équipe de France. Rencontre, entre deux avions, avec la sportive de 18 ans, qui a mis cette année ses études sur pause pour se concentrer sur le plus haut niveau.
Corée du Sud, Singapour, Düsseldorf, Tunisie, Monténégro, Paris, Arabie Saoudite… Avec, parmi tous ces déplacements, un petit atterrissage à Strasbourg, le temps d’un stage technique au Creps. Ces dernières semaines ont été bien chargées pour Charlotte Lutz, entre compétitions qualificatives pour les JO, tournois jeunes et représentations officielles.
Depuis ses 13 ans, elle mène tambour battant une carrière qui l’a menée au plus haut niveau, tant en simple que par équipe. Ses 18 médailles – dont le doublé bronze européen par équipe et vice-championne de France senior pour la seule année 2023 ; vice-championne du monde U19 par équipe et double l’année précédente – en feraient presque oublier qu’elle n’a que 18 ans. Particulièrement brillant dans son palmarès : le bronze remporté par équipe lors des derniers championnats du monde, qui se sont déroulés à Busan, en Corée du Sud, fin février dernier. Une médaille historique, que la France attendait depuis 33 ans.
Compétitrice par nature
J’ai eu la chance de trouver mon sport tout de suite
Alliant rapidité, concentration, prise de décision rapide, la rencontre avec le tennis de table a été un véritable coup de foudre pour Charlotte : J’ai eu la chance de trouver mon sport tout de suite
. Déjà pratiqué par plusieurs membres de sa famille, elle s’y met dans la foulée de sa grande sœur, Camille : On a commencé à jouer à Hochfelden, notre ville d’origine
, se souvient celle qui est aujourd’hui licenciée au SU Schiltigheim. Je suis agressive de nature, je suis enjouée, j’ai la voix qui porte. Le tennis de table permet d’exprimer tout ça.
Classée 72e mondiale, elle évolue en équipe de France aux côtés de Camille, de trois ans son aînée (classée elle 102e)* : « On est toutes les deux en équipe de France, mais finalement, on ne se voit pas tant que cela. » Évoluant toutes les deux dans des équipes différentes, elles s’affrontent en championnat de France. « On a parfois du mal à se dire qu’on est adversaires. » Ainsi, aux derniers championnats de France, fin mars dernier à Montpellier, l'affrontement des deux sœurs en finale a vu l'aînée remporter la médaille d'or. Sans rancune pour Charlotte : « Je ne pourrais pas avoir une meilleure sœur qu’elle », a-t-elle posté sur son compte Instagram quelques heures plus tard. Elle y remercie régulièrement sa famille et le staff technique pour leur soutien.
« Je ne veux plus perdre »
Un grand intérêt pour les langues, né lors des compétitions internationales
Charlotte n'en reste pas moins guidée par l’envie de gagner : loin de se reposer sur ses récents lauriers, une victoire en double mixte U19 avec Flavien Coton au Youth Star Contender Tunis (début février) et une place de finaliste WTT Youth Star Contender Podgorica (mi-avril) elle déplore : « J’ai enchainé pas mal de déceptions ces derniers temps, comme les défaites au premier tour en simple et en quart en double au WTT Feeder Düsseldorf, ou une sous-performance Grand Smash Singapour ». Mais, loin de baisser les bras, « je reviendrai encore plus forte pour le titre », poste-t-elle sur Instagram après sa deuxième place au championnat de France. « Je ne veux plus perdre. » La sélection pour les JO, elle le considère avant tout « comme un challenge et une occasion de performer en individuel ».
Équipe soudée
Philosophe, elle raconte l’évolution de son regard sur le milieu du tennis de table en compétition : « J’ai fait le tri autour de moi, pour n'être entourée que de personnes de confiance. C'est quelque chose qui s'apprend, je ne m’en rendais pas compte à mes débuts ». Avec les quatre autres filles de l’équipe de France, dont sa sœur, elles forment un groupe soudé : « Notre coach nous rappelle tous les jours qu’on est adversaires. Mais on s’entend très bien, on fait en sorte de se dire les choses, pour ne pas que la rancœur et les tensions prennent le dessus. » Une confiance mutuelle « qui nous tire toutes vers le haut ».
Depuis que je suis majeure, en mai 2023, j’ai la chance d’être rémunérée pour jouer mon sport.
Elle a aussi signé un contrat d’un an avec son club et des sponsors. De quoi financer les nombreux déplacements autour du globe. Pour autant, elle ne perd pas ses études de vue : J’ai choisi de m’inscrire en licence Langues, littératures et civilisations étrangères et régionales (LLCER) Anglais cette année, après un baccalauréat passé sans retard et en présentiel
. Concentrée cette année sur la qualification aux JO, elle ne suit pas les cours mais le rythme va se ralentir une fois que l’échéance Paris 2024 sera passée
.
Tourisme, immobilier… Les portes restent ouvertes pour son futur projet professionnel, même s’il n’est pas facile de se projeter à son âge. J’aime aussi tout ce qui est droit privé, mais aussi enquêtes de police...
Au gré des déplacements et soutenue par son enseignante d’anglais au lycée, elle s’est découvert une passion pour les langues. J’aimerais continuer dans cette voie.
Pour l’heure, elle reste concentrée sur son objectif : Aller chercher des choses encore plus belles à chaque compétition
.
* Classements établis au 14/05/2024
La série Objectif Jeux olympiques
Analyses de chercheurs, portraits d’étudiants sportifs… pour patienter en attendant le début des Jeux olympiques et paralympiques d’été 2024, Savoir(s) le quotidien vous propose une série d’articles en lien avec cet évènement sportif qui se tiendra à Paris, du 26 juillet au 11 août puis du 28 août au 8 septembre 2024.
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