Par Elsa Collobert
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Hamza Alami aka Lazy Bullet, la passion du breakdance chevillée au corps

Série Objectif JO #1. Hamza Alami, 22 ans, a découvert le breakdance à la fin du collège, après avoir longtemps pratiqué la gymnastique. Grâce à un heureux concours de circonstances, celui qui sur scène s’appelle Lazy Bullet a aujourd’hui trouvé son équilibre en le pratiquant en parallèle de ses études d’ingénieur, et évolue au plus haut niveau universitaire de cette discipline récemment inscrite aux JO.

Plus qu'une pratique sportive ou une activité lui permettant de se maintenir en forme, pour Hamza Alami, le breakdance, c'est « une philosophie, un langage des mouvements. Ça m’a aussi aidé à dépasser ma timidité ». Impressionné par une démonstration à laquelle il assiste en dernière année de collège, il débute dans son coin, en suivant des tutoriels sur Youtube. « Tout juste si j'ai osé aller voir le groupe à la fin de la démo, pour leur demander comment s'appelait ce qu'ils faisaient ! »

Sa pratique de la gymnastique à haut niveau lui donne de bonnes bases pour la musculation, la souplesse et la gestion de son corps dans l'espace. « Une fois que j'ai bien appris à maîtriser les figures de base, et notamment le scorpion en premier (en équilibre sur les mains, comme sur la photo ci-contre), j'ai osé rejoindre un crew, celui que j'avais croisé au collège, qui pratiquait dans la rue. » Lui qui grandit dans un milieu plutôt aisé, au Maroc, se heurte à l'incompréhension de sa famille face à cette nouvelle pratique. « Au début, mes parents l’ont vu d’un mauvais œil, même s'ils m'ont toujours poussé à faire du sport. Ils auraient préféré que je me concentre sur mes études. » A force de détermination, il les convainc que les deux sont possibles, obtenant son baccalauréat puis un DUT, tout en consacrant de longues heures à s’entraîner pour sa passion. « Je n’avais jamais voyagé seul et participer à des battles m’a permis d'aller aux quatre coins du Maroc. » Il découvre le plaisir « d'accorder musique et danse, et l'esprit de groupe » qui règne parmi les breakdancers.

5e place aux championnats universitaires

Breakdancers ? Hamza corrige : B-boys. On parle d'ailleurs plutôt de b-boying aujourd'hui (en particulier aux Etats-Unis, le pays où est née la pratique, et plus précisément à New York, dans les années 1970). Il précise aussi : « Il ne faut pas confondre danse hip-hop et breakdance, ce dernier pouvant être considéré comme une branche du premier ». A l'origine, le hip-hop se pratique majoritairement debout, « et en break on est plus près du sol, avec des grandes familles de mouvements comme les freezes ou les powermoves ». Noémie Cordier, coach de danse au Service des sports, précise : Aujourd'hui ce qui les distingue, c'est essentiellement le style de musique sur lequel on danse.

Quand il rejoint Strasbourg pour ses études d’ingénieur à la Faculté de physique et d'ingénierie, en 2021, toujours aussi motivé, il passe une année à s'entraîner « dans une salle de (s)a résidence, qui fermait assez tôt, à 21 h. Seul, c’est plus difficile de se motiver ».

Liberté

Heureusement, coup de chance l'année suivante : Noémie Cordier est recrutée au Service des sports pour développer de nouvelles activités de danses individuelles, et notamment le breakdance ! Elle-même pratiquante de multiples styles (house, claquettes, danse africaine, contemporaine, capoeira, mais surtout breakdance !), et très proactive pour en faire la promotion, que ce soit à l'université ou dans le secondaire, elle accompagne et pousse Hamza, ainsi que la B-girl Kenza Hoareau-Vela-Lopez pour monter un groupe de pratique et aller jusqu'aux championnats universitaires, à La Réunion, en juin dernier. « Ça n’a pas été facile, il a fallu se battre pour obtenir des financements. » Ils en ont toutefois obtenu, de la part de la Faculté de physique et d'ingénierie et de l'ambassade du Maroc à Strabourg. La 5e place (sur 16) obtenue par Hamza lui prouve qu’elle a eu raison. « J’espère qu’il va aller encore plus loin cette année, même s’il est très humble et est prêt à céder sa place à un autre étudiant, pour la prochaine édition des championnats de France universitaires, en mai à Paris ! » « Ça me paraît normal que chacun ait sa chance », souffle le jeune B-boy.

Il continue à s’entrainer entre quatre et dix heures par semaine, selon le planning de ses cours, travaillant ses variations et ses passages (enchaînements plus ou moins complexes de mouvements et figures). « Je suis heureux d’avoir trouvé cet équilibre. » S'il se réjouit que le breakdance fasse son apparition au programme des prochains Jeux olympiques (lire l'encadré) - « c'est bien pour sa visibilité » -, il déplore tout de même que cette institutionnalisation « norme une pratique qui est assez loin de ça, ça l'enferme un peu dans une boîte. Alors que le breakdance c'est tellement plus, c'est la liberté ! »

Petit retour en images sur la performance de Lazy Bullet aux championnats universitaires

Nouvelle discipline au Service des sports… et aux JO !

En plus de s’inscrire au programme des prochains Jeux olympiques de Paris 2024 en tant que sport additionnel (en compagnie du surf, du skateboard et de l’escalade), le breaking a aussi fait son apparition parmi les nombreuses disciplines proposées au Service des sports de l'Unistra, depuis un an.

L'activité est portée par Noémie Cordier, elle-même B-girl et gagnante du battle B-Girl France sélection Alsace, en 2011. Elle encourage chacune et chacun à venir s'essayer au breakdance, sans a priori, « une activité qui loin de se résumer à reproduire une chorégraphie ou enchaîner des mouvements, laisse de la place à la créativité, à la musicalité, au partage, à l'expression de soi et de sa personnalité ».  Les séances ont lieu tous les mardis, de 16 h à 18 h.

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