Par Elsa Collobert
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« Intégrer le monde du handisport m'a aidée à m'accepter telle que je suis »

Série Objectif JO #3. A l'occasion des Jeux de Paris 2024, nous partons à la rencontre d'athlètes qui suivent en parallèle leurs études à l'Unistra. Première rencontre avec Solène Marczinski, 19 ans, qui pratique l'athlétisme à la fois dans les catégories valide et handisport, et espère bien se qualifier pour les prochains Jeux paralympiques (du 28 août au 8 septembre prochains), tout en suivant une première année de licence Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps).

Je suis née sans l'avant-bras gauche et dans ma famille cela n'a jamais été considéré comme une différence. Sauf qu'en grandissant, Solène ressent l'hostilité autour d'elle, en particulier parmi ses camarades de l'école primaire. J'ai vu mon handicap dans le regard des autres. Grâce à une amie, elle découvre l'athlétisme à 9 ans et s'y épanouit. Je viens d'une famille très sportive et j'ai fait du sport dès toute petite, d'abord de la gymnastique rythmique.

Poussée par les entraîneurs, elle commence la compétition, milieu dans lequel elle s'avère douée et commence à collectionner des titres, d'abord au niveau départemental. Quand on débute on s’essaye à toutes les disciplines de l'athlétisme : saut, lancer, course. J'ai commencé à me spécialiser dans cette dernière, 200 m et 400 m.

Aujourd’hui, titulaire de la double licence, elle évolue à la fois dans le circuit de compétition valide et handisport : Ça me tire vers le haut de me confronter aux filles plus fortes du premier. Et pour le deuxième, j'ai plus de chances d'y performer. Les compétitions handisport sont soumises à un système de comptage de point spécifiques, à la fois au niveau national et international (lire encadré).

Mettre à distance le regard des autres

Découvrir le handisport a été pour Solène une révélation : J'avais un regard négatif sur le handisport, qui avait pour moi une connotation péjorative. Finalement, y évoluer m'a permis de m'accepter telle que je suis, cette partie de moi, et de mettre à distance le regard des autres. Aujourd'hui elle en fait une force et même une revanche, elle qui a été l’objet de cyberharcèlement au collège, en raison de sa différence physique.

Génération 2028

Elle se qualifie pour ses premiers championnats de France en 2021, tremplin pour les championnats d'Europe. Je n'y allais pas pour performer au départ, mais j'ai kiffé. C'est alors que la perspective des Jeux devient envisageable : en septembre dernier, elle décide de tout revoir, programme d'entraînement et entraîneur, pour mettre toutes les chances de son côté. Je vais donner mon maximum pour faire les meilleurs temps et me qualifier. Mais si ce n'est pas cette fois ce sera la prochaine, la fédération parle de nous comme la "génération 2028". Après une petite semaine de pause, elle reprendra de façon intensive l’entraînement fin février. Les sélections s’étalent de mai à juin, et je saurai en juillet si je suis qualifiée pour les jeux.

Grâce à son statut de sportive de haut niveau, elle bénéficie d’aménagements pour ses cours en première année de licence Staps. Ils sont très arrangeants et à l’écoute, ce qui me permet de me libérer du temps pour les entraînements, quotidiens à bi-quotidiens, selon la période. Je n’ai pas encore les résultats de mon premier semestre, mais je sais déjà que si je n’obtiens pas ma première année, je pourrai la refaire en l’étalant sur deux ans. A terme, elle s’imagine, pourquoi pas, entraîner des athlètes, motivation qui l’a conduite à choisir la voie de la Faculté des sciences du sport.

Solène, qui se sent très soutenue par sa famille et sa sœur jumelle, Léa (elle aussi très sportive, elle pratique le football et la musculation), espère bien pouvoir décrocher sa place aux Jeux paralympiques et qu'ils seront tous là, dans les gradins, pour la soutenir : J'ai hâte d'y être !

Quelle prise en compte du handicap en compétition ?

Au niveau national, nous ne sommes pas assez nombreux dans chaque catégorie de handicap, explique Solène. Nous sommes donc rassemblés et départagés par un système de coefficients de points, prédéterminés par la gravité de handicap. Cela signifie donc que ce n’est pas nécessairement celle qui termine en tête de la course qui la remporte. Solène, qui court avec des personnes déficientes visuelles ou encore porteuses d’une Infirmité motrice cérébrale spastique (IMC) est classée T47, soit le degré de handicap considéré comme le plus faible dans ma catégorie, sur une échelle de 42 à 47.

Les choses sont différentes au niveau international, où les athlètes sont regroupés par type de handicap, donc je vais courir avec toutes les personnes à qui il manque un membre supérieur.

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