Par Evelyne Houel
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Favoriser la bibliodiversité

Le jeudi 28 novembre au Studium s’est tenu Vies de livres, un événement de réseautage professionnel organisé par le Service relations Alumni, dans le cadre de Strasbourg capitale mondiale du livre 2024. Il s’agit d’une initiative supplémentaire visant à renforcer le lien entre les différents maillons d’un secteur professionnel et favoriser une meilleure compréhension des enjeux. Un temps fort et riche en interactions pour les professionnels, étudiants et passionnés de livres qui interrogent leur avenir.

Le monde du livre traverse une période de turbulences. Éditeurs et libraires indépendants affrontent des défis économiques majeurs : inflation galopante, marges réduites, précarité généralisée et concurrence accrue du marché de l’occasion. À cela s’ajoutent les difficultés structurelles d’un secteur où la passion pour la littérature se heurte souvent à la réalité économique. On peut faire des livres, mais peut-on réellement en vivre ? La table ronde Quel avenir pour l'indépendance dans le monde du livre ? a exploré ce thème.

Les enjeux financiers et de diversité

Le livre occupe une place ambivalente dans notre société. Il est à la fois un produit artisanal, fruit de la passion et du savoir-faire, et un objet manufacturé qui doit trouver sa place sur un marché dominé par des logiques industrielles. Pour préserver cet équilibre, sensibiliser les lecteurs à la valeur culturelle et économique du livre apparaît essentiel.

Malgré les obstacles, l’indépendance reste un privilège : celui de défendre une liberté culturelle précieuse. Voir un livre sortir, toucher des lecteurs, marquer les esprits — voilà ce qui anime les professionnels du livre. Cette satisfaction unique donne un sens profond à leur engagement et justifie, pour beaucoup, les sacrifices consentis.

L’indépendance permet une bibliodiversité précieuse, mais elle exige une audace parfois difficile à soutenir La rentabilité reste une condition sine qua non pour la survie des librairies et maisons d’édition indépendantes. Pourtant, ce besoin de rentabilité ne doit pas compromettre la diversité des œuvres proposées. Cette tension met en lumière un paradoxe : l’indépendance permet une bibliodiversité précieuse, mais elle exige une audace parfois difficile à soutenir sur le plan financier. Pour répondre à ces défis, les acteurs du secteur explorent de nouvelles pistes, notamment le développement de partenariats ou la diversification des activités.

Une précarité solidaire

Dans ce contexte, de nombreux professionnels adoptent une approche multifacette : éditer, animer des ateliers, intervenir en tant que consultants, etc. Cette polyvalence peut être une réponse à la précarité, mais elle témoigne aussi d’une solidarité au sein de la profession. La mutualisation des efforts, l’échange de bonnes pratiques et la recherche de modèles alternatifs sont autant de moyens de bâtir un avenir plus stable.

 Pour assurer leur pérennité, les indépendants doivent adopter un rapport sain à l’investissement. Si l’engagement est une condition essentielle, le sacrifice ne doit pas devenir la norme. Il s’agit de préserver l’équilibre entre passion et viabilité, entre ambition créative et contraintes financières. La clé réside peut-être dans la diversification, ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, tout en gardant une ligne directrice claire.

Le futur de l’indépendance dans le monde du livre repose sur une approche collective et durable. Renforcer les partenariats entre éditeurs, libraires et lecteurs, promouvoir la bibliodiversité et sensibiliser à l’importance de soutenir les acteurs indépendants sont des impératifs. En somme, c’est en conjuguant passion, audace et pragmatisme que l’indépendance pourra continuer à faire vivre la richesse du livre.

Quel avenir pour l'indépendance dans le monde du livre ?

La table ronde a été organisée par le Service relations Alumni avec les Presses universitaires de Strasbourg, le Service des bibliothèques et la Faculté de lettres avec les intervenantes : Belfin Celik, responsable juridique et cessions, Éditions Caurette - Célia Ramonnet, éditrice freelance - Marie Marchal, éditrice - Éditions Gorge bleue et libraire à la Librairie Gutenberg - Francesca Ferrari, magasinière des bibliothèques, enseignante vacataire de BD. L’animation a été tenue par Muriel Frantz-Widmaier, éditrice freelance et enseignante.

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