Par Marion Riegert
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34 ans au service du Planétarium

Les sièges rouges seront troqués au profit du bleu, et le système numérique remplacé par un matériel dernière génération. Après 34 ans passés dans ses allées, Jean-Yves Marchal, médiateur scientifique au Jardin des sciences, quitte l’ancien planétarium de Strasbourg, pour un modèle plus moderne en cours de construction. Il revient sur les évolutions qu’a connu ce lieu, précurseur en son temps.

C’est un sentiment étrange, je suis à la fois triste de quitter l’ancien planétarium et heureux de pouvoir terminer ma carrière dans le nouveau. Nous sommes peu nombreux en termes de médiateurs à avoir expérimenté plusieurs générations de planétariums, raconte Jean-Yves Marchal qui rejoint l’aventure le 15 septembre 1988. Animateur de séances au côté de deux autres collègues, de planètes en comètes, l’astronome amateur qui n’a jamais raté une nuit des étoiles, prend en charge les événements et la communication de la structure.

Construit dans le bâtiment Est de l’Observatoire astronomique de Strasbourg, sur le pilier de la lunette méridienne de Cauchoix, le Planétarium est inauguré officiellement le 29 janvier 1981. Devenant ainsi le cinquième de France, et le premier du pays à être rattaché à une université et un observatoire astronomique.

Des fondus-enchainés manuels

Nous sommes alors dans la première génération de planétariums avec un système opto-mécanique américain appelé Spitz 512. Sous ce nom digne d’un film de science-fiction se cache une grande boule percée de trous chacun éclairé d’une lampe, projetant des étoiles sur le dôme-écran. L’environnement multimédia de l’époque se fait via un système de diffusion de diapositives. Les effets spéciaux sont effectués grâce à des projecteurs destinés à réaliser des nuages ou encore faire passer une comète.

Un système loin d’être une sinécure pour Jean-Yves Marchal obligé de jongler entre les boutons et les appareils. Animer une séance était parfois folklorique. Il fallait notamment veiller à démarrer la bande audio à un top bien précis pour qu’elle corresponde aux diapositives passées à la main. Nous faisions les fondus-enchainés manuellement à l’aide de curseurs… , explique le médiateur qui se souvient d’avoir changé plusieurs fois par mégarde l’ordre des planètes en intervertissant des paniers de diapositives.

« Elle est où la planète Arium ? »

Une quarantaine de spectacles différents sont diffusés par le Planétarium chaque année à destination du grand public mais aussi des scolaires. A cette époque, les planétariums sont peu connus, des enfants disaient en venant, elle est où la planète Arium ? Jean-Yves Marchal se souvient aussi de concerts réalisés dans la salle avec une quinzaine de musiciens. Ou encore de la Pierre de Lune empruntée par le planétarium et qui fit débarquer quelques agents de sécurité américains pour vérifier que tout était conforme.

Rattaché administrativement à l’Observatoire astronomique, le Planétarium bascule sous tutelle du Jardin des sciences à sa création en 2008. En 2014, le Spitz 512 donnant des signes de fatigue, le Planétarium passe à l’ère du numérique via un projecteur relié à un système informatique utilisant le logiciel Stellarium. De nouveaux spectacles programmés en interne sont proposés et le million de visiteurs dépassé.

A l’étroit

Mais dans la petite salle de 8 mètres de diamètres permettant d’accueillir 62 spectateurs, l’équipe se sent à l’étroit. Il y avait aussi un problème d’accessibilité. L’idée d’un nouveau planétarium commence à germer.

Comme au cinéma avec un dôme-écran de 15 mètres de large

Les travaux débutent en septembre 2020. Plus grand, le nouveau planétarium dispose de 138 places. La configuration hémisphérique est troquée au profit d’une disposition plus classique. Comme au cinéma avec un dôme-écran de 15 mètres de large.

Déjà fermé au public depuis le 6 novembre, après quelques séances à destination des scolaires, le planétarium actuel tirera définitivement sa révérence le 15 décembre à 17h. La salle de projection sera conservée pour des entrainements jusqu’au printemps prochain, après quoi, les locaux seront investis par l’Observatoire astronomique de Strasbourg.

Côté parcours

Jean-Yves Marchal réalise un Diplôme d'études universitaires générales (Deug) de physique option astronomie avant de faire une pause pour faire son service national, « pas trop loin du ciel », en météorologie. Il enseigne quatre années au profit de l’éducation nationale en tant que maitre auxiliaire en sciences physiques, équivalent des professeurs vacataires actuels. Passionné d’astronomie et de communication, Jean-Yves Marchal cofonde le club d’astronomie de la Maison des jeunes et de la culture Belle-Etoile à Epinal. En parallèle, il réalise des émissions astro en radio locale. Tout bascule en 1988, lorsque qu’Agnès Acker, fondatrice du Planétarium auprès de laquelle il avait obtenu deux stages dans des observatoires français durant ses études, lui annonce qu’un poste s’est libéré au Planétarium. Plus tard, grâce à la validation des acquis de l'expérience (VAE), il obtient un Diplôme d'études supérieures spécialisées de communication scientifique et technique. En reconnaissance de sa carrière, Jean-Yves Marchal est promu Chevalier dans l’ordre des Palmes académique le 14 juillet 2021.

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