Par Caroline Laplane
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Un peu plus près des étoiles

Depuis que l’humanité existe, l’Univers questionne, inquiète, attire, magnétise. Comment expliquer cette fascination ? Éléments de réponse avec Milène Wendling, responsable du planétarium.

Vous faites un métier atypique. Les étoiles et vous, cela a commencé comment ?

J’ai eu la chance d’être élevée dans un village de l’Aveyron. Il n’y avait pas de pollution lumineuse, et nous jouions souvent dehors tard le soir en été. Quand je levais les yeux, je me sentais profondément connectée avec le ciel étoilé. Puis en grandissant, j’ai eu envie de comprendre l’Univers. J’ai bénéficié d’un contexte familial favorable : mes parents étaient libraires, ils ont nourri mon intérêt avec des livres. Puis je me suis intéressée au cinéma de science-fiction : Rencontre du troisième type, Blade Runner, Contact… Au moment de choisir mes études, je me suis naturellement dirigée vers l’astrophysique. Plus tard, j’ai évolué vers la médiation scientifique appliquée à l’espace. J’ai travaillé à la Cité de l’espace à Toulouse, puis j’ai pris la responsabilité du Planétarium du Jardin des sciences à l’Université de Strasbourg. Aujourd’hui, je me dis que j’ai eu beaucoup de chance de pouvoir faire un métier qui colle au mieux à ma passion pour les étoiles !

Cette fascination pour l’Univers, elle est assez partagée dans l’humanité, dans toutes les cultures, comment l’expliquez-vous ?

Je pense aussi que cette fascination est liée à des questionnements plus existentiels : sommes-nous vraiment seuls dans l’Univers ?

Il y a l’immensité du ciel, la brillance des étoiles, le Soleil et la Lune, qui rythment nos jours et nos nuits, les saisons, les marées, et bien d’autres choses encore. Tout ceci est déjà fascinant en soi. C’est un espace mystérieux, attirant, un peu inquiétant aussi et qui appelle l’exploration. Mais je pense aussi que cette fascination est liée à des questionnements plus existentiels : sommes-nous vraiment seuls dans l’Univers ? Existe-t-il d’autres formes de vie ? À quel endroit ? Pourrons-nous un jour établir le contact ? Le ciel porte aussi nos aspirations métaphysiques et spirituelles. En regardant vers les étoiles, nous sommes tirés vers le haut, nous prenons de la hauteur de vue.

Est-ce à dire qu’il y a une forme d’antagonisme entre le ciel et la Terre ?

Non, c’est tout le contraire, le ciel et la Terre sont profondément connectés. Toute la matière qui existe sur Terre, la moindre particule, est issue de l’Univers. Tout ce qui est vivant aussi, à commencer par les humains ! Le lien est donc extrêmement puissant. C’est aussi depuis la Terre qu’on voit le mieux le ciel, et pas dans l’espace, enfermé dans un vaisseau, comme on pourrait le penser. De ce point de vue, le développement de la pollution lumineuse est vraiment regrettable. En occultant le ciel étoilé à de plus en plus d’humains, elle détruit cette relation si particulière, elle nous coupe de nos origines. Enfin, plus nous apprenons sur l’Univers grâce à la science et plus nous voyons à quel point notre Terre est unique, et en même temps, nous avons pris conscience qu’elle est seulement un tout petit caillou, près d’une étoile dans une galaxie, elle-même perdue au milieu de milliards de galaxies. C’est aussi ce que j’aime dans l’astronomie : c’est une science qui rend les êtres humains humbles ou qui devrait.

Article initialement paru dans Savoir(s) magazine n° 46 (mai 2023), « L'Univers, cet infini si proche » : consulter en ligne au moyen de la visionneuse / télécharger la version PDF

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