Le bilan carbone de l'université, première étape pour une évolution des pratiques
Se doter d'indicateurs de consommation fiables, identifier les principaux postes d'émission, mettre en place des actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre... C'est ce qu'a fait l'université l'an dernier, en établissant son bilan carbone et le plan de transition bas carbone qui y répond. Des documents en forme de feuille de route pour l'établissement, engagé sur le chemin de la transformation socio-écologique, avec notamment un virage volontariste pris l'an dernier pour réduire son impact environnemental.
Un bilan carbone : pourquoi ?
Le changement climatique est là, les événements extrêmes survenus cette année nous le rappelant encore, si besoin en était. Dans ce contexte, l'Université de Strasbourg, socialement engagée, souhaite faire sa part et réduire son empreinte environnementale.
Partant de ce constat, il nous fallait des indicateurs fiables
, soulignait en décembre dernier Laurent Schmitt, vice-président Développement durable et responsabilité sociétale (DD&RS). C'est l'objectif du bilan carbone, établi au cours du premier semestre 2023.
Cette décision s'ajoute à un panel de mesures déclinées l'an dernier : baisse du chauffage à 19 degrés, réduction de la période de chauffe, fermeture des bâtiments deux semaines supplémentaires l'hiver dernier... contenues dans un plan de sobriété et une feuille route pour le mandat présidentiel en cours. S'y ajouteront bientôt des chartes de bonnes pratiques - des déplacements, de la communication, des achats, du numérique...
Quelle méthode ?
Cette première étape de diagnostic, pilotée par la mission DD&RS et menée au premier semestre 2023, porte sur les émissions de l'année 2021. Le recueil des données a mobilisé un grand nombre de services (Direction des affaires logistiques intérieures, Direction du patrimoine immobilier, Direction des ressources humaines, Service de la vie universitaire, Direction des finances-Direction des achats-marchés, Direction des études et de la scolarité, Direction des relations internationales, Direction de la recherche, Direction du numérique, Service pour la promotion de l'action sociale...*), accompagnés par le cabinet de conseil Nepsen Transition, qui en a réalisé la synthèse.
Ambitieuse dans sa démarche, l’université a défini un périmètre pour son bilan carbone, allant au-delà des exigences réglementaires en intégrant toutes ses activités directes et indirectes de manière exhaustive. Le périmètre du bilan carbone couvre ainsi la totalité des personnels et étudiants Unistra, basés sur tous les campus, central et extérieurs. Pour un périmètre le plus large possible, les flux liés aux activités de l’université à l’extérieur (machines et équipements de recherche, participation à des colloques extérieurs...) ont été pris en compte.
Les données ont été collectées par poste d'émission, soit : énergie, hors énergie, intrants, fret, déplacements, immobilisations, déchets.
* Sans oublier les partenaires extérieurs : CNRS, Crous, Agence du climat
Quels sont les principaux enseignements ?
Un chiffre à retenir : 90 040 tonnes de CO2 équivalent ont été émises par l'Unistra en 2021*. Soit l'équivalent de la consommation annuelle d’une ville française de 9 800 habitants.
*Ce chiffre comprend une marge d'erreur de 18 %
Bilan global des émissions
Répartition des émissions par poste
Premier poste d'émissions, et de loin : les déplacements, et en particulier les déplacements domicile-travail et domicile-campus, comptent pour 48 % de l'empreinte carbone. Ils sont suivis des intrants (achats de biens et services, dont le numérique) qui représentent 30 % des émissions de GES. Assez loin derrière, pour 15 %, viennent les consommations énergétiques.
Intrants ? Kezaco...
Le terme d' « intrants » designe les achats de biens et services (fournitures, logiciels, rénovation de bâtiments, etc.), les repas au Crous, les courriels et données stockées hors Unistra.
Émissions de carbone par campus et par source d'énergie
Empreinte carbone liée aux déplacements des étudiants et du personnel
L'écart important entre l'empreinte carbone des déplacements des étudiants et celle des personnels est lié à la différence de taille entre ces deux populations. En 2021 il y avait 57 853 étudiants à l'université, à mettre en regard de 8 300 membres du personnel.
Un exemple : les moyens de transport utilisés par les étudiants pour leurs trajets domicile-université
Un exemple : les moyens de transport utilisés par les personnels pour se rendre en congrès
Déplacements : comment ces chiffres ont-ils été établis ?
Ces données ont été obtenues à partir d'un questionnaire adressé au printemps 2023 aux étudiants et personnels Unistra. 1 645 réponses ont été reçues pour les premiers (soit 3 %), 920 pour ces derniers (soit 11 %).
Les chiffres globaux sont donc une estimation à partir des réponses obtenues.
Parmi les typologies de déplacements possibles : domicile-travail, domicile étudiant-cours, domicile familial-cours, stage, échange, congrès, culturel, associatif...
Et ensuite ?
Un plan de transition doté d'actions ciblées sur les trois principaux postes d’émission identifiés par le bilan carbone a été conçu grâce à des ateliers de co-construction, qui ont réuni en mars 2023 des experts internes (services centraux, enseignants-chercheurs…) et externes (Agence du climat…) ainsi que toutes les personnes volontaires et intéressées par le sujet.
Présenté en instances, il a été validé par le conseil d’administration le 19 décembre dernier.
L’objectif de réduction des émissions de GES de l’Unistra est de 50 % d’ici à 2050, avec des jalons intermédiaires à 2025, 2030 et 2050. Dès 2024, l’université se mobilise pour mettre en œuvre cette stratégie de transition bas carbone et concrétiser les objectifs fixés, déclinant les actions du plan bas carbone : report sur le train des déplacements en avion lorsqu'une solution de moins de quatre heures existe, révision des achats-marchés...
- Pour aller plus loin : consulter la synthèse du bilan carbone et le plan de transition bas carbone de l'Université de Strasbourg
- Lire aussi L'université sur le chemin de la transition écologique
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