Les salles de consommation, un lieu efficace dans la réduction des risques de transmission du VIH et de l’hépatite C
Après six ans d’ouverture à Paris et à Strasbourg, une équipe de chercheurs a évalué l’impact des salles de consommation sur la réduction des risques de transmission du VIH et de l’hépatite C. Les résultats de cette étude parue dans la revue "Addiction", confirment l’efficacité de ce dispositif expérimental.
Chez les personnes qui consomment des drogues par injection, le partage de matériel comme les aiguilles ou les seringues est un des principaux facteurs de risque de transmission des virus du VIH et de l’hépatite C. Pour lutter contre ce problème, le gouvernement a ouvert en 2016 deux Salles de consommation à moindre risque (SCMR), aujourd’hui appelées haltes soins addictions (lire encadré) à Paris et à Strasbourg pour une durée test de six ans. L’heure est au bilan et c’est à l’Inserm que la mission interministérielle de lutte contre les conduites addictives a confié l’évaluation de l’efficacité de ces salles en matière de santé et de tranquillité publiques.
Pour ce faire, une équipe de chercheurs de l’Inserm, du CNRS, de l’EHESS, des universités de Strasbourg, Aix-Marseille et Bordeaux, a évalué l’impact des SCMR en France sur le partage de matériel d’injection et sur l’accès aux tests de dépistage de l’hépatite C et aux traitements par agonistes opioïdes grâce à la cohorte française Cosinus (lire encadré). Ils ont pu comparer les données obtenues entre les participants ayant accès à une SCMR et ceux ayant accès à d’autres types de structures ou programmes de réduction des risques.
Les résultats montrent une diminution de 90 % du risque de partage de matériel par les SCMR, déclare Marie Jauffret-Roustide, chercheuse Inserm à Paris, ce qui montre que, dans le contexte de soin français, ces lieux auraient un impact positif sur les pratiques à risque infectieux de VIH et d’hépatite C.
En revanche, aucune différence significative entre les deux groupes n’était visible sur le dépistage de l’hépatite C ni sur le suivi d’un traitement par agoniste opioïde. Nos résultats plaident pour l’importance de mettre en place des actions complémentaires à celles déjà existantes. En particulier, développer les haltes soins addictions mais également faciliter l’accès à des traitements par agonistes opioïdes plus diversifiés et proposer des prises en charge globales
, conclut Marie Jauffret-Roustide.
Qu’est-ce qu’une salle de consommation ?
Les salles de consommation à moindre risque – aujourd’hui dénommées « haltes soins addictions » – permettent aux usagers de pouvoir consommer dans de bonnes conditions d’hygiène et de sécurité, avec un accès facilité à du matériel d’injection stérile à usage unique, sous la supervision d’un personnel formé. Elles permettent également l’accès aux traitements dits « par agoniste opioïde » et offrent la possibilité de se faire dépister pour l’hépatite C.
La cohorte Cosinus
La cohorte française longitudinale Cosinus a suivi 665 personnes de plus de 18 ans qui consomment des substances par injection, entre novembre 2016 et mai 2018. Les participants ont été recrutés au sein de programmes de réduction des risques à Bordeaux et Marseille et de salles de consommation à Strasbourg et Paris.
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