Pépite Etena, 10 ans au service du dynamisme de l'entrepreneuriat étudiant
Accompagner, sensibiliser, former... Voilà une décennie que le Pôle de l'entrepreneuriat étudiant met le pied à l'étrier à celles et ceux qui portent un projet de création d'entreprise au sein de l'université... mais pas seulement ! Retour sur ses réussites et perspectives d'évolution avec son responsable, Grégory Hebinger.
Quel regard portez-vous sur les dix ans qui viennent de s'écouler ?
En Alsace, le développement d'une structure dédiée à l'accompagnement de l'esprit d'entreprendre chez les étudiants s'est fait par phases. La volonté de se doter d'un incubateur de projets innovants au sein de l'université a d'abord germé chez Sémia, avant qu'un réseau national ne se structure à partir de 2013, sous l'impulsion du ministère de l'Enseignement supérieur de la Recherche. Le véritable décollage est intervenu lorsque Michel de Mathelin a pris le portage politique du projet, en tant que vice-président Relations avec le monde socio-économique, à partir de 2017.La culture entrepreneuriale est en progression constante, reconnue comme une mission à part entière de l'université
Entre-temps, les dispositifs nationaux comme le statut d'étudiant entrepreneur et le concours Pépite (lire encadré) se sont ancrés dans le paysage. Aujourd'hui, j'ai le sentiment que cette culture entrepreneuriale est en progression constante, reconnue comme une mission à part entière de l'université.
Paradoxalement, la période du Covid a aidé à nous propulser et faire connaître notre offre, que nous avons pu déployer en ligne, de manière modulable et très vite hybride : je pense notamment à notre catalogue de modules de formation à destination des enseignants.
Où en êtes-vous aujourd'hui ?
A la période de maturité, avec des financements assurés, un cap clair. Notre équipe de onze personnes (cinq au démarrage) est maintenant structurée autour de trois piliers : l'accompagnement – près de 250 cette année ! –, la formation et la sensibilisation (sûrement le volet le moins visible de notre action). Un important travail de structuration et de mise en réseau des acteurs universitaires de l'entrepreneuriat étudiant a été mené, comme par exemple avec les fablabs de l'université, qui conservent bien sûr chacun leurs spécificités. Mené l'an dernier, un audit a attesté de la qualité de nos actions. Il s'est traduit par la publication d'un référentiel de compétences. C'est un premier pas vers une intégration des modules suivis par les étudiants à leurs diplômes, sous forme de crédits ECTS. Nous le faisons déjà aujourd'hui, en fonction des opportunités détectées dans certaines facultés. Depuis peu, nous sommes aussi associés à la délivrance de trois formations diplômantes.
Et côté perspectives d'avenir ?
Dans cette grande pépinière de talents qu'est l'université, nous aimerions élargir à de nouveaux domaines l'émergence de projets entrepreneuriaux : s'ils sont nombreux dans des filières « naturelles » comme en sciences économiques et de gestion, droit, à l'EM, nous comptons étonnamment peu d'étudiants en langues ou arts. Les sciences humaines et sociales, l'économie sociale et solidaire, le secteur associatif, sont aussi porteurs. On le voit depuis quelques années, les jeunes que nous accompagnons portent des projets avec de fortes valeurs, ils sont animés par l'idée de répondre aux grands défis sociétaux et ceux de la transition. Il n'y a qu'à voir les thématiques des lauréats des prix Pépite (lire encadré) !
Nous souhaitons à terme devenir un véritable centre de ressources, fédérer les acteurs du territoire, accélérer la fertilisation croisée. De ce point de vue, notre intégration croissante aux projets transversaux de l'établissement, tels Sensus ou le Pôle universitaire d'innovation-Alsace, sont des signaux très positifs. Ce dernier projet est très prometteur pour fédérer les acteurs de l'innovation, il va nous permettre de toucher encore davantage les jeunes chercheurs, main dans la main avec Conectus.
Chez Pépite Etena, on fait du sur-mesure ?
Autant que possible ! Avant de soutenir un projet, on accompagne d'abord une personne. Pour cette raison, il nous tient à cœur de contribuer à changer les mentalités, notamment quant à la culture de l'échec. Notre référentiel de compétences va dans ce sens : on peut en parler en entretien d'embauche, alors que l'échec d'une création d'entreprise, on le passe sous silence. Avec la Fondation Université de Strasbourg, nous portons aussi un projet de bourse pour les porteurs de projet, car trop souvent on voit les candidats à la création d'entreprise abandonner en cours de route, quand le statut change à la sortie des études.
Pépite Etena est aussi en prise directe avec la jeunesse et ses attentes...
Nous voyons des jeunes motivés, prêts à s'engager, à prendre des risques, à trouver des solutions. Si une porte se ferme, ils passent par la fenêtre
Oui, et je voudrais dire que les discours de « jeunesse-bashing » qu'on peut entendre ont tout faux ! Nous voyons des jeunes motivés, prêts à s'engager, à prendre des risques, à trouver des solutions. Ils ne baissent pas les bras, loin de là : si une porte se ferme, ils passent par la fenêtre, voire par la clim ! N'oublions pas qu'ils héritent aussi de la société qu'on leur laisse, il y a de quoi être remonté. Mais j'ai confiance en leur capacité de résilience et d'innovation, dont je suis témoin au quotidien !
Les lauréats 2023 du concours Pépite
Doté de 600 000 € au niveau national, lancé en 2010, co-porté par le réseau Pépite (Pôles étudiants pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche) et BPI France, le concours Pépite destiné à encourager la jeune création d'entreprises est l'un des plus dotés en Europe.
La célébration des 10 ans de Pépite Etena, vendredi 13 octobre, a été l'occasion de remettre leurs prix aux quatre lauréats alsaciens.
- Steven Bardey (diplômé d'une thèse en physique-chimie, Unistra), fondateur d'Aerleum (transformation du CO2 rejeté par le transport maritime en carburant et/ou molécules d’intérêt) , prix de la transition écologique, doté de 7 000 €
- Abigaël Willard (diplômée de la Haute école des arts du Rhin Mulhouse), fondatrice de Sansa, le kit sensoriel (facilitateur de thérapie), prix coup de cœur du jury, doté de 7 000 €
- Charlotte Floury, fondatrice de Scoop Home (habitat bioclimatique écoconçu semi-enterré), lauréate régionale, prix doté de 2 000 €
- Florencia Sacarelli (diplômée d'un doctorat en chimie, Unistra), fondatrice de Naem Skincare (formulation de cosmétiques solides), lauréate régionale, prix doté de 2 000 €
En chiffres
2 antennes : Strasbourg et Mulhouse
244 jeunes entrepreneurs accompagnés en 2022
58 entreprises lancées en 2022
51 modules de formation proposés, 3 formations diplômantes
46 % des créateurs d’entreprise dans l’Eurométropole de Strasbourg ont moins de 30 ans
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