Par Elsa Collobert
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Projet Sens§us : « Une bonne dose de vitamines pour renforcer notre identité et aller plus loin »

28,6 millions d’euros pour répondre à l’urgence des transitions environnementales et industrielles : lauréate du projet Sens§us, l’Université de Strasbourg entend fédérer étudiants, enseignants-chercheurs, partenaires institutionnels et économiques, citoyens, à travers un projet aux nombreuses ramifications mené sur dix ans.

S'appuyer sur nos points forts

Le projet Sens§us a cela d'intéressant qu'il nous a poussés à nous interroger sur ce qui fait nos forces, notre identité et l'identité de notre université, souligne Michel Deneken. Ceci en lien avec le développement d'une stratégie d'université : C'est relativement nouveau pour nous. Il y a dix ans, on n'en parlait pas.

Après une première candidature retoquée, un projet plus profilé et disruptif a retenu l'adhésion du jury de la troisième et dernière vague de l'appel à projets « Excellences sous toutes ses formes ».

Trois piliers

Transdisciplinarité, innovation et international sont les trois points forts autour desquels s'articule le projet Sens§us.

Si l'établissement ne manque pas d'atouts dans ces domaines, il s'agit de s'appuyer sur nos forces, bien identifiées, pour aller plus loin. Et notamment les Instituts thématiques interdisciplinaires (ITI), fers de lance de l'interdisciplinarité à l'Université de Strasbourg depuis leur lancement, en 2021.

On nous reconnaît la capacité à détecter l'innovation dans tous les domaines, apprécie Michel de Mathelin, premier vice-président et vice-président Relations avec le monde socio-économique. En témoigne notre Pôle universitaire d'innovation (PUI) pilote, dont la complémentarité avec Sens§us est naturelle pour faire sortir davantage d’innovations des laboratoires de recherche publics, en recherche fondamentale ou appliquée.

Quant à l'international, il s'agit de faire progresser cette culture, notamment parmi les étudiants strasbourgeois, avec un objectif chiffré de + 50 % de mobilités sortantes, en particulier dans les formations qui ne l'intègrent pas d'office. Cela peut passer par le soutien à des short term programmes, sous formats hybrides et des cours en langue étrangère, souligne Catherine Florentz, vice-présidente Prospective et actions stratégiques.

Deux instituts et des embauches, dès 2024

Pour répondre à l'urgence des transformations dans le développement durable et l'industrie, deux instituts vont être créés dès 2024 : un Institut de la durabilité dans le Rhin supérieur, un autre en innovation, doté d'une chaire rattachée à cette discipline. Des embauches seront réalisées dans ce cadre, confirme Audrey Kost, directrice de la Mission prospective et stratégie (MIPS), grâce aux 28,6 millions obtenus (20 % de moins que le montant demandé).

Précurseurs de collaborations réussies avec des partenaires industriels locaux (Hager, Socomec, etc.), la chaire en sciences des données et intelligence artificielle de Télécom physique Strasbourg ou encore l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) peuvent être cités en exemple.

Mettre l'étudiant au centre

Se recentrer sur notre cœur de métier et nos forces, c'est aussi remettre l'étudiant au centre, souligne Michel Deneken. Concrètement, un fonds pour l'engagement étudiant sera mis en place.

Renforcer le lien avec le tissu économique, c'est aussi permettre à chaque étudiant, dès la licence, de bénéficier d'au moins une expérience en situation d’immersion professionnelle, avance Catherine Florentz.

L'accent sera mis sur l'organisation de projets d’étudiants autour de problématiques issues de l’écosystème socio-économique, entreprises et associations, notamment grâce aux fablabs, souligne Michel de Mathelin, avant de rappeler la célébration prochaine des 10 ans de Pepite Etena, le pôle de l'entrepreneuriat étudiant.

Autant de mesures qui participent aussi de l'attractivité de l'établissement, dans un contexte de fléchissement de la hausse du nombre d'étudiants pour des raisons démographiques.

En synergie

Autre marqueur fort du projet : il a été déposé avec huit partenaires du territoire, dont les deux grands organismes de recherche (CNRS et Inserm), avec lesquels les liens sont historiquement très forts (financiers, humains), et qu'il s'agira encore d'approfondir.

De telles synergies existent déjà, à l'image de Seve, des stages rassemblant étudiants et entreprises autour de projets d'économie verte, co-financés par l'Unistra et l'Eurométropole, que l'on pourrait encore décliner puissance dix, souligne Michel Deneken.

A travers l'open innovation et la science participative, l'idée est aussi de tisser davantage de liens et d'impliquer les citoyens.

En recherche translationnelle (de la paillasse au patient) et dans le domaine de la santé, les exemples sont pléthore de synergies exemplaires, telles le laboratoire ICube ou encore l'IHU.

Michel Deneken résume la philosophie du projet Sens§us : Offrir un projet de société à l'échelle du bassin du Rhin supérieur.

Un projet rassemblant les forces vives du territoire

Les neuf partenaires du projet

  • Université de Strasbourg
  • Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm)
  • Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
  • École nationale supérieure d’architecture de Strasbourg (Ensas)
  • École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg (Engees)
  • Institut national des sciences appliquées de Strasbourg (Insa)
  • Hôpitaux universitaires de Strasbourg
  • Eurométropole de Strasbourg
  • Région Grand Est

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