Par Androdias Logan et Gocheva Nikoleta
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Si j’étais une réaction endergonique

A Strasbourg, l’Institut de science et d’ingénierie supramoléculaire (Isis – CNRS/Unistra) s’intéresse de près à un phénomène peu connu mais pourtant de très grande importance, la réaction endergonique. Nous vous invitons à découvrir ce petit secret caché de nos corps, mais aussi du monde qui nous entoure…

Je me suis toujours demandé, les troncs d’arbres s’épaississent, mais d’où vient cette matière ?

Vois-tu, quand tu allumes un feu de camp, le bois en brûlant se décompose en dioxyde de carbone et en eau. Tout ce joli travail émet de l’énergie, que tu perçois sous forme de chaleur. Tu peux même la ressentir sur tes mains en les approchant ! Ce type de réaction, c’est ce qu’on appelle réaction exergonique, ex parce que l’énergie s’échappe. Cela maintenant tu le comprends, mais ne t’es-tu jamais demandé si l’inverse était aussi possible ? En effet, pour que du bois puisse être créé, l’arbre doit prendre de l’énergie de son environnement, ce qui lui permettra de réassembler de nouvelles molécules et donc de générer de la matière en accumulant de l'énergie. Voilà ce que je suis, une réaction endergonique.

Réaction endergonique tu dis… où d’autres peut-on trouver ce genre de phénomènes ?

Quand tu manges, tu absorbes de la matière riche en nutriments. C’est à ce moment, dans ton corps-même, que j’interviens. Tout ce que tu ingères, en exploitant  des enzymes, je le décompose en molécules pour en réassembler de nouvelles. Ceci nécessite beaucoup d’énergie. De même, ne savais-tu pas déjà que tes cellules ont un besoin constant d’énergie ? Elles ont toujours besoin de moi pour que leur structure reste stable. Pour renouveler la matière qui les constitue, j'alimente les cellules en petites molécules à haute énergie. En une journée, je produis l'équivalent de 60 % de votre masse corporelle !

Oh je comprends ! Tu opères à l’intérieur de mon corps pour transférer de l'énergie…

C’est cela. Cependant, chez certaines personnes, il se peut qu’à cause de leur héritage génétique je ne sois pas autant présente que je le devrais dans leur corps, ce qui cause des pathologies. Ce sont par exemple les maladies mitochondriales, qui viennent perturber le bon fonctionnement des chaînes respiratoires des mitochondries, et notamment la biosynthèse. Le syndrome de Leigh en fait partie. Il touche principalement les enfants et génère des troubles musculaires et respiratoires.

De ce que tu me dis, tes applications relèvent surtout du domaine médical. Est-ce vrai ?

En vérité, je suis présente presque partout. Les recherches sur la conversion en électricité de la lumière lors de son absorption requiert mon étude attentive. Les scientifiques regardent aussi si les électrons peuvent venir m’affecter. Je reste encore un sujet de laboratoire, car les chercheurs ne comprennent pas pour l’instant tous mes mécanismes. Les recherches que l’on mène sur moi sont plutôt fondamentales avec des études sur la base de molécules artificielles.

Mais va donc, les chercheurs sont encore au travail, et ce n’est pas de sitôt qu’ils auront découvert, et compris par-dessus le marché, tous mes secrets !

Giulio Ragazzon : Repousser les frontières de la chimie

Giulio Ragazzon incarne la passion pour la chimie qui a pris racine dès son enfance. En 2021, le chercheur prend la tête d'un groupe de recherche à l'Isis, se consacrant aux procédés chimiques pilotés. En collaboration avec son équipe, il explore les réactions endergoniques, la matière molle hors équilibre et les systèmes redox-actifs, repoussant les frontières de la chimie avec une vision novatrice.

La série si j'étais

Cet article a été réalisé dans le cadre d'un atelier de vulgarisation scientifique pour lequel des étudiants sont partis à la rencontre de chercheurs. Objectif : rédiger un texte destiné à présenter un sujet d’étude scientifique et le faire parler à la première personne du singulier.

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