Un nouveau prix Barbara Cassin de recherche et traduction à l’Université de Strasbourg
Créé par la Maison interuniversitaire des sciences sociales et des humanités d'Alsace (Misha) et l'Institut d'études avancées de l'Université de Strasbourg (Usias), le prix Barbara Cassin finance la traduction vers l’anglais d’un ouvrage récent déjà publié en français par un universitaire strasbourgeois en sciences humaines et sociales. Le prix sera remis le vendredi 12 décembre à 17h à la Misha à son premier lauréat : Anthony Mangeon, directeur de l’unité de recherche Configurations littéraires.
La genèse
En sciences humaines et sociales (SHS), où beaucoup de recherches se font en français, nous n’avons pas cette habitude de traduction en anglais. La Misha est une des seules maisons des sciences sociales et des humanités à avoir un service de traduction, avec un traducteur à temps plein qui traduit des articles en SHS. L’Usias est de son côté un important pôle d’internationalisation et de recherche en anglais. Cela nous a semblé naturel de réfléchir à une action commune. Ce prix va remplir un manque
, rapporte Victoire Feuillebois, directrice-adjointe de la Misha, responsable du pôle édition-traduction, qui précise que son financement est assuré par l’Usias, la Misha gérant la partie logistique.
L’objectif
Le prix vise à accroître la visibilité et l'impact international de monographies en français signées par des chercheurs et chercheuses strasbourgeois. Il permettra également de rendre visible et valoriser le travail des traducteurs et traductrices en SHS. La traduction des concepts dans ces domaines est difficile et l’appel à l’intelligence artificielle ne donne pas de bons résultats.
Le fonctionnement
Le premier appel à candidatures a eu lieu de mai à juillet. Les dossiers sont évalués selon trois critères : d’abord, l’excellence scientifique de l’ouvrage, qui doit être récent. Ensuite, la pertinence du projet de traduction. Dans le dossier de candidature, il faut qu’il y ait un devis de traduction et des démarches engagées auprès de maisons d’édition anglophones
, détaille Victoire Feuillebois. La capacité de susciter un intérêt international est également évaluée : Il s’agit de démontrer que l’on peut toucher au-delà du périmètre local et de s’inscrire dans les dynamiques de recherche internationales.
La dotation d’un minimum de 5 000 € est versée directement à l’unité de recherche du lauréat. Elle peut aller jusqu’à 10 000 € en fonction de la taille de l’ouvrage et du travail du traducteur ou de la traductrice.
Le jury
Le jury est composé à parts égales de membres de l’Usias et de membres du comité scientifique de la Misha. Sans oublier la présence d’Anaïs Hamelin, vice-présidente déléguée Recherche en SHS. Soit onze personnes au total.
Le lauréat
Le premier lauréat est Anthony Mangeon, directeur de l’unité de recherche Configurations littéraires, et son traducteur, Dominic Thomas, professeur à l’Université de Californie à Los Angeles et Chaire Gutenberg à Strasbourg, pour son ouvrage L'Afrique au futur. Le renversement des mondes. Il s’agit du premier tome d’une trilogie critique dont le deuxième tome a été publié en 2025. J’ai postulé car le livre porte sur une thématique de plus en plus étudiée dans le monde anglophone. Après la réception favorable de sa version française, sa traduction pourrait lui permettre de rencontrer un autre public et lui donner un nouvel écho
, confie le lauréat.
Et après
Un nouvel appel à candidatures sera lancé lors de la cérémonie de vendredi. Les volontaires auront jusqu’au 15 juin 2026 pour y répondre. Nous aimerions également créer un prix équivalent vers l’allemand. Reste à trouver les financements
, conclut Victoire Feuillebois.
La remise du prix aura lieu en présence de Barbara Cassin, le vendredi 12 décembre 2025 à 17h, salle de conférence de la Misha, 5, allée du Général Rouvillois, Strasbourg
Barbara Cassin
Le prix est nommé en l’honneur de Barbara Cassin. Membre de l’Académie française, philosophe, philologue, helléniste, Barbara Cassin travaille sur le pouvoir des mots et la force du langage dans une perspective à la fois historique et pratique, et la question de la traduction comme « savoir-faire » avec les différences culturelles. Elle pense les langues comme autant de points de vue sur le monde. Ses recherches lui ont permis de questionner les fondements de la pensée rationnelle et les ressorts de l'efficacité d'un discours.
Nous étions également séduits par son engagement européen. Elle cite souvent Umberto Eco qui dit que “La langue de l’Europe, c’est la traduction”. La traduction nous protège de la brutalité et de perceptions et d’usages trop simples du langage
, explique Victoire Feuillebois.
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