Par Elsa Collobert
Temps de lecture :

« L'université, notre dénominateur commun »

Nouvelle gouvernance, prochaine campagne de collecte de dons en gestation... La Fondation de l’Université de Strasbourg et des Hôpitaux universitaires de Strasbourg entre dans une nouvelle phase stratégique de son histoire. L'occasion d'une rencontre croisée avec Thomas Heckel, directeur, et André Renaudin, président.

La précédente campagne de collecte de dons pour l’Université de Strasbourg et les Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) s'est achevée avec un montant collecté record (56,5 millions d'euros). Un objectif à dépasser ?

André Renaudin : La barre a été placée très haut, Régis Bello (précédent président de la fondation) et l'équipe ont très bien travaillé lors des deux précédentes campagnes (« Vous » entre 2010-2014 et « Tous Nobels ! », entre 2018 et 2022, voir le bilan ici) !

En à peine quinze ans, nous réalisons le meilleur résultat pour une université et un hôpital publics français

Thomas Heckel : Les mécènes ont répondu présent par conviction de bien faire. Nous disposons d'une équipe solide et d'une bonne méthode de travail, importée des Etats-Unis où Alice Couégnas, à qui je succède, s'est formée. Un pays où est née la culture du mécénat. Cela nous permet de réaliser le meilleur résultat pour une université et un hôpital publics français, en à peine quinze ans.

Si l'objectif n'est pas financier, quel est-il ?

T. H. : On connaît nos points forts et nos marges de progression. Nous sommes bons sur la prospection auprès des entreprises – 90 % de nos dons en proviennent. Désormais, il faut que nous nous fassions mieux connaître de notre public finalement le plus proche, les personnels de l'université et des hôpitaux. Tirer des enseignements de la période du Covid, durant laquelle les « petits » dons ont afflué, à destination des actions de solidarité. Travailler davantage avec les services supports de nos deux membres fondateurs, l'Unistra et les HUS : l'université est notre dénominateur commun. Que l'on soit personnel, étudiant, alumni, patient... ces deux institutions méritent d'être soutenues.

Nous faire mieux connaître de notre public le plus proche, les personnels de l'université et des hôpitaux

Dans l'idée d'élargir notre maillage du territoire, nous avons initié un rapprochement avec la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) ou encore la Maison des ados, voisine. Car nous avons aussi récemment déménagé sur le site de l'Hôpital civil, au sein du campus Nextmed, ce qui fait totalement sens de ce point de vue car nous rejoignons un site hospitalo-universitaire, en phase avec notre ADN.

Pour mieux nous faire connaître auprès des plus jeunes, rien de mieux aussi que développer les bourses des donateurs. Depuis leur création, elles ont concerné 135 étudiants.

A. R. : Même si nous devons nous faire connaitre davantage des personnels de l’université et des hôpitaux, je suis d’ores et déjà très impressionné de leur implication, notamment pour les projets qui touchent à la solidarité envers les étudiants. Pour toucher un public plus large, il faut faire preuve de cerclage, parfois les gens ne font pas le lien entre un bon service rendu à l'hôpital le matin et leur envie de signer un chèque, l'après-midi. C'est aussi parce qu'ils sont sursollicités.

De ce point de vie, votre rôle est celui d'un ambassadeur ?

A. R. : Tout à fait, car vous connaissez la raison principale pour laquelle les gens donnent ? Parce qu'on est venu le leur demander, tout simplement ! Mon rôle consiste donc à rencontrer, être à l'écoute de nos partenaires et futurs prospects, qu'ils soient issus de l'Ordre des experts-comptables, membres de la gouvernance de Soprema...

J'ai été moi-même et je suis mécène, aujourd'hui je démarche des mécènes : ce sont les deux faces d'une même médaille !

Que dire de votre binôme à la tête de la fondation ?

T. H. : La temporalité est parfaite pour assurer le passage de relais entre, d'une part, Alice et moi ; celui entre Régis Bello et André, d'autre part. Les comptes de la campagne « Tous Nobels ! » sont clôturés. On sent que la culture du mécénat progresse en France.

A. R. : Pour ma part, je suis ravi de revenir en Alsace pour ma retraite, après une carrière menée en région parisienne. Mon épouse est alumna de la Faculté des sciences historiques ; je suis diplômé de Polytechnique, même si tout le reste de ma famille est issu de l'université ; c'est donc un monde que je découvre et apprivoise, dans toute sa richesse et sa complexité ! J'ai réalisé toute ma carrière dans les assurances et la protection sociale, chez AG2R La Mondiale dont j'ai été directeur général. Nous y avons mené beaucoup d'actions de mécénat, en particulier dans le domaine culturel, conformément à l'idée qui nous animait d'une entreprise dans la cité. Je vois une grande proximité et un prolongement de ces activités avec la fonction que j'assume au sein de la fondation, depuis le 5 avril dernier. Quant à Thomas, j'ai coutume de dire qu'il sait tout, et moi le reste !

T. H. : Nous nous connaissons depuis longtemps. Cela fait onze ans que je travaille au sein de la fondation, j'y ai commencé comme chargé de mission mécénat, puis responsable grands comptes, et aujourd'hui j'en assure la direction après avoir assuré l'intérim. C’est en tant que chargé de mission mécénat que j’ai pu faire la connaissance d’André. Je suis extrêmement fier d'être ici, en tant qu'alumnus Unistra, de Sciences Po plus précisément et en tant qu’alsacien, pour contribuer au développement de notre territoire. Une conviction qui m'anime.

Quand sera lancée la prochaine campagne ?

A. R. : Il ne faut pas laisser s'écouler trop de temps entre deux campagnes de collecte de dons.

T. H. : Comme par le passé, nous procéderons en deux temps : il y a d'abord une phase silencieuse de sécurisation des dons, avant le lancement public. On peut donc tabler sur 2025. Il y aura de nouveaux projets, comme la Chaire eau et durabilité. Nous capitaliserons aussi sur des projets de long terme qui ont du sens pour nous, comme l'aide aux étudiants réfugiés ou le fonds de solidarité aux étudiants.

Célébration de la clôture de la campagne de collecte de dons « Tous Nobels ! » et inauguration du mur des donateurs

Plus d’une centaine de personnes – donateurs, porteurs de projets, gouvernances et équipes de l’Université de Strasbourg, des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, partenaires comme la Bibiothèque nationale et universitaire (BNU) et la Haute école des arts du Rhin (Hear), et leurs fondations – se sont réunies pour célébrer la clôture de la campagne de collecte de dons « Tous Nobels ! » et inaugurer le mur des donateurs, le 12 octobre dernier.

Cette soirée festive a offert à chacun l'opportunité de se rencontrer, d'échanger et de partager un moment convivial ! L’occasion également de retracer les moments phares et revenir sur les grands projets de la campagne « Tous Nobels ! », à l’image de la chaire en Sciences des données et intelligence artificielle, l’Usine-école Ease ou encore la Maison de l’éducation thérapeutique, qui ont collecté respectivement 1,05, 5,9 et 1,3 million d'euros.

Catégories

Catégories associées à l'article :

Mots-clés

Mots-clés associés à l'article :

Changer d'article