Par Elsa Collobert
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« Le recours à la mission Solidarité doit devenir un réflexe »

Être identifiée comme guichet unique des actions de solidarité à l’université (accès aux droits, aide financière d’urgence, accompagnement dans les démarches…) : c’est ce à quoi s’attache l’équipe de la mission Solidarité, créée il y a un an et installée depuis septembre à l’Ensemble Saint-Georges. Marie Déroche, sa responsable, et Mathieu Schneider, vice-président Culture, Sciences société et Actions solidaires, nous en disent plus sur ses missions, ses objectifs et ses moyens.

Inflation galopante, durcissement des conditions d'accueil des étrangers, crise du logement, santé psychologique… « Tous les signaux sont au rouge », s'alarme Mathieu Schneider, vice-président Culture, Sciences société et Actions solidaires. Certes, la précarité étudiante a toujours existé, mais la crise du Covid l'éclaire d'un jour nouveau.

Pour l'Université de Strasbourg, pas question de subir la situation : déjà très engagée sur la thématique de l'accueil des réfugiés, elle a décidé de relever d'un cran son dispositif d'accueil et d'accompagnement des étudiants en difficulté, en créant un service dédié : la mission Solidarité.

Un accueil par les pairs

Installée depuis la rentrée au deuxième étage de l'Ensemble Saint-Georges, l'équipe reçoit tous les jours : Nous sommes quatre permanents, un service civique et quatre étudiants vacataires réguliers et en grande partie internationaux – Inamullah est afghan, Pablo franco-espagnol, Olena ukrainienne... C'est important que les personnes que nous accueillons reçoivent une écoute par les pairs, souligne Marie Déroche.

Justement, qui pousse la porte de la mission Solidarité ? Aujourd’hui, nous sommes sollicités principalement par des étudiants internationaux, qui identifient bien l'équipe, auparavant basée à la Maison universitaire internationale (MUI), poursuit Marie Déroche. Ils rencontrent aussi davantage de difficultés du fait de la barrière de la langue. Mais la vocation de la mission Solidarité est de s'adresser à toutes les personnes confrontées à des difficultés dans leurs démarches, leur vie à l'université, y compris les chercheurs en exil dans le cadre du programme national Pause. Ainsi, le suivi des étudiants du Diplôme d'université Retour aux études par la langue et l’intégration des étudiants réfugiés-Relier (porté par l'Institut international d'études françaises-IIEF) et des bourses des donateurs de la Fondation entre également dans le champ de compétences de la mission.

Guichet unique

Il s'agit bien souvent de démêler un faisceau de difficultés - juridiques, financières, médicales, etc. -, celles-ci n'arrivant en général par seules, poursuit Mathieu Schneider. Pour cette raison, nous avons d'abord lancé un état des lieux de l'existant, car de nombreuses initiatives émanant d'acteurs très divers sont déjà en place. Mathieu Schneider et Marie Déroche insistent : La mission Solidarité n'a pas vocation à doublonner un travail, par ailleurs très bien fait, au sein du monde universitaire et en dehors (Crous en premier lieu, Service de santé étudiante ou encore des dispositifs associatifs, tels que les Agoraé par exemple,  etc.). Elle doit plutôt se constituer en guichet unique, vers lequel se tourner si on a besoin d'aide. A l'équipe de répondre aux questions pour lesquelles elle a l’expertise, ou de réorienter vers les acteurs spécialisés au besoin. A partir de février prochain, une assistante sociale, financée à égalité par l’université et le Crous, complètera l'équipe.

Un guichet unique, vers lequel se tourner si on a besoin d'aide

Le vice-président insiste sur la nécessité, face à ce constat de précarité grandissante partagé par toute la communauté universitaire, de mettre en place une réponse institutionnelle mieux coordonnée. La réponse que nous apportons à Strasbourg ne sera pas la même que celle mise en place ailleurs en France, nous devons nous insérer intelligemment dans la synergie d'actions déjà existantes. La mission participe au projet Include et a mis en place une offre de tutorat  en lien avec les conseillers à la réussite de l’Institut de développement et d'innovation pédagogiques (Idip) Des partenariats existent avec l'association Caritas (qui tient une permanence tous les jeudis après-midis dans nos locaux), le Secours populaire français, l’association du Foyer-Notre-Dame ou encore Kodiko, Singa, la Cimade..., détaille Marie Déroche. Et de poursuivre : Nous souhaitons co-construire la mission avec eux. Nous sommes en train de mettre en place une permanence d’accès aux droits, plus visible que ce qui existe actuellement, pour apporter aux étudiants aide et conseils sur certaines problématiques, comme celle liée au droit au séjour.

Feuille de route

La mission Solidarité avance en marchant, analyse sa responsable : C’est parfois un peu déroutant de naviguer à vue, mais cela permet aussi plus de créativité, avec une marge de manœuvre laissée à l'expérimentation.

Il est hors de question pour nous que nos étudiants soient empêchés par des difficultés à se nourrir ou dorment sous les ponts

Avec, à l'horizon, des enjeux de montée en compétence pour ses personnels, et d’identification par les usagers, que pointe Mathieu Schneider : Il faut davantage faire connaître la mission et que celle-ci soit sollicitée par les composantes et les facultés. Nous sommes là pour les aider : il est hors de question pour nous que nos étudiants soient empêchés par des difficultés à se nourrir ou dorment sous les ponts.

  • Ouverture de la mission tous les jours, du lundi au vendredi, accueil de 10 h à 17 h, à l'Ensemble Saint-Georges, 47 avenue de la Forêt-Noire, 67000 Strasbourg
  • Contact : Tél. 03 68 85 80 30 – pole.solidarite@unistra.fr
  • Plus d'informations

Une étude sur les conditions de vie des étudiants

Notre travail mutipartenarial avec les acteurs de la solidarité strasbourgeois nous a permis de mettre sur pied une commission se réunissant tous les ans, précise Mathieu Schneider. Celle-ci découle du plan de solidarité déployé lors de l’année universitaire dernière.

Il a été décidé, dans ce cadre, de lancer une étude sur les conditions de vie des étudiants qui est menée par une équipe de l’UMR Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe (Sage), dont nous devrions avoir les résultats à la prochaine rentrée.

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