Par Marion Riegert
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Elections américaines, « Trump remporte les grands électeurs et le vote populaire »

Contrairement à ce qu’indiquaient les sondages, Donald Trump remporte les élections haut la main contre Kamala Harris. Décryptage avec Mélanie Meunier, américaine d'origine et chercheuse au laboratoire Sociétés, acteurs et gouvernement en Europe (Sage – CNRS/Unistra).

Une telle victoire était-elle prévisible ?

Pendant des semaines les sondages ont annoncé une course serrée, avec une quasi égalité, qui laissait croire qu’Harris avait une chance de gagner. Finalement, c’est une victoire quasiment à tous les niveaux pour les Républicains. Trump remporte les grands électeurs et le vote populaire, des Américains ont voté pour lui jusque dans les bastions démocrates. Cela n’avait pas été le cas en 2016 lors de l’élection qui l’avait opposé à Hillary Clinton, durant laquelle elle avait obtenu la majorité des voix populaires. Au congrès, l’une des deux chambres, le Sénat, est déjà acquise aux Républicains, si la Chambre des représentants l’est aussi, il n’y aura aucun contrepoids et il pourra faire ce qu’il veut.

Comment expliquer cette victoire ?

Kamala Harris a été désignée sans l'organisation de primaires et a eu très peu de temps pour se préparer

Une grande partie de la population américaine est très en colère contre le gouvernement démocrate qu’elle juge responsable de l’inflation. En plus de cela, Kamala Harris a plusieurs éléments qui ont joué en sa défaveur. D’abord, c’est une femme, qui plus est d’origine étrangère. Les hommes, même ceux de couleur, qu’ils soient issus de milieu défavorisés ou éduqués, sont allés voter pour Trump. Ensuite, c’est comme si elle avait été parachutée. Elle a été désignée sans l'organisation de primaires et a eu très peu de temps pour se préparer, Joe Biden ayant démissionné le 21 juillet. Enfin, beaucoup ont critiqué sa légitimé disant qu’elle n’affichait pas assez clairement ses positions. De son côté Trump a eu une approche basique, dans l’émotionnel, jouant sur la colère, qui a touché beaucoup d’électeurs. 

Quel rôle ont joué les médias ?

Les médias traditionnels sont en crise, de moins en moins de journalistes fournissent du contenu et du contexte aux sujets. Pour continuer d’exister, il se portent plutôt sur les sujets sensationnalistes. Trump, même lorsqu’il n’était plus élu, a continué de faire la Une régulièrement et est parvenu à tourner ses déboires en chasse aux sorcières. Il y a eu aussi, grâce notamment à l’appui d’Elon Musk et son réseau social X, une instrumentalisation des médias sociaux, avec la diffusion de fake news et l’utilisation des algorithmes pour renforcer les points de vue. 

Quel est le programme qu’il compte mener ?

Il a un programme très autoritaire et souhaite donner plus de pouvoir au président

Durant sa campagne, Donald Trump a peu parlé des grands enjeux à venir. Son truc, c’est les prix, l’inflation et l’immigration. Il a un programme très autoritaire et souhaite donner plus de pouvoir au président des Etats-Unis. La Cour suprême, déjà très à droite avec 6 juges conservateurs sur 9, a déjà déclaré cet été que le président avait l’immunité judiciaire ce qui est contraire à la constitution qui stipule que nul n’est au-dessus des lois. Par ailleurs, il souhaite déporter des milliers d’immigrés, et mettre en place des tarifs internationaux ce qui ne serait pas du tout favorable au pouvoir d’achat, ni à l’économie de manière générale. 

Le style Trump, un style nouveau ?

Si on regarde dans l’histoire, au 19e siècle, il y avait des batailles physiques au Congrès, des insultes personnelles. Mais depuis l’apparition de la télévision, c’est la première fois qu’une élection est aussi incivile. Avant lui, les candidats restaient relativement courtois, il n’y avait pas d’interruptions durant les débats. Donald Trump joue sur les attaques personnelles. S’il a été plutôt modéré dans ses réactions suite à sa victoire, on sait que ça ne va pas durer…

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