Par la rédaction
Temps de lecture :

Handicap et travail : une semaine pour en parler

Événement national, la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (Seeph) est de retour à l’Université de Strasbourg, du 18 au 22 novembre. Rendez-vous est donné par la Direction des ressources humaines (DRH), pour toute une série d’événements : journée d’étude (lire encadré), conférence grand public, forum-théâtre… Ainsi que, dans les services, le déploiement du DuoDay.

J’ai testé pour vous le DuoDay : « Une rencontre entre deux mondes »

Pauline Borde est manager du projet Strasbourg enseignement numérique en santé (Sens). En novembre 2023, elle a accueilli Elen, lycéenne et sourde, pour lui faire découvrir son quotidien de travail et son équipe. L’opération DuoDay est reconduite cette année jeudi 21 novembre, dans le cadre de la Seeph 2024. Trois binômes sont pour le moment constitués.

« Lorsque j’ai reçu le mail de la Direction des ressources humaines (DRH) m'invitant à participer au DuoDay, j’ai immédiatement proposé ma candidature. Pour moi, il est essentiel d’aider les jeunes à découvrir le monde du travail, afin qu’ils puissent se projeter et faire des choix éclairés concernant leur orientation professionnelle. Cette démarche prend encore plus de sens lorsqu'il s'agit de jeunes en situation de handicap, pour qui l’accès à l’emploi peut encore présenter des obstacles importants.

En tant que responsable d’une équipe de cinq personnes, j’y ai vu aussi une belle opportunité de renforcer la cohésion entre mes collaborateurs. Accueillir un jeune en immersion, c’était non seulement l’occasion de partager notre quotidien, mais aussi de fédérer l’équipe autour d’un projet commun. J’ai donc présenté l’idée à mes collègues, et l’enthousiasme a été immédiat. Nous avons décidé que chacun prendrait un moment pour parler de son métier, afin d'offrir une vision complète de nos différents rôles.

Le jour J, nous avons fait la connaissance d’Elen, une élève de terminale en baccalauréat professionnel Assistance à la gestion des organisations et de leurs activités. Elen est sourde et porte un appareil auditif. À première vue, il est difficile de se rendre compte de son handicap car elle lit sur les lèvres avec aisance et s’exprime parfaitement en français à l’oral.

Des échanges riches et bienveillants

Pour préparer cette rencontre, j'avais conçu une présentation PowerPoint interactive, où je partageais mon parcours professionnel et expliquais les différentes facettes de mon rôle de manager. Elen a été réceptive et a participé activement. Notre échange a été l’occasion d’évoquer son handicap. Elen m'a expliqué qu’elle ne pouvait ni téléphoner ni utiliser la visioconférence, ce qui représente un défi dans le monde du travail actuel. Cependant, elle avait déjà réfléchi à des solutions : utiliser principalement les e-mails et préciser dans sa signature qu’elle préfère les discussions en présentiel.

« Elle avait déjà réfléchi à des solutions »

Elen a ensuite passé du temps avec le reste de l’équipe, et j’ai pu observer à quel point chacun était fier de lui présenter son métier et son rôle au sein du projet. Les échanges étaient riches et bienveillants. Mes collègues ont aussi posé des questions à Elen pour mieux comprendre son quotidien, et elle a répondu avec beaucoup de sincérité et d’humour, ce qui a permis de dédramatiser la question du handicap.

La journée s’est achevée sur une note positive. J’ai eu l’impression que chacun, que ce soit Elen, mes coéquipiers ou moi-même, avait retiré quelque chose de cette expérience. C'était comme si, pendant une après-midi, deux mondes s’étaient rencontrés et compris. Cette rencontre a permis de renforcer non seulement notre cohésion d’équipe, mais aussi notre sensibilité à l'importance de l'inclusion.

Récemment, en lisant Le cri de la mouette de la comédienne Emmanuelle Laborit, première femme sourde à avoir obtenu un Molière, un passage m’a rappelé Elen. À la question "Quel don de la nature aimeriez-vous posséder ?" du célèbre questionnaire de Proust, Laborit répond : "Je l’ai déjà, je suis sourde". C’est exactement le sentiment que j’avais eu en présence d’Elen : son handicap n'est pas un frein, mais une caractéristique singulière qui la pousse à innover et à trouver des solutions. »

Focus sur la journée d’étude « De l’inclusion sociale à l’inclusion professionnelle »

Deux questions à… Laetitia Felder, chargée des carrières et référente Unistra pour le Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP) à la Direction des ressources humaines (DRH).

Quel est le principe de la journée d’étude organisée lundi 18 novembre ?

Intitulée « De l’inclusion sociale à l’inclusion professionnelle : état des recherches sur le handicap », elle se déroulera à la Faculté de psychologie. C’est la première fois que nous intégrons un tel événement réflexif au programme de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (Seeph). Son but : proposer un état des lieux des recherches sur la thématique handicap et travail à l’Université de Strasbourg. La recherche sur ces thèmes de l’inclusion, des leviers et des freins à l'emploi… est riche dans notre établissement. En témoigne le panel de chercheuses et chercheurs qui interviennent pour ces restitutions, issus du Laboratoire de psychologie des cognitions (LPC, organisateur), mais aussi du Bureau d’économie théorique et appliquée (Beta), du Laboratoire image, ville, environnement (Live), du laboratoire Sport et sciences sociales (E3S), du Laboratoire interuniversitaire des sciences de l’éducation et de la communication (Lisec)…
Cette journée est ouverte à la communauté universitaire et aux professionnels du secteur, sur inscription. Nous gageons que la conférence du soir intéressera, quant à elle, le grand public. Elle portera sur le thème « Minorités et majorités au travail : qui bénéficie réellement des politiques de diversité ? » et sera présentée par Julia Oberlin, de l’Université libre de Bruxelles (de 18 h à 20 h).
La vice-présidente Ressources humaines et dialogue social, Elisabeth Demont, a initié cette journée, dont Camille Sanrey, du LPC, porte la coordination scientifique. Du côté de la DRH, nous nous occupons des aspects organisationnels et logistiques.

Pouvez-vous nous rappeler l’historique de l’Unistra vis-à-vis de la Seeph ?

L’Unistra et son Réseau handicap & travail s'y inscrivent depuis 2018, avec une montée en puissance progressive et un programme qui n’a cessé de s’étoffer au fil des participations. L’ambition est double : faire tomber les freins à l’emploi des personnes en situation de handicap, et changer le regard. Les deux dernières éditions ont particulièrement bien fonctionné, avec des animations originales, comme l’escape game, en 2022, ou le dîner dans le noir, en 2023.
L’objectif de la Seeph est le même que celui qui m’anime dans mes fonctions de référente FIPHFP* : contribuer à la prise en compte des questions de handicap au travail au sein des entités de l’université. Dans ce cadre, j’anime le Réseau handicap & travail. Ses six membres sont d’ailleurs conviés à la journée d’étude, de même que nos partenaires du FIPHFP, du contrat de site, de Cap emploi, des Établissements et services d'accompagnement par le travail (Esat) locaux…

Propos recueillis par Elsa Collobert 

* L’Unistra est signataire depuis 2018 d’une convention avec le FIPHFP, renouvelée en 2022

Catégories

Catégories associées à l'article :

Changer d'article