Par Elsa Collobert
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S'acclimater aux enjeux de la transition soutenable, ce n'est plus une option !

Dans la nouvelle offre de formation, l'objectif est clair : à partir de la rentrée de septembre 2024, qu'ils soient en arts, lettres, ingénierie, chimie ou droit, tous les étudiants passés par l'Université de Strasbourg auront été formés aux enjeux de la Transition écologique pour un développement soutenable (TEDS). Une formation par ruissellement, passant d’abord par les enseignants et futurs enseignants.

Le système Terre à l'anthropocène, les interactions homme-nature, l'évolution du climat, les modes d'action... A partir des cours élaborés par l'Université virtuelle de l'environnement (UVED), Julien Delord et Roselin Martinez s’attachent à décliner cinq séquences vidéo pour un parcours d’autoformation en ligne. Elles seront, à la rentrée de septembre, à la disposition des étudiants et des enseignants de l’Université de Strasbourg sur Moodle. Qui pourront s’en saisir pour intégrer les enjeux de la Transition écologique pour un développement soutenable (TEDS) à leur formation, directement dans les enseignements du cursus ou en autoformation, à partir d'un test de positionnement

L'enjeu est double : parvenir à moduler approches disciplinaires et interdisciplinaires, et donner un niveau d'information tout à la fois accessible et documenté pour satisfaire un étudiant de licence à profil littéraire ou scientifique, souligne Julien Delord. Enseignant, rompu à la didactique des sciences, il a été embauché cette année aux côtés de Roselin Martinez pour former enseignants et futurs enseignants aux défis de la TEDS. Un poste à enjeu quand on considère l’importance du sujet, pour les générations actuelles et futures, qui nécessite d’adopter une perspective globale.

Conscientiser, davantage que sensibiliser

Lui et Roselin Martinez sont deux maillons-clés de l'intégration des TEDS (l’acronyme privilégié par le ministère au « DD&RS ») dans l'offre de formation Unistra et de son infusion à toutes les strates. Elle est ingénieure techno-pédagogique, rattachée à l’Institut de développement et d’innovation pédagogiques (Idip) ; il est enseignant, au temps de travail réparti entre l’Institut national supérieur du professorat et de l'éducation (Inspé) et les autres composantes*. En premier cycle, l’objectif est de conscientiser les étudiants, les doter tous d'une littératie en la matière.

Dans sa note de cadrage pour l’élaboration des nouvelles maquettes pédagogiques, le ministère préconise une formation de 30 heures pour le premier cycle, privilégiant l'apprentissage par l'action, recontextualise Sophie Kennel, directrice de l’Idip. Le travail s'effectue à deux niveaux : d'abord, fournir à tous les étudiants un socle de connaissances et compétences, et valoriser leur engagement ; puis l'approfondissement, au niveau master, en fonction des besoins de la discipline. « Différentes certifications sont envisagées par le ministère pour reconnaître les compétences acquises, le format hybride étant privilégié ».

Afin d’outiller les enseignants Unistra, Julien Delord et Roselin Martinez, le binôme aux profils complémentaires, s’emploie aussi à élaborer un référentiel de compétences, fondé sur le Green Comp de l'Union européenne. A ces compétences, très transversales – agir en responsabilité et de manière éthique, saisir la complexité et le caractère systémique des changements, agir de manière collective, etc. – Julien Delord estime nécessaire d’adjoindre des méta-compétences, telle l'adaptabilité permanente et le jugement critique. Ce cadre étant très large, nous travaillons, à la demande des enseignants, à une déclinaison plus pratique, ajoute Roselin Martinez.

Remettre en question ses propres croyances

Un premier séminaire, « Former aux enjeux de la transition écologique et du développement soutenable », a réuni 140 participants, le 26 janvier dernier, de l’Unistra mais aussi de l’Université de Haute-Alsace, à l’initiative de l’équipe de vice-présidence Formation et parcours de réussite.

Les échéances climatiques sont là, et se traduisent dans tous les corps de métiers

Posant le cadre de l’action sans occulter pièges et limites, Julien Delord y soulignait : Les échéances climatiques sont là, et elles se traduisent dans la réglementation, notamment avec les bilans carbone. Cela s’impose à tous les corps de métiers, de l’immobilier à l’ingénierie, en passant par la comptabilité publique. Jusqu’à présent, l’action a souffert d’un manque de visibilité et d’objectifs clairs. Dans ce cadre, il insiste : Il est crucial de mettre en place un apprentissage transformateur et critique, et à être prêt à remettre en question ses propres croyances dans le processus éducatif, faisant notamment référence au rapport Jouzel (2020).

S’adapter à la rupture en matière de modèle de société

Adapter nos disciplines à la rupture en matière de modèle de société qu’exige la transition écologique, en formant des professionnels experts, innovants et adaptables : c’est tout l’enjeu pour Marie-Pierre Camproux-Duffrène. Elle est responsable du master Droit de l’environnement. Créé en 1976 au sein de la Faculté de droit, de sciences politiques et de gestion, pionnier dans le domaine, il n’a depuis cessé d’évoluer pour rester en phase avec les défis de son époque. Nouvelle formation débutant à la rentrée, le master 2 Communication des entreprises – Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) a, lui aussi, su capter un besoin : Des enseignements existaient depuis 2018, et en ouvrant cette formation en alternance, nous répondons à une demande des entreprises et du grand public en développant des compétences en communication responsable, excluant le greenwashing, souligne sa responsable, Marie Lammert, au sein de la Faculté des lettres (lire aussi l'encadré).

La dynamique se poursuivra avec le séminaire d'été « Enseigner les enjeux socio-environnementaux » (du 8 au 11 juillet prochain) piloté notamment par Charles Boubel et l’IUT Robert-Schuman, invitant à Strasbourg tous les acteurs du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche à un « recul panoramique », en s’étant au préalable a minima formé via une Fresque du climat. Avec ce rendez-vous, nous rentrons en phase opérationnelle, avec la construction d'unités d'enseignement, soulignent Julien Delord et Roselin Martinez. L’idée est aussi d'aller plus loin en formation, en accompagnant la création d’un module porté par la mission DD&RS, à destination des personnels, pour toucher toute la communauté universitaire.

  • Les cours déjà disponibles sont sur Moodle Air > Me former > Agir en citoyen responsable

* Postes financés via Sensus et AMI IdEX Formation

Onze retours d'expériences inspirants

Lors du séminaire du 26 janvier, afin de créer un cadre propice à l’interconnaissance, à l’échange et à l’action, onze retours d’expériences ont été réalisés. D’un nouveau module de 24 h conçu par dix enseignants à la croisée des disciplines (chimie, physique, sciences de la Terre et mathématique-informatique) à destination d’un public de L1/L2 ; des projets interdisciplinaires en environnement rassemblant depuis quinze ans autour de projets concrets des étudiants interfacultés ; la menée de projets écoconçus en biotechnologies (à l’Ecole supérieure de biotechnologie de Strasbourg) ou design (à la Faculté des arts) ; l’association des étudiants à la conception d'une unité d’enseignement pour y intégrer la question des milieux naturels (à l’Ecole nationale du génie de l'eau et de l'environnement)… Les enseignants ont pu témoigner que, même s’ils partent en ordre dispersé, la prise en compte des TEDS ne date pas d’hier. Nombre d’entre eux témoignent d’une approche interdisciplinaire et ouverte aux partenaires extérieurs, se félicite Sophie Kennel.

A la Faculté des lettres, on se forme à la comm' responsable en alternance

Les cours débuteront en septembre prochain, mais le recrutement est déjà en cours : doté de quinze places, le master 2 Communication des entreprises - Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est un parcours de la mention Sciences du langage. C’est une double particularité de la formation, souligne sa responsable, Marie Lammert  S’ouvrir à une thématique relativement nouvelle, qui plus est en alternance – une première à la Faculté des lettres.

A l’origine : un module de 24 h par semestre, proposé depuis 2018 au sein du master. Privilégiant l’approche par projets, il a notamment permis aux étudiants de développer des mesures incitatives, type nudges, pour la Faculté des lettres, dans le cadre d’un projet Université-Cité.

L’ouverture d’un parcours de master à part entière répond à un besoin des entreprises, dont plusieurs ont apporté leur soutien à l’ouverture de la formation (Électricité de Strasbourg, Hager Groupe...).

La RSE est devenue une nécessité incontournable dans le contexte de transformation actuel

Toutes témoignent du besoin de se doter d’experts de la communication éthique, formés à toutes ses dimensions : interne et externe, engageante, numérique et audiovisuelle, ainsi qu’à l’évaluation de la communication. La RSE, qui consiste en l'intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales, est devenue une nécessité incontournable dans le contexte de transformation actuel, et laisse espérer une bonne insertion professionnelle aux diplômés.

2024-2028 : une nouvelle offre de formation pour quatre ans

Co-construite, la nouvelle offre de formation permet à chacune et chacun de composer un parcours universitaire adapté à son profil, ses talents et ses aspirations, tout en répondant aux défis de la société de demain.

Elle est déployée pour quatre ans, à compter de la rentrée universitaire de septembre 2024. Retour, à travers un dossier, sur ses caractéristiques et axes forts.

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