Par Elsa Collobert
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Avec les petites mains de la cérémonie des thèses

Vendredi 21 juin, 487 docteurs ont officiellement reçu leur diplôme de doctorat de l'Université de Strasbourg. Sécurité, photos, logistique, retransmission... Depuis des mois, une petite équipe est au four et au moulin pour faire vivre une cérémonie inoubliable aux jeunes diplômés et à leurs proches. Plongée dans l'envers du décor d'un moment à la portée symbolique forte.

8 h 30

Depuis déjà une demi-heure, ça s'affaire dans l'aula du Palais universitaire. Manon et sa sœur jumelle Maria ont été recrutées comme vacataires étudiantes pour l'occasion, aux côtés de Yedi et Anna. Leur tâche : installer 600 chaises, livrées la veille, en un alignement parfait : toute une science, parmi laquelle calcul et géométrie ne sont pas des moindres atouts !

La cérémonie se doit d'être la plus parfaite possible, pour les 300 docteurs environ qui font le déplacement. Chacun a droit à deux invités, pas plus, explique Sara Wybo, chargée d'événements à la Direction de la communication, cheffe d'orchestre de cette cérémonie depuis maintenant trois ans.

La gestion d'un tel événement ne s'improvise pas : Joëlle Hubé, responsable du Collège doctoral et à ce titre en charge de la gestion des invitations, souligne : Presque la moitié des 487 diplômés sont internationaux, certains reviennent à Strasbourg exprès alors qu'ils ont déjà trouvé du travail, dans la recherche, dans le privé ou le public... Dehors, c'est le moment des derniers repérages entre photographes devant le Palais universitaire.

10 h

Une opération délicate est en cours : l'installation d'un écran géant de 6 m sur 3 m, qui ravira temporairement la vedette à la statue de Ramsès. On a l'habitude de gros événements, mais même à notre échelle, c'est un moment fort, sourit Olivier Dantzer, responsable adjoint du Département audiovisuel (DAV) de la Direction du numérique. Aujourd'hui, son équipe de sept personnes est secondée de celle de la société spécialisée Lagoona. Nous nous occupons de la captation vidéo et de la retransmission ; eux de l'éclairage, de la sonorisation et de la scénographie. Tout doit être prêt pour 13 h.

Le tout est installé selon un plan strict, validé par le Service prévention sécurité environnement (SPSE). C'est plus ou moins la même configuration chaque année, mais dès qu'il y a le moindre changement, il faut le signaler en amont, décrit Jérôme Kremser, depuis peu assistant de projets événementiels à la Direction des affaires logistiques intérieures (Dali). Dans la configuration d'aujourd'hui, on atteint la capacité maximale de places assises du Palais U, bâtiment géré par la Dali. Pour son baptême du feu, Jérôme Kremser a une check-list bien fournie, notamment établir le contrat avec la société de sécurité et faire le lien avec les appariteurs. La difficulté pour cet événement réside dans le fait que le bâtiment continue à être accessible au public : les cours restent la priorité.

13 h

En salle 27, c'est l'effervescence : les directrices et directeurs des dix écoles doctorales arrivent au compte-goutte pour revêtir leurs toges, préparées à l'avance sur un portant. Ces habits officiels, rarement revêtus, sont commandés dès le mois de mars à un prestataire, et réceptionnés la semaine dernière, décrit Sara Wybo, la chargée d'événement, sauf celles de droit qui sont conservées à la faculté. Il faut bien vérifier que tout est là, sachant qu'il n'existe que deux tailles, ce qui peut être limitant !

À chaque école doctorale sa couleur : Attention à ne pas confondre les nuances de rouge : on parle d'amarante pour les sciences, groseille pour la médecine et la pharmacie, écarlate pour le droit et l’économie.

Il faut parfois un peu d'aide pour ajuster correctement ceinture, rabat et épitoge ! Chacun y va ensuite de son selfie pour immortaliser le moment.

Toute cette organisation bien huilée est lancée en janvier, au lendemain de la cérémonie des voeux, reprend Sara. Il faut commencer par bloquer la date dans l'agenda du président. Difficulté supplémentaire cette année : la cérémonie tombe le jour de la Fête de la musique.

14 h

Passé un petit temps de latence pour déterminer qui assurera au pied levé le portage de la masse, c'est finalement derrière Quentin Menigoz que la procession s'engage dans l'allée centrale de l'aula, sous tous les regards et les flashes des téléphones : Il est d'usage que le cortège soit guidé par la jeunesse (vice-président Vie universitaire ou engagé dans une association), ouvrant la voie au corps professoral. C'est symboliquement fort, me confiera plus tard en aparté le chef de cabinet, qui assure le rôle de massier pour la seconde fois. On a connu des éditions caniculaires. Je me souviens d'une année où l'on a dû courir en urgence acheter des bouteilles d'eau et des brumisateurs.

Si ce rituel semble immuable, il est en fait plutôt récent. La toge a cessé d'être portée en 1968, et c'est au moment de la fusion, en 2009, qu'une telle cérémonie a été instaurée, à la suite de ce qui existait déjà à l'Université Louis-Pasteur, précise Joëlle Hubé. Dans ce décorum, le rôle du cabinet est surtout protocolaire, notamment tout ce qui concerne les relations avec le parrain ou la marraine de promotion. C'est la Direction de la communication et le Collège doctoral qui portent l'essentiel de l'organisation, précise encore Quentin Menigoz.

Alors que se succèdent les discours et les docteurs à la tribune, la deuxième équipe du PAD est à la manœuvre pour réaliser un reportage. Pour rythmer les séquences, les chants de l'Ensemble vocal universitaire de Strasbourg (EVUS) ont été soigneusement sélectionnés : Il ne s'agirait pas que tout le monde s'endorme !, sourit Joëlle Hubé. Avec « All you need is love », ils saupoudrent la cérémonie d'une bonne dose d'amour !

16 h

Bien loin d'une soporifique après-midi, la cérémonie menée tambour battant s'achève déjà ! Son format a évolué au fil du temps, avec une durée réduite pour la dynamiser, précise Sara Wybo. Auparavant appelés un par an à la tribune, les docteurs se déplacent désormais par école doctorale pour recevoir leur étole individuelle, aux couleurs de l'université, et tous les noms défilent sur écran. Cela a l'avantage de satisfaire tout le monde : les familles car la cérémonie est plus condensée, et cela permet de mentionner les absents.

Après le clin d'œil de sa propre remise de diplôme au président Michel Deneken, et les remerciements adressés à toutes les personnes œuvrant dans l'ombre, c'est déjà l'heure de l'immanquable photo sur les marches du Palais U. Quelques pigeons jouent les invités surprises. La plus belle récompense, c'est finalement de voir tous ces sourires sur les visages qui nous entourent, glisse Joëlle Hubé.

Les prix de thèse 2024

  • Prix de la Société des amis des universités de l'Académie de Strasbourg

Anna Duval, Laboratoire Immuno-Rhumathologie moléculaire (IRM, Unistra, Inserm), « Étude de la génétique du complément dans la néphropathie à dépôts mésangiaux d'IgA et de son implication en clinique »

Armando Espinosa Prieto, Laboratoire image, ville, environnement (Live, CNRS, Unistra, Engees), « AquADN – L’ADN environnemental comme descripteur des plantes des zones humides et indicateur environnemental »

Alexandra Helleux, Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC (CNRS, Inserm, Unistra), « Analyses multiomiques et fonctionnelles du carcinome rénal à cellules claires (CCRcc) et du carcinome rénal à translocation (CRT) »

Maxime Hourtoule, Institut de chimie de Strasbourg (CNRS/Unistra), « Réactivité des N-allénamides : synthèse de briques moléculaires azotées fluorées inédites »

Lucie Martin, Unité de recherche de théologie catholique et de sciences religieuses (Unistra), « Introduction, texte critique, traduction et commentaire »

Caroline Perrin, Laboratoire de recherche en gestion et économie (Large, Unistra), « Essais sur le genre et la finance »

Lazare Saladin, Laboratoire de bioimagerie et pathologies (CNRS, Unistra), « Développement de nouvelles sondes photomodulables basées sur la photooxydation dirigée et leur application en bioimagerie »

Luca Sestini, Laboratoire des sciences de l'ingénieur, de l'informatique et de l'imagerie (ICube, CNRS, Unistra, Insa, Engees), « Méthodes d'apprentissage pour la segmentation d'instruments chirurgicaux sur jeux de données non étiquetés »

Corentin Voisin, Laboratoire Archéologie et histoire ancienne : Méditerranée-Europe (Archimède, CNRS, Unistra, Université de Haute-Alsace), « Archéologie et histoire des influences orphiques et pythagoriciennes, de l'Italie méridionale à l’Étrurie »

  • Prix de la Commission de la recherche de l'Université de Strasbourg

Doha Bemmouna, Laboratoire de psychologie des cognitions (LPC, Unistra), « La dysrégulation émotionnelle chez les adultes sans déficience intellectuelle. Caractéristiques et traitement par la thèrapie comportementale dialectique »

Victoria Callet, Institut de recherche mathématique avancée (Irma, CNRS, Unistra, Inria), « Modélisation topologique des structures et processus musicaux »

Basile Coron, Institut de recherche mathématique avancée (Irma, CNRS, Unistra, Inria), « Invariants algébriques de matroïdes et opérades généralisées »

Tristan Guyomar, Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC, CNRS, Inserm, Unistra), « Rôles de la dynamique du cortex d’acto-myosine dans l’auto-organisation des organoïdes »

Elena Perez, Centre d’analyse des rhétoriques religieuses de l’antiquité (Carra, Unistra), « La poésie de naissance en France (1457-1575) »

Pablo Roseiro, Institut de chimie de Strasbourg (CNRS, Unistra), « Le rôle des environnements couche ouverte dans la spectroscopie d'architectures de spin complexes : études fonction d'onde »

Timothée Stoerkler, Institut de chimie et procédés pour l’énergie, l’environnement et la santé – Icpees (CNRS, Unistra), « Ingénierie moléculaire de fluorophores présentant un processus de transfert de proton intramoléculaire à l'état excité (ESIPT) : d'une émission induite par l'agrégation vers des émetteurs fluorescents en solution et à l'état solide »

Anouch Tamian, Institut pluridisciplinaire Hubert-Curien (IPHC, CNRS, Unistra), « Effets des variations climatiques et de disponibilité alimentaire sur les réponses phénotypiques et démographiques d’un rongeur hibernant, l’écureuil terrestre du Columbia »

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