Par Elsa Collobert
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Pap Ndiaye : « C'est un honneur d'être le parrain de la promotion 2023 des docteurs »

Parrainer la promotion 2023 des docteurs de l'Université de Strasbourg : Pap Ndiaye succède dans cette tâche à Bogumila Kaniewska et Andrea Schenker-Wicki*, marraines des promotions 2022 et 2021. Entre portée symbolique de la fonction et souvenirs de ses années d'études, l'ambassadeur, Représentant permanent de la France auprès du Conseil de l'Europe, ancien ministre, se livre, à la veille de la cérémonie de remise des diplômes.

Que représente pour vous la mission de parrain de promotion ?

C'est un rôle que j'endosse pour la première fois. J'en suis honoré, moi qui suis professeur des universités. J’ai enseigné à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et Sciences Po, et je reste très attaché au monde de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Qu'est-ce que cela implique, concrètement ?

C’est très simple : prononcer un discours lors d'un moment très attendu par les jeunes diplômés que nous célébrons ce vendredi 21 juin !

Sa préparation a été, pour l'historien que je suis, l'occasion de me replonger dans le riche passé de l'Université de Strasbourg, unique à l'échelle du pays. Par une coïncidence de date, nous venons de commémorer les 80 ans de la mort de Marc Bloch, passés un peu dans l’ombre de l'anniversaire du Débarquement. Il fut fusillé le 16 juin 1944, à l'âge de 57 ans (6 juillet 1886 - 16 juin 1944). Son livre L’Étrange défaite, écrit en 1940, est un chef d’œuvre à méditer sur l’engagement du savant.

Dans votre parcours personnel, avez-vous un souvenir similaire, une expérience de remise de diplôme marquante ?

Les remises de diplôme étaient rarissimes en France à mon époque, mais j’en ai connu aux États-Unis, où j’ai longtemps étudié. Je reste marqué par un échange avec Simone Veil, en 1995 à l'Université de Pennsylvanie, où elle prononça un magnifique discours pour les diplômés de l’année. En tant que francophone, on m'avait chargé de lui servir de guide. J'avais beau avoir 30 ans et être tout juste docteur en histoire, j'ai été très marqué par cette femme admirable.

Je constate que ces cérémonies, très attendues par les docteurs, se développent depuis une dizaine d'années en France. Et je m'en réjouis : c'est un des effets positifs de l'internationalisation de notre université (voir encadré). C'est aussi un moment important pour l'institution, qui s'y reconnaît elle-même, au travers d’un événement positif et valorisant.

Quel message aimeriez-vous faire passer à ces jeunes diplômés ?

Je souhaite éviter d'être trop sentencieux, de passer pour un « daron », comme diraient mes enfants !

Cette remise de diplômes est idéale pour rappeler l'importance de l'engagement citoyen des chercheuses et chercheurs

Mais j'estime que cette occasion est idéale pour rappeler l'importance de l'engagement citoyen des chercheuses et chercheurs, particulièrement dans les temps que nous vivons – crise de la démocratie, réchauffement climatique, guerre en Europe. Comment penser cette articulation entre leurs travaux et ce niveau plus global de nécessaire connexion avec la société civile et l’action publique ? Comment s'inscrire dans les pas d'un engagement tel que celui de Marc Bloch ? Le chercheur ne doit pas rester cloitré dans sa tour d'ivoire. Je sais que je serais très différent si je n'avais pas eu cette expérience de la recherche.

J'ai eu l'occasion de l'observer lorsque j'étais ministre : à quel point la recherche modèle des esprits originaux, habiles à imaginer des projets et des chemins qui ne soient pas tracés d'avance. Cette agilité, cette ouverture d'esprit, on en a besoin aux plus hautes fonctions de l'État. Elles sont peu représentées aujourd'hui, et je le déplore. Mais les choses bougent, y compris à l’Institut national du service public (INSP, ex-École nationale d'administration-ENA).

En tant que représentant permanent de la France auprès du Conseil de l'Europe, je ne vis pas dans une bulle, je suis en dialogue avec les institutions qui nous entourent. En témoignent mes liens récemment noués avec le président de l'Université de Strasbourg Michel Deneken ou encore la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) et les collectivités.

* Respectivement rectrices de l'Université Adam-Mickiewicz de Poznan (Pologne) ; et de l'Université de Bâle (Suisse), présidente d'Eucor - Le Campus européen

En chiffres

47 %

C'est la part de docteurs internationaux dans la promotion 2023 (les internationaux représentent 20 % des diplômés de l'Unistra, tous niveaux confondus)

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