Johann Böhm récompensé pour ses travaux sur la myopathie à agrégats tubulaires
Ce samedi 17 juin, Johann Böhm, directeur de recherche Inserm à l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC - CNRS/Inserm/Unistra), a reçu le prix de l’Académie rhénane dans la catégorie science au Cercle Mess de Strasbourg. Il vient récompenser ses travaux sur la myopathie à agrégats tubulaires. Une maladie qu’il suit depuis 10 ans, de l’identification de ses bases génétiques, à l’élaboration de preuves de concepts thérapeutiques, en passant par la compréhension de son développement.
C’est un honneur pour moi
, sourit Johann Böhm. Originaire d’Allemagne, le directeur de recherche Inserm réalise sa thèse à Fribourg avant de traverser le Rhin pour un post-doctorat à l’IGBMC qu’il ne quitte plus. Il dirige un sous-groupe au sein de l’équipe Physiopathologie des maladies neuromusculaires de Jocelyn Laporte.
Le calcium impliqué
Depuis 10 ans, les travaux de Johann Böhm portent sur la myopathie à agrégats tubulaires. Le chercheur compte parmi les premiers à étudier la maladie d’un point de vue génétique et à identifier les mécanismes à l’œuvre. Cette maladie rare qui touche le muscle débute généralement à l’adolescence et se traduit par des difficultés à courir, à monter l’escalier, se lever… beaucoup de patients finissent en fauteuil. Nous n’avons pas encore assez de recul pour déterminer si la maladie diminue l’espérance de vie. Elle est toutefois moins virulente que d’autres myopathies, comme la myopathie centronucléaire qui réduit – pour les formes les plus sévères -l’espérance de vie des patients à deux ans.
Côté muscle, cette myopathie se traduit par des agrégats de membranes sous forme de tubules dans les fibres musculaires. Ce défaut de structure entraine des problèmes au niveau de la contraction musculaire qui ne peut plus se faire normalement
, détaille Johann Böhm. En cause, STIM1, un gène majeur associé à la maladie. Il est un régulateur du calcium qui induit la contraction musculaire. Chez les malades, ce calcium est présent en trop grande quantité dans les fibres musculaires. Le gène constitue ainsi une cible thérapeutique permettant de bloquer l’entrée du calcium dans les fibres.
Une preuve de concept
Après avoir étudié sur un modèle animal les étapes de la maladie, les chercheurs sont parvenus à concevoir un traitement. Ciblant un canal calcique, il permet aux animaux de recouvrer une capacité musculaire quasi-normale. Nous avons une preuve de concept qui a donné lieu à la publication d’un brevet.
Prochaine étape : développer un traitement pour l’homme. Il faudra notamment déterminer si l’on peut traiter la maladie avant son apparition et voir si une fois déclarés, les signes de la maladie sont réversibles.
Trois millions de personnes sont touchées par les maladies rares, c’est plus que le cancer et la maladie d’Alzheimer réunies
Johann Böhm souhaite également s’intéresser aux autres gènes impliqués dans la myopathie à agrégats tubulaires afin de trouver une thérapie commune à toutes les formes de la maladie. Cela peut également être intéressant pour les autres maladies liées au calcium comme la pancréatite. Lorsqu’on trouve un traitement pour une maladie rare, cela peut potentiellement permettre de traiter d’autres maladies du muscle ou du vieillissement pour lesquelles le muscle joue un rôle important
, rappelle le chercheur qui conclut : Il existe au total 7 000 maladies rares en France dont 400 maladies neuromusculaires. Trois millions de personnes sont touchées par les maladies rares, c’est plus que le cancer et la maladie d’Alzheimer réunies. Cela nous concerne tous.
Le prix science de l’Académie rhénane
Mettant en valeur l’excellence alsacienne, le prix science de l’Académie rhénane vise à apporter reconnaissance et encouragement à son lauréat, plutôt que consécration d’une carrière déjà prestigieuse. D’autres scientifiques de l’IGBMC ont été lauréats dans cette catégorie : Agnès Bloch-Zupan, en 2017 et Hélène Puccio, en 2014. L'académie décerne également d’autres prix thématiques dans les catégories arts, littérature et musique.
Mots-clés
Mots-clés associés à l'article :