Par Elsa Collobert
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« Avec cet orchestre, tout est possible »

A l'issue d'une saison anniversaire partagée avec son homologue Eric Staiger, Mauro Mariani a été choisi pour être le nouveau chef et directeur artistique de l'Orchestre universitaire de Strasbourg (OUS). Il succède à Corinna Niemeyer, qui dirigeait l’orchestre depuis 2010. Entretien, à l'orée d'une nouvelle saison prometteuse.

Comment s'est passée votre dernière saison musicale à la tête de l'OUS ?

La dernière saison anniversaire des 60 ans de l'OUS était un peu particulière, puisque nous avons partagé la direction, avec Corinna Niemeyer, titulaire du poste, et Eric Staiger. Nous étions tous les deux chefs invités pour un an, nous nous connaissons bien. Nous avons été formés à la Hochschule für Musik Franz Liszt de Weimar (lire aussi l'encadré). Nous étions en compétition pour le poste, mais toujours avec respect et en nous soutenant mutuellement.

Concrètement, pendant un an, nous avons partagé la programmation de saison et la direction de l'orchestre ; à l'European Student Orchestra Festival (ESOF) de Toulouse, chacun a dirigé un des mouvements des Danses symphoniques de Rachmaninov, avec la participation de Corinna Niemeyer. Nous partagions la scène avec l’orchestre de Coimbra (Portugal).

Nous avons beaucoup appris auprès de Corinna, grâce à ses dix ans d'expérience à la direction de l'OUS. C'était parfait comme période transitoire, car je n'aurais pas pu assumer une saison entière, ni Eric. D'ailleurs, quand le vote de l'orchestre, en fin de saison, m'a désigné pour succéder à Corinna, j'ai proposé à Eric de continuer à fonctionner en binôme. Mais pour des raisons pratiques et d’autres engagements, c'était trop compliqué d'organiser cela.

Qu'est-ce qui vous a poussé à postuler pour prendre la tête de cette formation ?

Je n'ai pas tout de suite décidé de candidater quand j'ai vu l'offre d'emploi. Mais son professionnalisme, le niveau de l'orchestre dont j'ai pu me rendre compte en visionnant des vidéos, et la très bonne réputation de Corinna Niemeyer, formée auprès d'un professeur réputé de Zurich, m'ont décidé à tenter ma chance.

Quel est votre sentiment, alors que la saison commence tout juste ?

J'ai construit le programme à partir d'une wish list* établie par les musiciens : L'apprenti sorcier de Dukas, Roméo et Juliette de Tchaïkovski, Un américain à Paris de Gershwin. Des pièces à la coloration très diverse, ce qui va constituer un bon test pour la suite de saison. C'est important d'avoir derrière soi une équipe motivée pour me suivre dans mon projet pour l’orchestre. Dans les prochaines années, j'aimerais augmenter le niveau technique, pour pouvoir jouer de grandes symphonies.

Pour ce qui est de la motivation, de l'envie, elle est là, j'ai eu l'occasion de m'en rendre compte l'année dernière. Beaucoup de membres de l'OUS en font partie depuis longtemps, certains qui étudient maintenant à Nancy reviennent spécialement pour jouer. Après une répétition, nous allons systématiquement boire un verre ensemble, et nous partageons deux week-ends de travail par saison, pour encore renforcer notre cohésion et le son collectif de l’orchestre. Quand les gens se connaissent, ils jouent mieux ensemble ! De nombreuses amitiés se sont nouées au fil du temps, l'OUS compte des couples mariés dans ses rangs ! Tout est possible avec cet orchestre, sa plus grande force c'est son énergie et son ambition.

Cette année, nous avons surtout recruté pour les cordes. Une soixantaine de personnes ont passé les auditions, signe de l'attractivité de l'orchestre.

En deuxième partie de saison, nous partirons en tournée dans le sud de l'Europe, nous jouerons avec d'autres orchestres universitaires.

Vous ne serez pas en permanence à Strasbourg. Comment allez-vous vous organiser ?

C'est la vie d'un chef d'orchestre européen de changer sans cesse de ville et même de pays ! Je connaissais peu la ville, où je n'avais eu l'occasion de venir qu'une seule fois, pour une représentation de Don Carlo à l'opéra. Je découvre une ville idéale, à taille humaine, culturellement très riche, bien connectée. L'occasion parfaite pour un jeune chef de développer son réseau ! J'y suis en général un jour par semaine, pour les répétitions, également pour les concerts, qui débutent le 30 novembre.

* Liste de souhaits

En chiffres

75 musiciens forment l'OUS

Itinéraire d'un jeune chef européen

Mauro Mariani grandit en Italie. Issu d'une famille de musiciens, il étudie le violoncelle et la clarinette depuis l'âge de 7 ans. Au lycée, il décide de suivre la voie de la direction d'orchestre, sur les traces de son père.

Participation à des orchestres de jeunes, des chœurs, stages orchestraux à travers l'Europe rythment ensuite sa vie de jeune musicien cosmopolite.

Il étudie actuellement la direction d'orchestre depuis quatre ans à Weimar (Allemagne) et il a l'intention de se relocaliser bientôt à Bâle, dès sa formation terminée. Il est aussi chargé de cours à Magdebourg (Allemagne) depuis 2020 : il y enseigne la musique et le solfège aux non spécialistes. Il y dirige en parallèle l'orchestre universitaire.

Cette direction de l'OUS m'offre l'opportunité de parfaire mon français, que je n'ai jamais vraiment étudié avec rigueur, se félicite-t-il.

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