Par Elsa Collobert
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« Tisser la trame des métiers et compétences de demain »

1 300 personnes ont assisté mardi 16 janvier aux Rencontres économiques, au Palais de la musique et des congrès (PMC). Thématique cette année : les transformations du travail, dans un contexte de crises et de mutations permanentes, et la nécessaire adaptation des compétences.

Réfléchir ensemble à travers des témoignages inspirants : c'est l'objectif des Rencontres économiques, qui réunissent chaque début d'année les forces vives du monde économique et des collectivités, investies au service du dynamisme du territoire. Après l'ouverture de la soirée assurée par Pia Imbs, présidente de l'Eurométropole de Strasbourg, les grands témoins et leurs invités se sont succédé sur la scène du PMC, pour livrer éléments de réflexion et pistes de réponses aux défis de notre temps.

IA générative et télétravail

La montée en puissance de l'intelligence artificielle générative, la place croissante du télétravail et des organisations hybrides (mêlant présentiel et distanciel), la quête de sens de la nouvelle génération, l'accélération des temporalités de nos activités, des transformations qui ne touchent plus seulement les activités industrielles mais celles des cadres... Tels sont ces défis énumérés par les intervenants, qui rebattent comme jamais les cartes de nos vies professionnelles. Et changent aussi le paradigme pour les employeurs : dans ce contexte, comment mobiliser ses collaborateurs ? Les fidéliser ?

Ainsi, combien d'employeurs avez-vous eu au cours de votre vie ?, lance à l'assemblée Fabien Schmitt, animateur de la soirée aux côtés d'Emilie Schmitt. Il cite une étude récente selon laquelle ceux qui rentrent aujourd’hui sur le monde du travail en connaîtront entre 6 et 13, soit beaucoup plus qu'avant.

Dans ce contexte d'instabilité croissante et de défis multidimensionnels, quelle réponse se doivent d'apporter les collectivités ? Offrir un cadre de vie et d'habitat, des loisirs, de la culture, du sport..., accompagner les transitions, à commencer par celle touchant à l'écologie, soulignent de concert Pia Imbs et la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian. Cela passe par de l'investissement, pas moins de 3,5 milliards d'euros au niveau local, y compris par le biais des entreprises publiques locales et l'immense levier que représente la commande publique.

Question générationnelle

Ceux qui rentrent aujourd’hui sur le monde du travail connaîtront entre 6 et 13 employeurs

Nouveau sondage à la salle : à quelle génération appartenez-vous, X ? Y ? Z ? Un découpage des âges que remet en cause Emmanuelle Léon, professeure associée de management (ESCP Business School) : Ce n'est pas tant la date de naissance qui compte, mais notre origine sociale, géographique. Et finalement, ne traversons-nous pas tous ensemble les mêmes époques et crises ? Qu'on ait 20, 40, 65 ans, nous pouvons donc tous dire que nous sommes la génération Covid, la génération IA.

Si les softskill (savoir-être) s'imposent de plus en plus comme essentielles, à commencer par la capacité à l’agilité et au leadership, c'est aussi une certaine aptitude à la curiosité permanente et à la formation tout au long de la vie, y compris aux nouveaux outils comme l'IA, qui s'avèrent déterminantes, souligne en vidéo Delphine Theurelle-Stein, enseignante à l'Ecole de management (EM) Strasbourg. Des compétences humaines transversales, non substituables par l’IA.

Les atouts de l'alternance et de la formation continue

Michel Deneken ne dit rien de moins, qui cite comme points forts de l'université son recours croissant à la formation en alternance, et la formation continue. Hugo Spiess, venu témoigner à mes côtés, en est un parfait exemple, souligne le président de l'Unistra. Retourné sur les bancs de la fac à 30 ans, l'alumni Unistra a une intuition alors qu'il est encore en CDI aux DNA : utiliser la block chain pour faire certifier les compétences et les diplômes.

Un tiers de nos ingénieurs est passé par la voie de l'alternance

La réponse trouvée à la Faculté de droit et de gestion et Pépite Etena à la fois pour me former et m'assurer un filet de sécurité lui permet d'être aujourd'hui à la tête d'une prometteuse entreprise, Prosoon, à laquelle s'intéresse la Commission européenne. Vous le savez mais je le rappelle, nous formons aux compétence et métiers d’avenir, souligne Michel Deneken. Citant un chiffre à l’appui : Un tiers de nos ingénieurs est passé par la voie de l'alternance. Un mode de formation qui a le vent en poupe dans le supérieur.

Jean-Luc Hoffmann, président de la Chambre des métiers d'Alsace (CMA), qui rejoint le triumvirat organisateur des Rencontres économiques*, abonde, redisant l’importance de la transmission de savoir et de savoir-faire entre générations. Une conviction que partage l'Alsacienne Anne Geisert. La directrice générale de Miele France (ex-DG de Mars) livre son témoignage sur l'importance d'acculturer les jeunes au monde de l’entreprise et ses divers métiers, bien souvent insoupçonnés. C’est lorsque nous avons commencé à échanger avec la mairie du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), où est implanté Miele, qu’on nous a dit qu’il fallait faire venir les collégiens chez nous bien avant le stage de 3e, que tout se joue bien en amont quand il s’agit d’égalité des chances. Désormais, sa société accueille régulièrement des stagiaires dès la 5e.

Dans ce contexte aux repères chamboulés, des réminiscences de l'ancien temps perdurent : Le besoin d'un collectif de travail, de la sociabilité et des liens qu'apporte le travail sont ravivés. Car oui, les ressorts de l’engagement et du sens à donner à son activité sont les mêmes pour les individus et les générations, rappelle l'universitaire Emmanuelle Léon. Un message en forme de conclusion pour une nouvelle édition inspirante des Rencontres économiques.

* Ville et Eurométropole de Strasbourg, Université de Strasbourg, Chambre de commerce et d'industrie (CCI)

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