Par Marion Riegert
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Portrait des députés de l’Assemblée nationale, la fin du « nouveau monde »

2022 marque le grand retour des professionnels de la politique et la fin du renouvellement qui avait secoué l’Assemblée nationale en 2017. A travers une note publiée par l’Institut des politiques publiques intitulée « La fin du renouvellement ? Portrait social et politique des députés de la 16e législature », Sébastien Michon, chercheur au laboratoire Sociétés acteurs et gouvernement en Europe (Sage – Unistra / CNRS) et ses collègues proposent une analyse des parcours professionnels et politiques des 577 députés élus en juin 2022 et de ceux de 2017.

La position sociale d’origine

L’Assemblée nationale reste peu représentative de la population, même si le cru 2022 est moins élitiste que celui de 2017, avec un retour des classes populaires : huit ouvriers, dont une femme de ménage et 26 employés, explique Sébastien Michon. Soit 6 % de l’assemblée, contre 45 % dans la population active totale. Ils proviennent essentiellement de la France insoumise et du Rassemblement national. Représentant 50 % des députés, la catégorie des cadres et des professions intellectuelles supérieures est la plus importante.   

La carrière politique

En 2017, l’Assemblée nationale compte 72 % de néo-députés et 28 % de personnes sans expérience politique professionnelle : Un "big bang" politique jamais vu sous la Ve République. Un changement porté essentiellement par l’arrivée d’élus de La République en marche, un parti ayant fait campagne contre la "professionnalisation de la politique". En 2022, le chiffre de personnes sans expérience politique descend à 15 % et seulement 9 % pour Renaissance (ex République en marche). Il y a un retour à la "normale", les carrières politiques des élus actuels ressemblent à celles d’avant 2017. Cela s’explique par le fait que les outsiders d’hier, devenus les sortants d’aujourd’hui, se sont représentés.

La question de la parité

En 2017, 39 % des députés étaient des femmes, contre 37 % aujourd’hui. Depuis la loi sur la parité, la législation est contraignante à ce sujet. Tous les partis ont respecté cette parité, sauf la France insoumise et les Républicains, qui ont payé une énorme pénalité. Même si le chiffre est en baisse, il y a quand même une dynamique paritaire. Au début des années 1990, les femmes étaient moins de 10 % à l’Assemblée nationale. Avant, elles étaient également plus jeunes.

En 2022, pour la première fois, les femmes ont le même âge que les hommes

En 2022, pour la première fois, les femmes ont le même âge que les hommes. Avec des profils de plus en plus similaires à ces derniers : 50 ans, issues de catégories supérieures, très diplômées. Les hommes restent plus expérimentés que les femmes, avec quatorze années d’expérience, contre onze. Un écart moindre qu’en 2017, où elles comptabilisaient en moyenne 6,6 années d’expérience.

Des travaux sur la professionnalisation de la politique en France

Suite à une grande enquête menée de 2015 à 2017 à l’aide notamment d’un financement Idex strasbourgeois, Sébastien Michon, Julien Boelaert et Etienne Olion publient l’ouvrage Métier : député. Enquête sur la professionnalisation de la politique en France. Leur méthode ? Etudier chaque député et reconstituer son profil et sa trajectoire politique année par année, avec un maximum d’informations. Nous avons montré que les acteurs politiques étaient de plus en plus des professionnels de la politique, avec un temps de plus en plus important passé en politique.

L’ouvrage sort mi-avril 2017. Quelques semaines plus tard, Emmanuel Macron est élu président, les législatives donnent lieu à un renouvellement sans précédent. Notre livre est devenu un livre historique, plaisante le chercheur, qui décide de se pencher sur ces nouveaux profils.

Après cette première note publiée à l’Institut des politiques publiques, l’étude des députés de l’Assemblée nationale de 2017 et 2022 se poursuit. Un article est prévu dans une revue scientifique. Il permettra de développer de nouveaux axes d’analyse, comme le cumul d’activité à l’aide de données de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique.

Recherche Data Gouv, un service pour partager ses données

Sébastien Michon est le premier chercheur de l’Université de Strasbourg à avoir déposé un jeu de données dans la collection Unistra de l'entrepôt de données de Recherche Data Gouv. La base de données proposée par le chercheur rassemble les questions posées à l’Assemblée nationale sur le travail détaché au cours de la 14e législature (2012-2017).

Ecosystème au service du partage et de l’ouverture des données de recherche, Recherche Data Gouv a été pensé pour soutenir les équipes de recherche dans leur travail de structuration des données pour les rendre faciles à trouver, accessibles, interopérables et réutilisables. Son ambition ? Devenir un service de l’European open science cloud, offrant un accès au patrimoine des données partagées et ouvertes de la recherche pour favoriser leur réutilisation.

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