Les stéréotypes de genre en débat
Les différences femme/homme sont naturelles, il y a des métiers que les femmes ne peuvent pas faire, être homo ou trans, c'est une maladie… Dans le cadre de la troisième édition de "L'Université en campagne contre les idées reçues" Elise Marsicano et Alexandra Oeser, respectivement sociologues à l’Université de Strasbourg et à celle de Paris Nanterre, sont revenues sur les stéréotypes de genre. Intitulé « T’es un mec, une meuf ? Fais pas genre ! », l’évènement s’est tenu dernièrement à Hautepierre.
Du genre…
Premier point à éclaircir pour Elise Marsicano, la définition du genre : Etre homme ou femme, est-ce une question biologique ?
, interroge la chercheuse du laboratoire Sociétés, acteurs et gouvernements en Europe (Sage – CNRS/Unistra) évoquant une classification basée sur le sexe apparent à la naissance qui est un critère biologique parmi d’autres. Il y a un mode de construction à partir d’un indicateur alors que d’un point de vue biologique, il y a d’autres critères pour classer les personnes. Si l’on se basait sur les caryotypes* par exemple il y aurait plus d’intersexes.
Le genre est un rapport de domination qui construit la différence des sexes
Autre problème, la différence garçon/fille qui commence dès la conception, dans le ventre de la mère et se poursuit avec l’éducation. Statistiquement, on laisse plus pleurer les bébés filles que les garçons. Une émotion interprétée comme de la tristesse chez une fille, sera perçue comme de la colère chez un garçon
, souligne la sociologue qui précise que le sexisme se retrouve dans toutes les classes sociales et tous les milieux.
…au sexisme
Dans les comités de recrutement par exemple, les noms des hommes sont principalement retenus au détriment de ceux des femmes. Plus il y a de monde, plus quelques personnes, souvent des hommes, professeurs, vont capter et orienter les décisions
, précise la chercheuse qui évoque par ailleurs le sexisme à l’université pointé par l’enquête Virage (2015-2016).
Rendre les milieux sociaux racialisés dépositaires du sexisme
Sans oublier le sexisme instrumentalisé à des fins racistes. Cela se nomme le femonationalisme : rendre les milieux sociaux racialisés dépositaires du sexisme tandis que les hommes blancs n’auraient rien à se reprocher. Par exemple, en arguant que le port du voile sert à asservir les femmes. Et ce afin de justifier des actions racistes : envahir un pays ou le boycotter pour libérer les femmes.
L’homophobie et sa pathologisation est aussi liée au sexisme. Deux personnes considérées comme « égales » ne peuvent pas être ensemble, à savoir deux hommes ou deux femmes, ce qui présuppose une différence entre les deux sexes.
Les insultes proférées à l’encontre des homosexuels sont également sexistes. Un homme sera renvoyé au fait d’être une femme
, poursuit la sociologue qui évoque un débat contradictoire intéressant lors de la conférence-débat. « Ce qui montre qu’il y a encore du travail… »
* Le caryotype est une représentation de l'ensemble des chromosomes d'une cellule.
L'Université en campagne contre les idées reçues
L’Université de Strasbourg et la Maison interuniversitaire des sciences de l'homme - Alsace (Misha) en partenariat avec le CNRS et l’Eurométropole de Strasbourg relancent leur cycle de conférences intitulé « L’Université en campagne… contre les idées reçues ! » co-porté par Philippe Gillig et Fleur Laronze.
L’initiative débutée en 2017, et qui s'est poursuivie tous les ans à l'exception de l'année universitaire 2021-2022, fait sortir l’université hors de ses murs. Et ce, en organisant une série de conférences-débats dans des lieux extérieurs à l’université et dans les centres socio-culturels des quartiers excentrés de la ville, afin de rencontrer un public a priori éloigné de l’université. Ce cycle de conférence est lauréat de l’appel à projet France 2030 (IdEx) lancé par l’Université de Strasbourg.
- Retrouvez les captations des rendez-vous précédents et le communiqué de presse.
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