« Le livre est le support naturel de la diffusion du savoir »
Une année placée sous le signe du livre et de la lecture : d'avril 2024 à avril 2025, l'Université de Strasbourg est partie prenante de l'événement « Strasbourg Capitale mondiale du livre ». Mathieu Schneider, vice-président Culture, science-société et actions solidaires, nous en dit plus sur ces quatre saisons foisonnantes d'événements, à quelques jours du lancement avec la Grande lecture, à partir du 23 avril.
Pourquoi s’associer à la manifestation « Strasbourg Capitale mondiale du livre », portée par la Ville et Eurométropole de Strasbourg ?
La première raison est historique. Grâce à Gutenberg, Strasbourg est, avec Mayence, le berceau de l'imprimerie. Cela permit à la région du Rhin moyen et supérieur d’être le point de départ du courant humaniste et, indirectement, cela contribua à la création de notre université. Il n’est donc pas exagéré de dire qu’à Strasbourg, le livre est le trait d’union entre l’histoire de la ville et celle de l’université.
À Strasbourg, le livre est le trait d’union entre l’histoire de la ville et celle de l’université
La deuxième raison résulte d’un choix politique. L’université a été associée au projet dès les prémisses de la réflexion engagée par la municipalité, sur proposition d'Alain Colas, directeur de la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU). L’actuelle municipalité a porté la candidature avec une programmation qui s'est ensuite construite en complicité avec les grandes institutions culturelles et les acteurs du livre et de la lecture du territoire. Notre saison (lire encadré) se raccroche, par ses thématiques, à celle des autres partenaires.
La troisième raison tient à la place du livre dans notre institution. Riche d'1,5 million de références, notre fonds documentaire universitaire est complémentaire de l’important fonds patrimonial de la BNU et de celui des médiathèques de l'Eurométropole. Le livre joue aussi un rôle structurant pour notre institution, en tant que support de la transmission du savoir. En mettant le livre en avant, l’université est pleinement légitime, en tant que lieu d’élaboration, de partage et de transmission de la pensée.
Le livre est-il encore important dans une université, particulièrement à l’heure du numérique ?
Loin de constituer la relique d'un temps révolu, le livre demeure actuel. Les jeunes n’ont pas abandonné le livre, même s’ils préfèrent la liseuse ou le smartphone au support papier. Dans son histoire, le livre n’a cessé d'évoluer et de s'adapter à son époque et aux usages de son temps. La révolution numérique que nous sommes en train de vivre marque juste une nouvelle étape dans cette histoire, mais elle ne tuera pas le livre. Au contraire, comme l’imprimerie de Gutenberg, elle en élargit le rayon d'action et le rend immédiat.
Le livre n’a cessé d'évoluer et de s'adapter à son époque et aux usages de son temps
Plus généralement, les formes de transmission du savoir évoluent, qu'il s'agisse de Moodle ou des bouquets numériques de revues, mais l’ambition reste la même. Ces transformations impactent l’économie du livre, mais aussi son rapport à notre environnement, à travers ses modes de production et de stockage. Ce sont des sujets qui seront abordés lors du colloque de clôture, en avril 2025.
Qui porte la manifestation à l’Université de Strasbourg ?
Le projet est placé sous le double pilotage du Service des bibliothèques et du Service universitaire de l'action culturelle (Suac). Une chargée de projet, Jeanne Arnold, a été embauchée pour coordonner la programmation. Nous voulions n’exclure personne du projet. Aussi, nous avons lancé un appel à contribution. J’ai été heureux de constater qu’une cinquantaine de composantes et de services y ont répondu, proposant des manifestations variées : boîtes à livres, clubs de lecture, ateliers de bibliothérapie, expositions, conférences… Un programme aussi foisonnant qu’enthousiasmant.
Boîtes à livres, clubs de lecture, ateliers de bibliothérapie, expositions, conférences…
Nous avons aussi coordonné notre offre avec celle de la BNU, avec qui nous porterons l'Académie des écrivains. Le financement de la saison s’est fait à partir de l’Idex, qui met 200 000 € pour financer la programmation. A cela s’ajoute un effort réel et volontaire de la Ville, à la fois sur un plan logistique et financier.
Quel va être le calendrier ? Et les temps-forts ?
Notre programmation prévoit des événements grand public, mais aussi des propositions réservées à nos étudiants et nos personnels. Elle s’articule autour de quatre temps forts : la Grande lecture (23-28 avril 2024), l'Académie des écrivains (novembre 2024), le colloque final intitulé « Rencontres internationales autour de l’écologie du livre » (avril 2025) et un Forum des jeunes, lycéens et étudiants, invités à penser le livre de demain.
Comment décririez-vous la ligne de programmation en quelques mots ?
Dans toute la ville, à voix haute, à voix basse, dans toutes les langues : le coup d'envoi de la Grande lecture est emblématique de notre envie de donner à entendre la polyphonie de notre monde, reflet de notre diversité universitaire, qu'elle soit linguistique, culturelle ou disciplinaire.
50 événements, 4 temps forts
- La Grande lecture (23-28 avril 2024) : en déambulant sur le campus Esplanade, des étudiantes et étudiants feront part de leur apprentissage dans la mise en voix de textes théâtraux, ou non théâtraux, en français et en italien. Ces lectures sont le fruit de travaux menés tout au long du semestre grâce à deux ateliers culturels (proposés par le Suac), « Le récit théâtral – atelier de lecture publique et mise en voix » et « Immersion théâtrale… en italien ! ».
- Restitution grand public, vendredi 26 avril, de 15 h à 16 h au Studium (salle 012), 2 rue Blaise-Pascal.
- Lectures spontanées en BU : vendredi 26 avril, les bibliothécaires et leurs lecteurs sont invités à lire à voix haute un texte qui leur tient à cœur : venez faire résonner et/ou écouter les mots des auteurs que vous aimez parmi les livres de vos bibliothèques, dans n'importe quelle langue.
- L'Académie des écrivains réunit, en novembre 2024, des auteurs issus de diverses aires géographiques autour d'un thème d'une brûlante actualité : la défense des droits humains, à commencer par la liberté académique menacée dans le monde. Quelques semaines après les élections américaines, il sera question des fragilités de nos démocraties, de la résilience individuelle et collective, et du rôle ô combien subversif de la littérature. Prolongement et amplification de la résidence Écrire l'Europe, elle fera l'objet d'une édition aux Presses universitaires de Strasbourg (PUS).
- Les Rencontres internationales autour de l’écologie du livre : un événement de la Ville, hébergé à l’Université de Strasbourg (15-17 avril 2025), qui place le livre, sous ses différentes formes et avec ses procédés de confection et de conservation, au cœur des enjeux de la durabilité : qu'est-ce qu'un livre aujourd'hui, ses circulations, ses usages ?
- Tel un fil conducteur, le Forum des jeunes (2024-2025) invite la jeune génération (15-25 ans) à partager sa vision et ses usages du livre, elle qui développe un autre rapport à l'écrit. De quoi terminer cette saison culturelle sur une note d’espoir et d’optimisme, invitant les jeunes à se projeter dans le futur. Inventer le livre de demain, c’est penser la manière dont les individus communiqueront, échangeront et partageront.
Parmi la cinquantaine d'événements portés par les facultés, composantes, services, trois grands cycles de conférences : « L'histoire du livre », « Les Voix de notre monde » (Faculté des langues), « Des plumes pour la justice de notre temps » (Faculté de droit). A noter : l'exposition consacrée aux polices de caractères cyrilliques, en cours à la Bibliothèque des langues (jusqu'au 30 juin) et la présence des illustrations de Tom Gauld dans dix bibliothèques universitaires, à partir du 18 avril (vernissage au Studium le 7 mai).
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