Collégiens et étudiants font la paire le temps d'un concert
Afin d’accompagner les plus jeunes vers l’accès aux études supérieures, un concert réalisé par des collégiens et des étudiants de Strasbourg est programmé le jeudi 12 mai à la Cité de la musique et de la danse à Strasbourg. Une initiative qui s’inscrit dans le cadre du projet d’une Nouvelle approche pour l’orientation post-bac en Alsace (Noria).
Un pied dans le supérieur. Programmé au Conservatoire de musique de Strasbourg, le concert, une réinterprétation de L’Homme armé : une messe pour la paix de Karl Jenkins (lire encadré), va réunir plusieurs acteurs. Premièrement, les étudiants du Département de musique vont s’associer avec l’Orchestre d’harmonie des jeunes de Strasbourg. Trois collèges identifiés Réseau d'éducation prioritaire (REP et REP+) sont également invités et mis à l’honneur : le collège Solignac, situé au Neuhof, le collège Erasme, de Hautepierre, et le collège Sophie-Germain à Cronenbourg.
Les choeurs des collèges
Ce sont les élèves de la chorale de chaque établissement, allant de la classe de 6e à la 3e, qui monteront sur scène accompagnés de leurs professeurs. Une collaboration qui est née en juin 2021, à la demande d’Amanda Hascher. Cette professeur de musicologie à l’Université de Strasbourg et coordinatrice du projet a imaginé ce concert alors qu’elle venait de prendre connaissance du projet Noria, lancé un mois auparavant. Bien que le projet Noria ait, à l’origine, été mis en place pour aider les lycéens dans leur orientation post-bac, il a paru important pour le Département de musique de faire également le lien avec les collégiens. Une démarche que Noria a soutenu en subventionnant le projet.
Les études de musique amènent une meilleure concentration
La coordinatrice vise à sensibiliser ces jeunes avec une approche davantage culturelle et pédagogique. Ça a été prouvé scientifiquement : les études de musique amènent une meilleure concentration, une meilleure écoute
, précise Amanda Hascher. Après avoir contacté une inspectrice académique, comme pour chaque mise en œuvre d’un projet en lien avec l’Education nationale, Amanda Hascher a pu mettre en place cette initiative qui lui tenait à cœur.
Éviter l'autocensure
C’est avec beaucoup d’enthousiasme qu’Amanda Hascher a mené ce projet. Elle souhaite éviter l’autocensure des collégiens vis-à-vis des études supérieures. Un frein qui se manifeste par le profil des établissements accueillant ces jeunes, à savoir des REP et REP+. A travers ce concert, la coordinatrice souhaite se détacher de tous préjugés. L’université existe et elle est accessible pour tous.
Donner le goût à certains, de poursuivre les études dans n’importe quelle discipline
On se dit qu’on peut donner goût à certains, de poursuivre les études dans n’importe quelle discipline et d’être rigoureux dans le travail. Ils doivent comprendre que ce n’est pas le milieu social qui est déterminant mais la volonté et le travail.
Un projet à forte dimension sociale
Il m’a semblé important que ce projet ne se cantonne pas uniquement à un concert glorifié mais qu’il ait une forte dimension sociale, un lien humain, et la musique aide beaucoup dans ces cas-là
, poursuit Amanda Hascher. Outre la présence d’étudiants musiciens, la professeur de musicologie a pu aussi compter sur le soutien de l’Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev). Une présence presque indispensable puisque l’association travaille avec des milliers d’étudiants chaque année pour accompagner les jeunes en difficulté scolaire et créer du lien dans les quartiers populaires. Tous sont présents pour accompagner les collégiens : prendre confiance grâce aux étudiants et progresser dans l’univers musical. Nous avons voulu unifier tous les collégiens pour éviter les distinctions sur scène. Avec le collège Sophie-Germain nous avons créé un t-shirt dont le motif a été dessiné par les élèves. Avec Adrien Schieber, professeur d’arts plastiques du collège, ils ont travaillé sur le thème de la musique
, poursuit l’organisatrice.
- Pour assister à cet évènement, rendez-vous à 19 h à la Cité de la musique et de la danse (1 place Dauphine à Strasbourg).
- En savoir plus sur le projet Noria
Un autre message : la paix
Les jeunes artistes présents sur scène interprèteront L’Homme armé : une messe pour la paix de Karl Jenkins. Cette œuvre prend pour point de départ une chanson profane, d’origine française, antérieure à la Renaissance, qui a été reprise de multiples fois à travers les siècles. En 1999, l’artiste britannique revisite ce chant en hommage aux victimes de la guerre du Kosovo. Aujourd’hui, elle est reprise par choix personnel d’Amanda Hascher qui est elle-même anglaise. C’est également une décision éthique. C’est une œuvre très intéressante d’un point de vue stylistique. Mais on ne savait pas qu’il y aurait un conflit en Ukraine au moment de la choisir. Certaines paroles sont insoutenables, violentes, et nous rappellent les atrocités de la guerre : c’est émotionnellement très fort. On veut juste la paix
, proclame-t-elle. Le concert est placé sous le patronage de Marija Pejčinović Burić, la secrétaire générale du Conseil de l’Europe.
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