Changement climatique : « Imaginer des solutions en nous tournant vers nos ressources imaginaires »
Après l’intelligence artificielle et les vieillesses, la prochaine école d’automne de l'Institut thématique interdisciplinaire (ITI) Lethica (Littératures, éthique et arts), qui se tiendra du 30 septembre au 2 octobre 2024, se penchera sur « Le grand dérangement : enjeux éthiques et esthétiques du changement climatique ». Explications avec Anthony Mangeon, coorganisateur de l’évènement et directeur de l’ITI.
Pourquoi ce sujet ?
L’idée de ce sujet part de l’actualité mais aussi de deux paradoxes. Pendant des siècles, l’humanité s’est préoccupée du climat, de l’état des eaux, des forêts, etc. Au milieu du 19e avec la révolution industrielle, l’exploitation des énergies fossiles, des productions plus régulières en matière de nourriture… les sociétés se sont inquiétées de moins en moins de leur impact sur le climat et les ressources naturelles, alors même que leur influence sur l’environnement devenait de plus en plus importante et négative. Autre paradoxe : alors qu’il y a de nombreux récits qui imaginent la fin de l’humanité pour des causes diverses, nous avons peu d’éléments sur la manière dont la littérature pense notre situation contemporaine et comment des alternatives ou des solutions sont envisagées pour s’en sortir. L’idée n’est pas de basculer dans le catastrophisme, mais nous sommes face à un problème majeur, imaginons des solutions en nous tournant vers nos ressources imaginaires.
Il s’inscrit dans les thématiques déjà abordées au sein de l’ITI ?
Le sujet est en lien avec la chaire Gutenberg que nous avons obtenue avec Dominic Thomas de l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA), pour un projet sur l’écologie et la propagande : comment se développent des discours chocs sur les enjeux écologiques ? Comment les artistes éveillent-ils les consciences ? Comment provoquer des révolutions morales, c’est-à-dire des changements de la sensibilité et des comportements ? Il y a aussi eu la résidence d’artiste de Paolo Cirio, invité à l’hiver 2023-2024 et revenu au printemps. Connu pour son travail sur l’IA, il a abordé dans le cadre de sa résidence la question du réchauffement climatique et la responsabilité de l’industrie fossile avec un livre à la clé, intitulé Climate Tribunal.
Quel sera le programme ?
Dans une perspective interdisciplinaire, il y aura des chercheurs en philosophie, droit, littérature, glaciologie ou encore climatologie. A l’image de Frédérique Rémy, glaciologue qui a réalisé un livre intitulé Le changement climatique dans la littérature du 17e siècle à nos jours concernant l’impact du phénomène climatique sur l’imaginaire littéraire. Sans oublier des artistes et des écrivains dont l’œuvre s’attache directement à traiter de la crise écologique à l’image d’Iris-Amata Dion, climatologue, et Xavier Henrion, dessinateur, qui ont réalisé une bande dessinée de vulgarisation mettant en scène leurs rencontres avec neuf scientifiques français ayant participé à la rédaction de plusieurs rapports du Giec. Nous allons par ailleurs rejouer le Parlement des générations, un scénario participatif pour traiter des enjeux éthiques du changement climatique et de la transition écologique, avec un contexte particulier puisqu’il y aura cette fois des spécialistes de la question dans le public.
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