L'ocytocine, une piste de traitement dans la neuroinflammation
Pascal Darbon, enseignant-chercheur à I’Institut des neurosciences cellulaires et intégratives (Inci – CNRS, Unistra) s’intéresse au rôle de l’ocytocine dans les pathologies du cerveau en développement et de ses effets sur les cellules gliales, notamment lors d’une neuroinflammation présente dans de nombreuses pathologies du nouveau-né. Un sujet pour lequel il souhaite développer un axe de recherche dédié.
Tout commence lorsque Pascal Darbon est contacté par Olivier Baud, médecin aux Hôpitaux universitaires de Genève, qui travaille sur les problèmes néonatals. Les prématurés ou encore les enfants souffrant d’un retard de croissance ou d’une hypoxie périnatale par exemple développent une inflammation du système nerveux central ayant des conséquences sur le long terme
, explique le chercheur qui précise que l’ocytocine est alors envisagée comme une piste de traitement.
Observer s’il y a des modifications en cas d’inflammation dans l’amygdale
Avec Olivier Baud nous allons plus particulièrement étudier les effets de l’inflammation au niveau de l’amygdale* qui présente chez le nouveau-né prématuré une modification de sa structure, également visible dans le modèle animal de neuroinflammation.
Une région que le chercheur connait bien. Dans une publication dans
Nature Neuroscience
, nous avons pu montrer que l’ocytocine agit dans cette zone sur les neurones et les cellules gliales pour moduler la réponse émotionnelle comme la peur, la douleur…
Scruter l’amygdale au moment de la neuroinflammation
Dans le cadre de cette nouvelle collaboration qui a fait l’objet d'une publication dans Cells, Pascal Darbon va scruter l’amygdale au moment de la neuroinflammation dans des modèles animaux à leur naissance. Le stade de développement du rongeur à sa naissance correspond à un stade de prématurité chez l’Homme. A un niveau fondamental, nous allons notamment observer s’il y a des modifications en cas d’inflammation dans l’amygdale. Et après, voir si l’ocytocine peut agir sur l’inflammation elle-même ou sur ses conséquences.
Electrophysiologie et imagerie calcique
Et ce à travers deux techniques : l’électrophysiologie qui permet de voir le fonctionnement des neurones et s’il y a un défaut d’activité des neurones ou de transmission entre eux et l’imagerie calcique. Cette dernière permet de visualiser l’activité des neurones et des cellules gliales en regardant les variations du niveau de calcium intracellulaire.
L’Inci possède une longue histoire de recherche avec l’ocytocine et notamment son implication dans les émotions. Cette recherche constitue une nouvelle ligne que Pascal Darbon souhaite développer au sein de son équipe. Une demande de financement Idex exploratoire est en cours. Avec en ligne de mire un financement de l’Agence nationale de recherche franco-suisse.
* L’amygdale est une région du cerveau qui nous permet de reconnaitre et d’attribuer un caractère plaisant ou négatif aux émotions.
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