Par Elsa Collobert
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Le CPES, nouvelle formation hybride entre lycée et université

« Favoriser une transition progressive vers les études supérieures » : c'est l'objectif du Cycle pluridisciplinaire d’études supérieures (CPES), lancé en 2021 entre l'Unistra et le lycée Kléber. Capitalisant sur les atouts des deux systèmes - université et classe préparatoire - il ambitionne une spécialisation progressive de ses étudiants. Quel bilan après un an ? Éléments de réponse avec Alexandra Knaebel, vice-présidente Formation et parcours de réussite.

Quoi ?

Le Cycle pluridisciplinaire d’études supérieures (CPES) est un nouveau cursus, hybride, à mi-chemin entre la classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) et la licence universitaire. Si le modèle se développe, avec une vingtaine de parcours proposés depuis la rentrée 2022 en France, dans diverses disciplines, Strasbourg a innové en étant la première université hors région parisienne à proposer un CPES dès 2021. Ce cursus pluridisciplinaire compte davantage d’heures de cours qu’un parcours universitaire de licence classique : environ 27 heures hebdomadaires, pour un total de 2 000 heures d’enseignement sur les trois ans de formation.

Pourquoi ?

Le projet s’est construit en ayant un souci de proposer une formation sur un spectre pluridisciplinaire large, décrit Alexandra Knaebel, vice-présidente Formation et parcours de réussite de l’Université de Strasbourg. Elle est coordonnée par la Faculté de chimie, à travers sa doyenne, Rachel Schurhammer.

On souhaite cibler les profils de bons lycéens qui peuvent s'autocensurer dans leurs choix d’études supérieures

On souhaite cibler les profils de bons lycéens qui peuvent s'autocensurer dans leurs choix d’études supérieures. Soit ils ne pensent pas avoir le niveau pour viser une classe préparatoire ; ou alors ils craignent d'être noyés dans la masse d'un amphithéâtre à l'université.
En plus de les rassurer, le choix du CPES strasbourgeois élargit les possibilités de poursuites d’études : il a été pensé et conçu pour amener les étudiants vers la recherche en permettant l’accès aux masters universitaires interdisciplinaires, sans exclure la possibilité d’intégrer une école de commerce, d’ingénieurs ou encore Sciences Po.

Comment ?

Inscrits dans une mention de licence Sciences et Société , la spécialisation des étudiants se fait progressivement, au cours des trois années de formation. D’abord un tronc commun, centré autour d’une douzaine de disciplines, mathématiques-informatique, français-philosophie, langues, et une Unité d’enseignement (UE) Sciences et société, décrit Alexandra Knaebel. Auquel on adjoint, en première année au choix de l’étudiant, soit des enseignements de sciences (physique, chimie, sciences de la terre, biologie) au sein du parcours CPES-Sciences soit en sciences économiques, juridiques et sociales, pour le parcours CPES-SEJS. La première année, 75 % des heures d’enseignement sont assurées au lycée Kléber par des enseignants de classes préparatoires et progressivement les étudiants suivent de plus en plus de cours à l’université, jusqu'à atteindre 100 % d'enseignement assuré à l’université par des enseignants-chercheurs, en troisième année. L’enseignement est assuré par une équipe mixte, issue des rangs de l’université et du lycée Kléber.

On capitalise ainsi sur les atouts des deux systèmes


En deuxième année, les étudiants optent pour l'un des trois parcours : Sciences (chimie, maths, physique) ou Sciences économiques et sociales ou Droits européens, tout en conservant des enseignements de tronc commun. On capitalise ainsi sur les atouts des deux systèmes, souligne Alexandra Knaebel, précisant : le lycée apportant des enseignements à fort transfert de connaissances et un suivi du travail personnel de l’étudiant ; l’université, l’adossement à la recherche au moyen d’enseignements universitaires spécifiques, de projets et de travaux en laboratoire ainsi qu’une ouverture à l’international.
Prévu en troisième année, le semestre d'échange international est facilité par les nombreux partenariats internationaux de l’Unistra (EPICUR, Eucor, Erasmus+, etc.).

Pour qui ?

Exigeante, la filière s’adresse à de bons élèves, aux profils à haut potentiel, faisant preuve de motivation. De fait, la majorité des profils sélectionnés via Parcoursup pour intégrer le CPES ont des mentions (bien, très bien) au baccalauréat. Nous affichons aussi une forte ambition sociale, avec des objectifs en termes d’intégration de boursiers, souligne Alexandra Knaebel.
Côté effectifs, la montée en charge se veut progressive : 25 étudiants en 2021, un effectif qui doit doubler en 2023-24.

40 % C'est le taux de boursiers attendu au sein de la formation, à terme. Le taux est en progression, de 20 % en 2021-22 à près de 30 % cette année.

Quel bilan ?

Pour sa deuxième rentrée, le CPES affiche un effectif en progression, avec 30 étudiants cette année. Côté postulants, on progresse aussi, avec 144 candidats en 2021, 196 cette année. Lancée en 2021, en pleine période post-pandémie, la formation doit encore renforcer sa visibilité, souligne Alexandra Knaebel. Pour cela, un assistant de communication doit être recruté, chargé entre autres de la promotion du dispositif. Nous nous appuyons aussi sur Espace avenir, le projet Noria (Nouvelle approche pour l’orientation post-bac en Alsace) et le Rectorat pour le faire connaître. Pour conclure : Le bilan sera encore à affiner, mais pour l’instant nous sommes plutôt satisfaits de cette nouvelle formule. A l’issue de sa première année, en 2021, le CPES affichait un taux de réussite de 100 %, hormis un abandon et une réorientation.

Un parcours préparatoire au professorat des écoles plurisciences

Lui aussi peu médiatisé en raison du contexte post-pandémie, un nouveau Parcours préparatoire au professorat des écoles (PPPE-plurisciences) a été créé en janvier 2021 au sein de la mention de licence Sciences et Société, et proposé sur Parcoursup pour la rentrée de septembre 2022 (parcours post-bac). Celui-ci est proposé en partenariat avec le lycée international des Pontonniers, l’INSPÉ et comme le CPES, il est coordonné par la Faculté de chimie, souligne Alexandra Knaebel. Tout comme pour le CPES, en première année, les cours sont majoritairement dispensés en lycée, et glissent progressivement vers un enseignement majoritairement universitaire.

Le parcours prépare à intégrer un master Métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation (MEEF 1er degré), afin de devenir professeur des écoles, en renforçant leurs acquis disciplinaires et leur culture générale.

Son objectif est également de diversifier le recrutement du métier : Nous sommes partis du constat qu’à peine 10% des professeurs des écoles ont une formation initiale  scientifique et technique, c’est pourquoi nous avons adjoint au tronc commun ayant un cadrage national une formation pluridisciplinaire en sciences (chimie, biologie, physique, sciences de la terre, technologie, informatique) qui nous paraît indispensable à la formation de futurs professeurs des écoles.
Le PPPE strasbourgeois dont l'effectif cette année est de 25 étudiants fait partie des 23 nouveaux parcours similaires ouverts à la rentrée 2022, pour un total de 47 parcours en France.

 

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