Un groupe de recherche pour s’intéresser à la poésie latine et grecque de l’Antiquité tardive et du Moyen Age
Rassemblant 34 unités de recherche d’Europe, des États-Unis et du Canada, le Groupe international de recherches sur la poésie de l’Antiquité tardive et du Moyen-Âge (Girpam) est un réseau qui vise à faciliter les échanges scientifiques et pédagogiques sur ce thème.
Créé en 2021 à l’initiative de Michèle Cutino, directeur de l’unité de recherche de Théologie catholique et de sciences religieuses de l’Université de Strasbourg et Bruno Bureau de l’université Jean Moulin Lyon 3, le Girpam s’intéresse en particulier à la poésie latine chrétienne inspirée des textes antiques et de la Bible, du 4e au 15e siècle.
Au 4e siècle, la religion chrétienne devient une religion légitime qui prend peu à peu le pas sur le paganisme antique
, explique Michèle Cutino. Cette transition de la tradition classique vers la nouveauté chrétienne passe par la culture et la poésie. Désormais la Bible est considérée comme étant du côté de l’histoire et l’Antiquité du côté du mythe.
Intéresser les élites
Les premières versions latines de la Bible, “Veteres Latinae”, sont une traduction mot à mot de la “Septente” grecque, qui à son tour est la version de la Bible hébraïque la plus utilisée par les chrétiens. Cela donne un langage artificiel
, rapporte Michèle Cutino qui précise que les poèmes sont ainsi destinés à donner accès aux élites à ce nouveau patrimoine culturel. Patrimoine qui les intéresse alors peu en raison du contenu modeste, stylistiquement parlant, de ces premières traductions.
Dans ces poèmes, le patrimoine de la poésie greco-latine ancienne est réutilisé et parfois révisé à travers le prisme du christianisme. Par exemple avec l’utilisation du topos de la tempête affrontée par les héros grecques comme Ulysse ou Enée. Fruit de la colère de Poséidon, elle devient une mise à l’épreuve orchestrée par Dieu.
Une quarantaine de publications
Dans l’Alethia, Claudius Marius Victorius rédige un épisode inspiré de l’Antiquité, dans lequel ce sont Adam et Eve qui découvrent le feu puis les métaux. Un épisode qui n’est pas présent dans la Bible. Les auteurs prennent des libertés avec ce texte sacré qu’ils réécrivent et modifient. A l’image aussi de Juvencus, qui dans le “Livre des quatre évangiles”, réorganise les écrits selon une nouvelle cohérence narrative. Avec une célébration du Christ comme le faisaient Virgile ou Homère pour Enée ou Ulysse.
Bénéficiant notamment d’un financement de l’Agence nationale de la recherche pour le projet Poblam (Poésie biblique latine de l’Antiquité tardive et du Moyen-Âge), le Girpam est à l’origine d’une quarantaine de publications sur le sujet. Tout ce qui est produit est en libre accès avec la mise à disposition de certains textes jamais édités, et a donné lieu à toute une série de bases de données. Ces dernières sont ouvertes à la contribution/implémentation des chercheurs
, souligne Michèle Cutino qui précise que le groupe de recherche va être reconduit pour cinq ans.
Le Girpam est divisé en quatre axes thématiques :
- Transmission et circulation des textes tardo-antiques et médiévaux en grec et en latin
- Poésie doctrinale et théologique
- Réflexions poétologiques, réception de la poésie dans l’Antiquité tardive et dans le Moyen-Âge
- Société et communication
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