Si j’étais une mitochondrie
Série « Si j'étais » 2/5. Joffrey Zoll, physiologiste et spécialiste du métabolisme mitochondrial et de la nutrition au Centre de recherche en biomédecine de Strasbourg (CRBS), m’a fourni quelques informations pour pouvoir décrocher une interview avec la « star » de la production énergétique de notre organisme, la mitochondrie. Rencontre étonnante avec cet organite pleine de ressources…
Qui êtes-vous ?
Moi, la mitochondrie, je suis en quelque sorte la majeure partie de la production d’énergie dans votre corps, on pourrait dire que je suis juste la meilleure de toutes et cela serait totalement justifié, enfin presque… il n'y a pas que moi, il y a aussi toutes mes copines mitochondries, parce que je ne suis jamais seule. Mes amis et moi faisons tout ensemble, et sommes tellement soudées que si l’une d’entre nous meurt, nous mourrons presque toutes, parce que c’est ce que font les vraies amies ! Chouchoute du corps humain, je mérite d’être traitée comme une reine car sans moi vous ne pourriez rien faire ! Un peu fragile il est vrai, je suis un peu tatillonne sur ce que je demande : il me faut de l’oxygène, pas trop mais pas trop peu non plus ainsi que des nutriments. Mais bon ce n’est pas non plus la mer à boire.
Pourquoi êtes-vous aussi parfaite ?
Je suis parfaite, oui, cette question me va totalement, car elle reflète une réalité inévitable à mon sujet. Tout d’abord, je suis capable de transformer les nutriments et l’oxygène dont on me fait offrande, en énergie. Pour rentrer dans les détails, je produis des Adénosine TriPhosphate, des sortes de flocons à trois branches qui créent de l’énergie quand on leur ôte une branche.
Comment Joffrey Zoll vous étudie-t-il ?
Vous êtes-vous déjà retrouvé(e) chez le cardiologue à devoir courir avec un masque sur le visage pour voir le volume d’oxygène que vous êtes capable de mobiliser ? Si c’est le cas, vous allez très bien voir ce que Joffrey Zoll fait pour m’étudier ! Il me met au fond de sa grosse machine, un oxymètre, dans laquelle je suis forcée de consommer de l’oxygène sans arrêt. Il faut le dire ce n’est pas très sympa de sa part, mes copines et moi l’aidons 24 heures sur 24 et lui m’enferme comme un vieux virus répugnant ! Selon lui, cela pourrait aider à en apprendre plus sur l’évolution du métabolisme au cours de l’effort, mais personnellement, je pense juste qu’il aime s’amuser à me faire souffrir !
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Pour aller plus loin sur les travaux de Joffrey Zoll, lire aussi : "Covid-19 et alimentation : Une solution pour l’avenir ?"
Joffrey Zoll, un chercheur sportif
Après un parcours scolaire assez conséquent et indécis, en passant par des études environnementales, en physiologie ou bien même en biologie, Joffrey Zoll décide qu’il veut exercer dans la recherche sportive. Il pense d’abord à intégrer la filière Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps), cependant en raison de son parcours, il ne prend pas ce chemin et s'oriente vers une deuxième année de master à Paris en physiologie. Là, il s’intéresse au métabolisme musculaire, et plus précisément le rôle de la mitochondrie. Il passe ensuite sa thèse de sciences dans le domaine de la physiologie mitochondriale, avant de réaliser deux stages post-doctoraux, pour enfin devenir maître de conférences, ainsi que praticien hospitalier à Strasbourg en 2006. En plus de son parcours, Joffrey Zoll est aussi un grand sportif, qui allie ses connaissances scientifiques à son entraînement, pour en tirer les meilleurs résultats. Il essaie de travailler l’aérobie, c’est-à-dire générer le plus de mitochondries possible, en s'entraînant à intensité modérée sur de longues durées, ce qui en même temps lui permet de modeler ses fibres musculaires selon ses besoins, dans ce cas, des fibres de type 1, qui sont très endurantes. C’est cette combinaison entre science et effort qui lui permet d’assurer un entraînement très efficace qui n’affecte pas uniquement ses muscles mais tout son métabolisme, un aspect survolé dans la plupart des programmes sportifs.
Cet article a été réalisé dans le cadre d'un atelier de vulgarisation scientifique pour lequel des étudiants sont partis à la rencontre de chercheurs. Objectif : rédiger un texte destiné à présenter un sujet d’étude scientifique et le faire parler à la première personne du singulier.
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