Par Marion Riegert
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L’église Saint-Thomas de Strasbourg dévoile ses mystères

Deuxième monument le plus visité de Strasbourg après la cathédrale, l’église Saint-Thomas accueille chaque année quelque 300 000 visiteurs. Avec le chapitre auquel elle est adossée, elle recèle son lot d’histoires. Christian Grappe, Matthieu Arnold, enseignants-chercheurs à la Faculté de théologie protestante et membres du Chapitre de Saint-Thomas, et Elisabeth Clementz-Metz, enseignante-chercheuse au Laboratoire Arts, civilisations et histoire de l'Europe, leur ont consacré un ouvrage « Histoire et secrets de l'église et du chapitre de Saint-Thomas ».

Le chapitre de Saint-Thomas n’avait pas fait l’objet d’un ouvrage dédié depuis 1860 et seuls les épitaphes et les monuments funéraires conservés dans l’église ont donné lieu à une monographie récente, en 2013. Pour combler ce manque, nos trois enseignants-chercheurs ont organisé un colloque en mai 2022 à l’origine de l’ouvrage paru récemment. Doté de 360 pages, le volume, riche d’une trentaine de contributions de disciplines variées comme l’architecture, la musicologie, l’histoire…, permet de couvrir les différentes facettes de l’église et de son chapitre à des époques variées en lien aussi avec la ville et la région.

Une architecture originale et pionnière

La trace la plus ancienne de l’église remonte peut-être au 7e siècle, rapporte Christian Grappe. A l’origine en bois, elle brûle en 1007 par suite d’un incendie dû à la foudre, est reconstruite puis à nouveau détruite dans les mêmes circonstances en 1144. En 1196, l’église actuelle est édifiée. A l’inverse de la Cathédrale de Strasbourg, sa construction commence par la façade, rapporte Christian Grappe. Matthieu Arnold précise pour sa part que les sculpteurs employés ont également œuvré à la cathédrale.

L’église est remarquable par son architecture originale et pionnière, il s’agit d’une église halle, c’est-à-dire que ses bas-côtés ont la même hauteur que la nef principale. Un style qui a ensuite influencé d’autres bâtiments de l’espace rhénan. 

Le mystère de la momie

Devenue protestante après la Réforme, Saint-Thomas est importante dans l’histoire de l’œcuménisme. Une série d’accords internationaux y ont été signés, signale Christian Grappe. Le lieu a également connu quelques visites prestigieuses comme celle de Mozart venu jouer sur son orgue Zilbermann en 1778 ou encore celle du pape Jean-Paul II en 1988.

Côté petits secrets, l’église recèle des archives anciennes encore inexplorées. Un travail a également été mené sur l’origine de la momie d’une jeune fille, datant du 17e siècle, qui fut longtemps exposée dans un cercueil en verre dans l’église, avant d’être confiée au Musée historique de la ville de Strasbourg en 1991. On sait aujourd’hui que la jeune fille avait entre 8 et 10 ans et était victime d’une infirmité qui a causé sa mort, mais nous ne sommes pas parvenus à retrouver son identité…, raconte Elisabeth Clementz-Metz qui relève que le mystère demeure…

Le Chapitre de Saint-Thomas

L’église Saint-Thomas a la particularité comme trois autres églises strasbourgeoises d’être adossée à un chapitre. Le chapitre regroupe des personnes qui gèrent les biens et les services de l’église. C’est une institution complexe à saisir qui a évolué dans le temps, rapporte Elisabeth Clementz-Metz. L’origine de celui de Saint-Thomas remonte à plus de 1 000 ans. C’est le seul chapitre protestant existant en France de nos jours, ajoute Christian Grappe. Orienté vers le champ de l’éducation, il fut à l’origine de la Haute École, ancêtre de l’Université de Strasbourg. De nos jours, ses bénéfices servent à financer des actions au profit de la jeunesse et de l’éducation. Il possède notamment des foyers dans lesquels plus de 300 étudiants, quelles que soient leurs croyances, sont hébergés. Le chapitre délivre également des prix de thèse et gère une médiathèque ou encore le restaurant universitaire du Stift.

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