Par La rédaction
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Le traitement du paludisme à Plasmodium falciparum mis en péril en Afrique

Le diagnostic du paludisme à Plasmodium falciparum par les tests de diagnostic rapide et le traitement des patients avec des dérivés de l’artémisinine, principal constituant des traitements antipaludiques recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), seraient menacés dans la Corne de l’Afrique. Des chercheurs ont détecté en Érythrée l’émergence et la diffusion de parasites présentant à la fois une résistance à l’artémisinine et des modifications de leur génome qui empêchent leur détection par les tests de diagnostic rapide.

Dans de nouveaux travaux parus dans New England Journal of Medicine, des chercheurs du laboratoire de Parasitologie et de mycologie médicale de l’Université de Strasbourg et des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, en collaboration avec le ministère de la Santé en Érythrée, l’Institut Pasteur, la Columbia University à New York et l’OMS présentent des résultats d’études cliniques menées entre 2016 et 2019. Ils apportent les preuves d’une autre zone de résistance à l’artémisinine en Érythrée.

En 2021, on enregistrait 247 millions de cas et 619 000 décès, soit une augmentation de 6,4 % par rapport à l’année 2019

Plasmodium falciparum, responsable des formes graves de paludisme, maladie alternant fièvre, tremblements avec sueurs froides et transpiration intense, sévit principalement en Afrique sub-saharienne, où un enfant meurt du paludisme toutes les deux minutes. Depuis plus de quinze ans, son traitement repose sur l’utilisation de combinaisons thérapeutiques appelées ACT pour Artemisinin-based Combined Therapy. Ces derniers associent un dérivé de l’artémisinine à action puissante et rapide et une molécule partenaire à demi-vie longue et agissant plus lentement pour éliminer les parasites résiduels.

Une situation plus inquiétante en Érythrée

Problème, depuis 2008, les premiers cas de parasites résistants à l’artémisinine ont été détectés en Asie du Sud-Est. Une résistance également observée dans deux régions d’Afrique sub-saharienne, au Rwanda et en Ouganda, qui se traduit par une augmentation du temps d’élimination des parasites présents dans le sang des sujets traités par un ACT.

Ce nouveau foyer de résistance montre une situation plus inquiétante que celle observée au Rwanda ou en Ouganda par la découverte de l’émergence et la propagation d’un nouveau variant Pfkelch13 622I, résistant à l’artémisinine, qui s’accompagne dans une proportion non négligeable (environ 17 %) de délétions des gènes hrp2 et hrp3, rendant ces souches parasitaires non détectables par les tests rapides.

Les stratégies de lutte mises en place sont toutes menacées

D’après les données publiées, il apparaît que ce phénomène n’est pas récent et que ces souches circulent depuis plusieurs années dans l’ouest de l’Érythrée. Dans la Corne de l’Afrique, les stratégies de lutte mises en place sont toutes menacées. Il est à craindre que ces menaces biologiques favorisent une diffusion rapide de ces parasites dans la région, voire plus loin , souligne Didier Ménard, directeur de l’Institut de parasitologie et de pathologie tropicale à l’Université de Strasbourg et chercheur au sein de l’unité de Biologie de plasmodium et vaccins à l’Institut Pasteur.

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