Par Stéphanie Robert
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Le fossile d’ichtyosaure retrouve la lumière

Rangé dans une caisse depuis 50 ans, un fossile d’ichtyosaure, reptile marin vieux de 180 millions d’années, a été redécouvert en 2018 dans les collections universitaires de paléontologie. Complet, esthétique et long de plus de trois mètres, il méritait de retrouver la lumière. Il est en cours de restauration pour être de nouveau présenté au public.

Parmi les 100 000 fossiles des collections de paléontologie, il arrive que certains tombent dans l’oubli, comme ce beau spécimen d’ichtyosaure. Nous l’avons redécouvert en faisant du rangement. Il était entreposé dans une caisse depuis les années 1970, sans doute dans l’attente d’une restauration. Je me suis aperçu qu’il était complet, très bien conservé, beau et grand. Souvent, ce type de fossile a des parties reconstituées, mais lui non. Je l’ai trouvé intéressant, il mérite d’être montré, il peut constituer un bon support de médiation, explique Kévin Janneau, chargé des collections de paléontologie au Jardin des sciences.

L’océan, il y a 180 millions d’années

Les ichtyosaures sont des reptiles marins (leur nom vient du grec et signifie lézard-poisson). Apparus il y a 250 millions d’années, soit 10 à 20 millions d’années avant les dinosaures, ils ont disparu il y a 90 millions d’années. Ils mesuraient entre 1 et 20 m de long et ressemblaient aux dauphins actuels.

Le fossile en question provient du gisement d'Holzmaden, près de Stuttgart en Allemagne. Il est célèbre pour ses schistes bitumeux déposés dans un bassin océanique il y a 180 millions d’années, au Jurassique inférieur. On les exploitait pour fabriquer de l’huile pour les lampes à pétrole, puis des ardoises. Ils contiennent de nombreux fossiles qu’on retrouve aujourd’hui dans beaucoup de musées d’histoire naturelle du monde. Les détails anatomiques sont visibles sur le fossile, qui apparaît en relief sur sa plaque de schiste.

Restauration et présentation allégée

Grâce à un financement Idex de l’Université de Strasbourg, de l’Ecole et observatoire des sciences de la Terre (Eost) et de son laboratoire Institut Terre & environnement de Strasbourg (Ites), le fossile est en restauration. Il a quitté l’Institut de géologie en décembre 2021, pour gagner l’atelier d'un restaurateur lyonnais. Il procède à un nettoyage fin, pour retirer les poussières et faire réapparaître les détails. Il traite aussi une zone attaquée par la pyrite, un dépôt de fer et de souffre, qui altère le minéral. On ne sait pas comment l’enlever mais on peut stopper le phénomène. Le restaurateur a consolidé les parties altérées avec une colle poreuse pour une restauration réversible, précise Kévin Janneau.

Autrefois, ces fossiles étaient présentés d’un seul bloc dans un coffrage en bois. Mais ici, l’idée est de faciliter les manipulations, d’alléger sa présentation. Les neuf fragments seront disposés sur des supports en nid d’abeille séparables. Kévin Janneau imagine le présenter à l’horizontale, sur un support incliné, à hauteur d’enfant pour qu’il puisse être observé par tout public, éclairé par une lumière rasante pour mettre en valeur le relief, l’anatomie.

Scan 3D

L’équipe a profité de la restauration pour l’étudier : il a été scanné en 3D par photogrammétrie pour disposer d’un double numérique très précis. L’observation sous éclairage UV augmente le contraste et révèle d’autres aspects comme les traces de matière organique, de sédiment ou de souffre, informations utiles pour sa conservation.

C’est un fossile très intéressant en médiation, esthétiquement, scientifiquement, historiquement, souligne Kévin Janneau. Il reflète en effet l’histoire de l’université. L’étiquette suggère qu’il a été acquis en 1868, avant l’annexion de l’Alsace-Lorraine, par ce qu’était alors le Musée d’histoire naturelle de la ville, qui deviendra plus tard de Musée zoologique. De retour en décembre 2022, il sera visible à l’Institut de géologie et pourra ravir les 1 000 visiteurs qui s’y pressent chaque année.

En images : histoire d'une restauration

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