Par Elsa Collobert
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Des réseaux professionnels pour développer une culture de l'entraide

Numérique, finances, communication, audit… Dans tous les domaines professionnels, les réseaux d’échange ont le vent en poupe. Nous sommes allés à la rencontre de membres d’équipes de direction convaincus de leur pertinence pour leur propre pratique, leurs services et, in fine, l’établissement.

Les professionnels interrogés sont unanimes : s'investir dans des réseaux professionnels comporte bien plus d’avantages que d’inconvénients. Si elle concerne au premier chef les équipes de direction, cette pratique ne s'y restreint pas. Ainsi, j'encourage tous mes collaborateurs à y prendre part, à partir du moment où ça ne prend pas le pas sur nos activités quotidiennes, témoigne Julien Dupré, directeur adjoint de la Direction du numérique (DNum).

Partage d'informations, retours d'expériences, échanges de bonnes pratiques, montée en compétences, affirmation des soft skills (prise de parole en public, capacité de synthèse, etc.) : Être au contact de ses pairs du même métier au sein d'autres universités permet tout cela, apprécie Valérie Gibert, Directrice générale des services (DGS), de son œil expert. Elle s'investit à la fois comme présidente de l'Association des DGS (ADGS), membre du bureau du Groupement international des secrétaires généraux des universités francophones (GISGUF) et membre du réseau Human (association de DGS européens). Tout comme Armelle Tanvez, directrice de la communication, elle a fait le choix de s'intégrer dans les réseaux professionnels « dès le début » de sa carrière. Cette dernière, investie dans plusieurs réseaux de communication publique, y voit d'autres avantages très concrets : Je peux y tester une idée de campagne de communication et avoir des retours en direct. Elle apprécie aussi la prise de recul et de hauteur qu'offrent les échanges dans les réseaux, qui permettent de prendre le pouls, identifier les tendances et sujets émergents. Pauline Farcis-Morgat, directrice adjointe de la Direction du patrimoine immobilier (DPI) et vice-présidente d'Artiès, ne dit pas autre chose : On se sent moins seul à voir que les autres partagent les mêmes questionnements et problématiques, cela rassure sur sa propre pratique, quelle que soit la taille de l'établissement.

Ces réseaux offrent une prise de recul et de hauteur appréciablesUne pratique bénéfique à toutes les étapes de la carrière, donc. Je considère aujourd'hui qu'épauler les nouveaux professionnels constitue un renvoi d'ascenseur, reprend Valérie Gibert, pour qui cette activité concourt à donner du sens aux missions quotidiennes, défendre et améliorer le service public. J'ai intégré le bureau de l'Artiès en 2010, avant de prendre mon poste de direction, souligne pour sa part Pauline Farcis-Morgat, qui voit d'un bon œil la féminisation croissante des instances dirigeantes des réseaux dans son corps de métier. Elle précise que parmi les 200 adhérents de l'association des directeurs et cadres de l'immobilier de l'enseignement supérieur et de la recherche (ESR), on trouve plusieurs chargés d'opération de la DPI, ainsi que son directeur, Daniel Jolivalt.

Aide au quotidien et interlocuteurs de référence

Julien Dupré voit aussi dans les réseaux professionnels des accélérateurs de mutualisation et in fine de collaboration. Il est investi dans deux réseaux, esup et le Comité des services informatiques enseignement supérieur et recherche (CSIESR), créé il y a déjà 40 ans et aujourd'hui fort de 140 établissements membres. Un ADN commun bien utile au moment de créer la plateforme de partage de vidéos POD ou celle regroupant les associations étudiantes d'un même site : A partir de 2022, Campulse a pris la forme d'un projet multipartenarial entre acteurs de l'ESR, directions numériques et services de vie étudiante, avec une méthodologie de travail agile.

Caroline Wolff, directrice des finances, apprécie, elle, une aide au quotidien, grâce au forum en ligne mis en place par la jeune Association des directeurs financiers (ADF), dont elle a rejoint le bureau en mai dernier. Cela permet d'avoir des réponses très rapidement quant à une procédure ou l'utilisation d'un logiciel, notamment au moment d'une prise de poste. Armelle Tanvez va même plus loin : Rien ne remplace ces moments qui nous nourrissent, tant intellectuellement que professionnellement, ni le réseautage dans un cadre convivial, qu’on ne peut pas faire juste en étant sur Linkedin ! Valérie Gibert et Pauline Farcis-Morgat citent l'édition récente de référentiels métiers, utiles à la fois aux candidats et aux recruteurs.

Faire valoir la vision terrain

Autant de réalisations concrètes qui permettent aux réseaux professionnels de se positionner comme interlocuteurs de référence. Services correspondants des ministères, France Universités, Cour des comptes, Inspection générale... ne s'y sont pas trompés, nous sollicitant régulièrement pour des demandes d'expertise ou la participation à des groupes de travail, énumère Pauline Farcis-Morgat, sans oublier les autres réseaux métiers.  Une courroi de transmission bien utile, et ce dans les deux sens : Caroline Wolff apprécie ainsi la possibilité de faire valoir la vision terrain auprès des interlocuteurs du ministère. Cela permet d'étayer leur argumentaire lorsqu'ils portent des revendications auprès de Bercy [ministère de l'Economie et des Finances N. D. L. R.]. De notre côté, nous portons le message d'un secteur en tension, reprend Pauline Farcis-Morgat. Tout en veillant à ne pas entrer dans une posture corporatiste.

Colloque annuel, séminaires semestriels et webinaires mensuels rythment l'année universitaire

Reste que l'implication dans les réseaux demande du temps, et ce d'autant plus qu'on s'y investit à des postes de responsabilité. Colloque annuel, séminaires semestriels et webinaires mensuels en ligne, rythment bien souvent l'année universitaire. Membre depuis dix ans du conseil d'administration de Communication Publique, présidente pendant trois ans, un temps rédactrice en chef de sa revue (Parole Publique), Armelle Tanvez précise : Cela empiète forcément à un moment ou un autre sur le temps personnel... Il faut aussi gérer son planning de manière à ce que le quotidien professionnel n'en pâtisse pas, en y consacrant des moments tôt le matin, tard le soir ou sur l'heure de midi... Selon leur taille, leur influence, leur ancienneté, leur typologie... certaines associations se dotent d'une personne salariée : c'est le cas pour l'ADGS, mais aussi du CSIESR, amené à gérer d'importantes sommes d'argent du fait de son activité de formation, précise Julien Dupré.

Bénéfiques aussi au rayonnement de l'établissement

Si elles bénéficient à la pratique et à la carrière, les participations aux réseaux professionnels rejaillissent aussi sur la notoriété et le rayonnement de l’établissement : Même si ce n'est pas l'objectif premier, elles témoignent de l'implication, du dynamisme et de l'engagement des cadres, souligne Valérie Gibert. De ce point de vue, nous devons d'ailleurs être l'un des établissements les plus actifs. Une étude menée par la Direction du pilotage et de l'amélioration continue (Dpac) a recensé 90 participations à des réseaux externes (ainsi qu'une cinquantaine de réseaux métiers internes) !

Bernard Lickel président de la Conférence universitaire en réseau des responsables de l’orientation et insertion professionnelle des étudiants (Courroie), Evelyne Klotz vice-présidente de R3Sup (réseau des responsables recherche des établissements d'ESR, dont font aussi partie Sandrine Schott-Carrière et Joëlle Lacava), Lucile Schirr vice-présidente à la vie associative (première vice-présidente) de l'Association des archivistes français, Romain Bouly et Jean-Emmanuel Rudio membres fondateurs et anciens présidents de l'Association francophone des auditeurs internes de la recherche et de l’enseignement supérieur (Afaires), Emmanuelle Hautin présidente de l'Assemblée des directeurs des systèmes d'information (et du numérique)-ADSI… Armelle Tanvez, qui s'investit également dans les groupe communication de la LERU et d'Udice, estime nécessaire de parler au-delà de notre cercle métier. Cela donne à voir et comprendre le quotidien d’une grande université de recherche telle que la nôtre.

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