Par Marion Riegert
Temps de lecture :

Des centres de don du corps plus réglementés

Un décret paru en avril 2022 encadre les centres de don du corps à des fins d’enseignement médical et de recherche. A Strasbourg, cette parution a entrainé quelques changements. Explications avec Philippe Clavert, directeur du département d'anatomie et du centre de don du corps.

C’est quoi un centre de don du corps ?

Dans les universités où il y a des disciplines anatomiques, il y a des centres de don du corps. Les dons sont gratuits et anonymes faits de leur vivant par des personnes majeures dans le centre de leur choix. Le dossier rempli et signé a une valeur testamentaire. L’accord peut être retiré à tout moment. Le don du corps est incompatible avec le don d’organes. Les dons sont utilisés à des fins d’enseignement et de recherche. Avec une priorité donnée à la formation des étudiants en médecine pour la dissection notamment.

Pourquoi ce décret ?

Un vide juridique sur le statut du corps

Chaque centre avait son mode de fonctionnement, il n’y avait rien de structurant, et notamment un vide juridique sur le statut du corps. Avec le scandale du traitement des cadavres du centre de don des corps de la faculté de médecine Paris-Descartes en 2019, une commission d’enquête a été mise en place par Frédérique Vidal, alors ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, qui a abouti au décret du 27 avril 2022 relatif au don de corps à des fins d'enseignement médical et de recherche. Ce dernier encadre notamment la création des centres de don du corps. Charge à toutes les universités de ne plus faire de centre de don ou de le respecter.

Qu’est-ce que cela change ?

A Strasbourg, nos pratiques n’étaient pas trop éloignées de ce qui est demandé. Nous avons tout de même dû nous restructurer avec un changement de statut : la discipline de l’anatomie est ainsi devenue récemment un département au sein de la Faculté de médecine. Dans lequel se trouve le centre de don du corps. Un site web est également en cours de création et une adresse mail dédiée a été mise en place. Avec comme organe de contrôle l’université et sur les activités un comité d’éthique composé d’universitaires mais aussi de personnes extérieures reconnues pour leur expertise éthique.

Un site web est en cours de création

Désormais, toutes les demandes qu’elles soient liées à des projets de recherche ou de formation passent devant le comité, certaines professions ne peuvent plus effectuer leur formation sur corps disséqués. L’accès aux corps est également plus restrictif, en dehors des demandes, seules six personnes du centre y ont accès. Autre changement : avant les corps n’étaient pas rendus aux familles, ils étaient tous incinérés et mis dans le jardin du souvenir du centre. Aujourd’hui, le choix est laissé au donneur. Lors du décès, l'établissement assure à ses frais le transport du corps vers la structure d'accueil. Il procède dans les mêmes conditions aux opérations funéraires. Une gratuité qui n’était pas de mise partout.

Un centre en manque de dons

Le centre de don du corps de Strasbourg dispose d’une trentaine de dons par an. Il nous en faudrait une cinquantaine pour répondre aux demandes.

Catégories

Catégories associées à l'article :

Mots-clés

Mots-clés associés à l'article :

Changer d'article