Savoir(s)

Quel est votre parcours ?

Après une licence Biologie et écologie à Nantes, j’ai parfait ma formation d’écologue en rejoignant l’Université de Strasbourg. À l’issue du master Plantes, environnement, génie écologique (PEnGE, Faculté des sciences de la vie) et de plusieurs stages au Laboratoire image, ville, environnement (Live), j’ai souhaité rester dans cet écosystème universitaire.

Biodiversité : ensemble des êtres vivants ainsi que les écosystèmes dans lesquels ils vivent. Ce terme comprend également les interactions des espèces entre elles et avec leurs milieux (Source : Office français pour la biodiversité)

Quelles sont vos missions ?

Très concrètement, ma mission est de favoriser la biodiversité sur les espaces extérieurs des campus et d’œuvrer à sa protection, tout en sensibilisant la communauté universitaire. Je travaille également sur des projets annexes, comme la mise en place de jardins partagés, l'écopâturage ou encore le traitement des déchets verts. Pour cela, j’ai deux ans*.

Quels seront vos outils ?

La feuille de route établie fixe trois lignes directrices, validées en comité de pilotage. Mon fil rouge : ficeler un plan d'éco-gestion, d’ici 2026.

Premier axe : mettre en place une gestion des espaces extérieurs plus vertueuse. En répondant à plusieurs questions : à quelle fréquence tondre, quelle gestion des espaces selon leurs usages, etc.

Le 2^e axe porte sur l’aménagement, avec une réflexion sur les pratiques. Là aussi, il s'agira de se poser les bonnes questions : Quelles espèces favoriser, en termes de faune et de flore ? Poursuit-on le déploiement de nichoirs ? Pour les ruches, la littérature scientifique a démonté un impact nuancé sur la biodiversité… même si cela reste un très bon outil pédagogique !

Enfin, car aucune science n’est hors sol, le 3^e axe a trait à la sensibilisation et la pédagogie. Après m’être formé, j'animerai en novembre des Fresques de la biodiversité.

Quel état des lieux ?

C’est le point de départ de la démarche : je bénéficie d’un certain nombre de remontées du terrain sur la faune et la flore des campus universitaires, avec pour objectif de les compiler dans une base, mise à jour régulièrement. J’étais déjà informé de la présence de faucons pèlerins sur la Tour de chimie, protégés avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) Alsace. J’ai aussi appris que des renards fréquentaient nos campus, ou encore que le pôle API, à Illkirch, abrite des orchidées sauvages. Récemment, j’ai reçu des collègues du Centre de primatologie de Niederhausgergen un inventaire de plus d’une trentaine d’espèces d’oiseaux, dont certaines protégées et menacées. En plus de ces observations, j’ai besoin d’identifier les zones d’ombres, soit les campus avec peu de connaissances sur la biodiversité présente (lichens, reptiles, mollusques). Pour cela, des partenariats externes vont être noués, mais aussi internes, avec des projets tutorés étudiants.

Faucons pèlerins, renards, orchidées sauvages sur les campus…

Avec qui travaillez-vous ?

Avec toute une myriade d’acteurs : pour la gestion des espaces extérieurs, par exemple, avec les jardiniers, la Direction du patrimoine immobilier (DPI), des enseignants-chercheurs (Live, Institut pluridisciplianire Hubert-Curien, Zone atelier environnementale et urbaine)… À l’instar de mon stage de fin d’études, réalisé avec des chercheurs (Live et École nationale du génie de l’eau et de l’environnement-Engees) pour une étude sur les espèces exotiques envahissantes, je souhaite favoriser ce type de projet produisant de la connaissance scientifique. Symbolique de cette démarche : un projet de recensement des chauves-souris. Porté avec le Live, il démarrera au printemps 2025. Nous discutons avec le Service pour la promotion de l’action sociale (Spacs) pour associer les personnels. 

Finalement, les trois objectifs listés plus haut sont interconnectés : les journées Biodiversité & campus (lire encadré) – organisée avec mes collègues de la mission et trois associations étudiantes – comportent plusieurs actions de sensibilisation du public. Les sorties sur le terrain vont aussi déboucher sur de la collecte de données, qui serviront à leur tour à alimenter le plan d'éco-gestion. 

Mon souhait est de fédérer un large réseau d’acteurs agissant au service de la biodiversité, au sein et hors de l’université, dont les écologues chevronnés, pour recueillir des données fiabilisées. J’incite d’ailleurs la communauté à utiliser des outils de science participative comme Sauvage de ma rue (flore) et Spipoll (insectes pollinisateurs).

• Rendez-vous sur l’espace collaboratif Ernest

* Le poste bénéficie d’un financement du Contrat d’objectifs, de moyens et de performance (Comp)