Par Elsa Collobert
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« Notre diplôme s'adapte aux évolutions de l'Europe »

Depuis 1993, le master Études européennes et internationales de Sciences Po Strasbourg forme des professionnels travaillant au sein et autour des institutions européennes. Coup de projecteur à l'occasion des 30 ans de ce diplôme réputé pour ses activités professionnalisantes, s'appuyant sur un enseignement pluridisciplinaire et adossé à la recherche.

Comme en réponse à l'acte fondateur de l'Union européenne (UE), le traité de Maastricht (1992), l’Institut d'études politiques (IEP) de Strasbourg crée son diplôme en 1993 : L'un des premiers cursus universitaires français dédié aux affaires publiques européennes, souligne Hélène Michel. L'actuelle responsable du diplôme précise : La formation s'enracine dans un écosystème strasbourgeois favorable, du fait de la présence de nombreuses institutions européennes et en particulier du Parlement européen. Elle est venue compléter une offre de formation jusqu'à présent très axée sur le droit communautaire.

Former des professionnels avertis

Ce diplôme, aujourd’hui master, se démarque par son caractère pluridisciplinaire, avec une dominante science politique mais aussi de l'économie, de l'histoire, de la sociologie, du droit, des langues et civilisations... Notre vocation n'est pas seulement de former des fonctionnaires des institutions européennes, mais des professionnels avertis du fonctionnement de l'UE et de ses enjeux, capables aussi de distance critique avec l'institution. Ils placent de l'espoir dans cet instrument de changement social, tout en restant réalistes. C'est important dans le contexte actuel de montée de la défiance à l’égard des institutions européennes. Magdaléna Hadjisky, responsable de l'un des trois parcours, Politiques européennes et affaires publiques (PEAP, lire encadré), complète : Notre point fort, c'est la perspective comparative que nous offrons, entre pays et zones géographiques, grâce aux différents domaines d'expertise des membres de l'équipe pédagogique - Allemagne, Europe de l'Est...

Une force, permise notamment par l'adossement de la formation à des unités de recherche de différentes disciplines. L'équipe pédagogique comme les intervenants sont issus de différents laboratoires : Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe (Sage) pour la science politique ; Centre d'études internationales et européennes (CEIE) pour le droit européen ; Droit, religion, entreprise et société (Dres) pour le droit social européen ; Bureau d'économie théorique et appliquée (Beta) pour la macroéconomie. Le master Etudes européennes et internationales est également partie prenante de l'Institut thématique interdisciplinaire (ITI) Makers-Fabrique de la société européenne.

Capter les évolutions structurantes

La formation sait aussi capter les évolutions structurantes et s'y adapter : c'est ce qu'a souligné Jörg Monar, ancien recteur du Collège d’Europe, présent lors de la journée de célébration des 30 ans, le 17 novembre dernier. A compter de septembre 2024, le master se transforme, avec la division du parcours PEAP en deux (Politique européenne et gouvernance-GOV et Politique européenne et politiques sociales et environnementales-PEPSE), et l'élargissement du parcours GER en parcours généraliste d'affaires européennes, en partie en langue allemande, détaille Hélène Michel. Une évolution qui s'inscrit dans le contexte de la nouvelle offre de formation 2024-2028, à la fois en réponse aux évolutions du marché de l'emploi et aux retours d'expérience des diplômés.

Doubles diplômes avec la Pologne et l'Allemagne

C'est aussi en réponse à ces impératifs que l'enseignement est de plus en plus dispensé « à la carte ». En deuxième année du master, dans le parcours Affaires européennes/Europa-Studien, il sera ainsi possible de combiner l’Unité d'enseignement (UE) majeure consacrée aux enjeux franco-allemands avec deux mineures d'autres parcours. Cela permet de mixer les profils d'étudiants et d'instaurer un réel esprit de promotion. Sans oublier la vocation internationale, une partie de la promotion alternant année à l'étranger et à Strasbourg, grâce aux doubles diplômes avec l'Allemagne et la Pologne. Un tiers de nos étudiants sont recrutés hors du tronc commun de Sciences Po Strasbourg, précise encore Christine Aquatias, avec des possibilités d'entrée à la fois à bac +3 et +4. Si l'enseignement accorde une large place aux connaissances théoriques, la pratique n'est pas oubliée, avec des études de cas concrets soumises par nos partenaires, par exemple un travail de définition du terrorisme pour le Conseil de l'Europe ou encore une réflexion sur un projet de crèche transfrontalière pour l'Eurodistrict SaarMoselle.

Grâce à ces atouts, pas de problème de recrutement ni d'insertion professionnelle (lire encadré) : les débouchés sont larges, dans les institutions européennes mais aussi dans les dispositifs et structures gravitant autour (postes liés dans les collectivités, Région Grand Est, Collectivité européenne d'Alsace, gestion de fonds Interreg, organisations non gouvernementales, cabinets de consultants et de lobbying, etc.). Les étudiants du parcours Sesi, dédié à la sécurité européenne et la stabilité internationale, choisissent parfois le grand large : diplomatie, organisations internationales, carrière militaire. A tous, la porte est ouverte à la poursuite d'études, en master au sein du Collège d'Europe à Bruges ou Natolin, en doctorat...

En chiffres

65 étudiants par promotion
3 parcours, 4 à compter de septembre 2024
2 doubles diplômes : avec l'Université de la Viadrina (Francfort-sur-l'Oder, Allemagne) et l'Université Jagellonne (Cracovie, Pologne)
100 % des diplômés de 2022 interrogés travaillent 3 mois après la fin de leurs études
2 000  alumni du master, formant un réseau toujours actif pourvoyeur de stages, cas concrets, etc.

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