Mettre en place l’internationalisation des formations
Internationaliser les formations, qu’est-ce que c’est au juste ? Si le concept intéresse et interroge beaucoup dans l’enseignement supérieur au tournant des années 2018-19, sa concrétisation n’a rien d’évident. Sous l’impulsion de Benoît Tock, alors vice-président Formation et vie universitaire, une recherche-action, financée par l’Idex, est lancée en 2021, pour travailler à la forme que pourrait prendre l’internationalisation des formations à l’Université de Strasbourg.
Internationaliser les formations, c’est d’abord une question de langue. Cela commence par le déploiement d’une offre de formation qui ne soit pas 100 % francophone en favorisant le basculement d’un certain nombre d’enseignements en langue anglaise dans les composantes volontaires. En 2018-19, un Idex transformation est en place pour accompagner les enseignants dans cette démarche mais il est très peu utilisé. On suppose que le frein puisse être linguistique : les enseignants ne se sentent pas suffisamment à l’aise avec l’anglais pour enseigner dans cette langue. Benoit Tock décide alors, de concert avec la direction du Lansad (Faculté des langues), de lancer une recherche-action pour travailler à une formation des enseignants, adaptée au contexte strasbourgeois. L’objectif est clairement de les préparer à donner des cours disciplinaires en anglais.
En 2021, le projet « Internationalisation des formations » est lancé. Deux postes sont créés pour mener cette recherche-action, rattachés au Lansad : un poste d’ingénieur de formation (Elise Bottazzi) et un poste de responsable scientifique (Chloé Faucompré), puis, progressivement, une petite équipe de huit personnes (enseignants certifiés en anglais, didacticiens, ingénieur pédagogique de l'Institut de développement et d'innovation pédagogiques-Idip) se constitue.
Première session en décembre 2021
Nous avons commencé par analyser les besoins des enseignants
, explique Chloé Faucompré. Par un heureux hasard, un enseignant en sciences sociales s’est spontanément adressé au pôle Lansad pour demander de l’aide. Nous l’avons observé trois fois en situation et avons longuement échangé avec lui, pour préciser ses besoins. Nous avons aussi travaillé sur la constitution de ressources à mettre à disposition des enseignants qui souhaitaient internationaliser leurs cours.
En janvier 2022, l’équipe lance sa première session de formation, 25 heures sur une semaine. Nous avons eu huit participants, raconte Chloé Faucompré. Des enseignants en sciences sociales, en histoire, en physique-ingénierie, en sciences économiques. La formation s’est construite autour de deux grands axes : un en français consacré à "ce que ça change d’enseigner en anglais" et l’autre, en anglais, au cours duquel chacun s’est essayé à donner un morceau de cours en anglais pour bénéficier du regard des autres.
En juin 2022, dix personnes suivent la seconde session. D’autres problématiques ou questions émergent : au-delà de l’anglais, quid du plurilinguisme ? Comment gérer la dynamique interculturelle dans la classe internationale ?
Proposer chaque année deux sessions fixes et une session flottante
Les évaluations de ces formations sont globalement bonnes, même si les enseignants pointent la difficulté à lui consacrer 25 h sur une semaine. Ils sont en demande de solutions plus souples et peut-être plus personnalisées.
Un chantier à long terme
Il était prévu que la recherche-action-formation se termine en décembre 2022, précise Elise Bottazzi, mais elle a été prolongée d’un an. Le temps pour nous de travailler sur la pérennisation au sein de l’établissement.
L’objectif pourrait être de proposer chaque année deux sessions fixes et une session flottante, ainsi que des modes d’accompagnement personnalisé de type « hotline ». Cette compétence devient un critère de sélection pour recruter les jeunes générations d’enseignants-chercheurs, mais il est certain c’est qu’on ne va pas internationaliser toutes les formations en un an ou deux Ce sera un chantier à long terme
, conclut Chloé Faucompré.
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