Par Elsa Collobert
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Les savoirs imprimés s’exposent au Studium

Évoquer les prémisses de la diffusion du livre en exposant des imprimés du 18e siècle dans une bibliothèque nouvelle génération vouée au papier et au numérique : il fallait y penser ! C’est la tâche à laquelle se sont attelés les étudiants d’Isabelle Laboulais, professeure d’histoire moderne. Disséminée au fil des pleins et déliés du bâtiment récemment ouvert, leur exposition entre en dialogue avec le lieu. Visite guidée.

Les savoirs des voyageurs ; la géographie physique ; l’histoire naturelle et l’actualité des sciences. Articulée autour de ces thématiques, l’exposition déclinée en onze panneaux et huit vitrines, a été conçue par les étudiants de licence 3 qui ont suivi le cours sur les « Cultures de l’écrit ». Elle se déploie dans les étages du Studium.

Dès l’entrée de la bibliothèque, passés les portiques de sécurité, deux panneaux accueillent le visiteur. Même si l’exposition a plutôt été conçue pour être présentée dans un espace unique, l’occasion de conjuguer sa présentation à l’ouverture de la Maison de l’étudiant était trop belle !, souligne Isabelle Laboulais, professeure d’histoire moderne, qui est à l’initiative de ce projet pédagogique.

Dès les premières séances de TD, au premier semestre de l’an dernier, j’ai proposé aux étudiants de consacrer les trois dernières semaines à travailler autrement. J’ai sélectionné une soixantaine de livres patrimoniaux et ils ont travaillé à leur contact pour remobiliser les connaissances accumulées précédemment. Je leur ai notamment demandé d’imaginer quels volumes pourraient être exposés et pourquoi.

Encyclopédies, dictionnaires…

La place accordée à l’image et la réalisation soignée attirent l’œil et donnent envie de se pencher sur ces vitrines. Complices de la démarche, Benjamin Caraco et Magalie Risser, du Service des bibliothèques, ont accompagné et soutenu ce projet dès ses débuts. La réalisation des panneaux a été assurée par l’imprimerie de la Direction des affaires logistiques intérieures (Dali), fortuitement installée au sous-sol du bâtiment.

Encyclopédies, dictionnaires, traités, planches... Au fil des panneaux et des vitrines, se dévoilent ces témoins de papier de l’histoire des sciences du 18e siècle. On croise des noms évocateurs des explorateurs Bougainville, Cook ; des naturalistes Buffon, Trebra ou encore le Strasbourgeois Jean Hermann.

Un livre n’est pas qu’un contenu

Un livre n’est pas qu’un contenu : ça a été notre fil conducteur au moment de concevoir ce travail, évoque Camille Mommessin, membre du groupe qui s’est penché sur les travaux de Buffon. L’idée était de placer les étudiants au contact des objets imprimés, pour leur permettre de mesurer l’incidence de la matérialité d’un livre sur la présentation des savoirs qui s’y trouvent, poursuit Isabelle Laboulais.

La sélection d'ouvrages est issue des fonds de la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU), en dépôt dans les collections patrimoniales des bibliothèques de l’université. C’est une chance de pouvoir y avoir accès et de faire découvrir ces trésors méconnus au public. On a plutôt l’habitude de venir en bibliothèque pour travailler à partir de manuels et d’ouvrages contemporains, s’enthousiasme Camille Mommessin.

Retour à la matérialité

Après la période du Covid, j’ai eu envie de replacer le collectif en cœur du travail universitaire et de proposer aux étudiants de découvrir les cultures de l’écrit autrement que par l’intermédiaire du numérique. Ramener de la matérialité et du lien dans le cours était le moteur de ce projet. J’ai senti qu’il y avait ce besoin et cette attente, de la part d’étudiants ayant connu le confinement puis le "distanciel" au cours de leurs deux premières années d’études supérieures, en 2020.

Camille Mommessin propose des visites de l’exposition avec Guillaume Lewandowski : Lors du parcours, on propose des éclairages spécifiques sur les représentations des animaux, ou sur les manières de représenter les instruments dans les traités savants du 18e siècle. La découverte de la médiation accompagne aussi ce projet. Je ne pense pas que ce travail ait été déterminant dans les choix d’orientation professionnelle des étudiants, mais il a permis à certains de confirmer un intérêt pour les métiers du livre, du patrimoine écrit, ou pour la recherche !

  • A voir jusqu’au 3 novembre, aux horaires d’ouverture du Studium
  • Visites commentées par les étudiants, sur réservation : bu.unistra.fr

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