Par Elsa Collobert
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L'école d'été dresse des ponts entre les cultures

Le temps d'une semaine, du 30 mai au 3 juin, une école d'été d'un genre un peu particulier, lancée par le Département d’études slaves, a réuni une quarantaine d'étudiants ukrainiens de l'Institut international d'études françaises (IIEF) et d'autres de la Faculté des langues. Autour des ateliers interculturels portés par ces derniers, l'ambition – réussie – était de les faire se rencontrer pour échanger, nouer des liens et pratiquer les langues qu’ils apprennent.

Des ateliers, animations et tandems étaient au programme du matin, pour découvrir l'histoire, les traditions et le folklore de cinq pays dont la langue et la culture sont enseignées à la Faculté des langues : Pologne, Serbie, République Tchèque, Bulgarie et Ukraine – à l'exception de la Russie. C'est volontairement que nous l'avons écartée du programme, car nos étudiants suivent déjà beaucoup de cours portant sur la culture et l’histoire russes durant l’année universitaire, explique l'enseignante-chercheuse Emilia Koustova.

En fin d’après-midi, ces mêmes étudiants, majoritairement issus du département d'études slaves, accueillaient pour des tandems et des échanges en français des étudiants volontaires du diplôme d'université (DU) Relier (Retour aux études par la langue et l’intégration des étudiants réfugiés). Réfugiés ukrainiens, chassés de leur pays par la guerre, ils suivent ce semestre des cours pour apprendre le français. Ceux-ci sont proposés par l'IIEF, qui avait déjà mis en place ce genre de dispositif pour les réfugiés du Proche et du Moyen-Orient (Syriens, Irakiens, etc.), à partir de 2015.

Les étudiants n'ont pas à faire les frais de la politique de Vladimir Poutine

A l'origine de l'école d'été, la forte volonté des étudiants du Département d’études slaves de s'impliquer en faveur des réfugiés ukrainiens, dès les débuts du conflit. Nous souhaitions aussi leur offrir une possibilité de mettre en pratique leurs connaissances en langues, eux qui ont dû interrompre leur mobilité en Russie, renoncer à des périodes d’immersion et stages linguistiques. Ils n'ont pas à faire les frais de la politique d'expansion hyper-agressive de Vladimir Poutine.

Français et russe comme langues de communication

Si les sujets liés à la culture russes ont été volontairement écartés, la langue de communication de ces ateliers était en revanche le russe. C'était l'un des principaux buts de cette initiative : utiliser le russe comme langue de communication et vectrice de lien, en évacuant toute idée d'ode à la gloire de la Russie.

Initiée par Emilia Koustova, l'école d'été était portée par deux de ses collègues, enseignantes lectrice et ATER, Olena Polovynko et Katerina Tarasiuk, en lien étroit avec Julia Putsche, responsable pédagogique du DU Relier à l'IIEF.

Elle a attiré au-delà du département d'études slaves, puisque des étudiants dans d'autres parcours linguistiques ont manifesté la volonté de se joindre à nous. Leurs ateliers, l'après-midi, se sont cette fois-ci déroulés en français, certains se destinant à la carrière d'enseignants de Français langue étrangère (FLE). Ils ont consacré leurs présentations à des pays francophones, Sénégal, Andorre, Suisse, Belgique, Québec…

L'occasion de belles découvertes et d'émotions partagées pour les étudiants et leurs enseignants. Certains étaient très motivés, ils ont même prolongé la location d'un appartement ou renoncé à un job d'été pour participer à cette école. Ils se sont véritablement épanouis à travers cette activité. Nous pourrons réfléchir l'année prochaine à offrir un prolongement à cette initiative inédite.

« Apprendre dans une ambiance plus détendue » : témoignage de Morgane Eberhart, 2e année de licence Langues, littératures et civilisations étrangères (LLCER) Études ibériques et ibéro-américaines

L’école d’été russe m’a permis d’en apprendre un peu plus sur les différents pays slaves (la Pologne, l’Ukraine, la Serbie, entre autres) qui sont souvent moins bien connus que la Russie, mais dont les cultures sont tout autant intéressantes. J’avais déjà suivi des cours au sein du département d’études slaves et j’envisage d’en suivre d’autres l’année prochaine afin de développer mes connaissances sur ces pays. Personnellement, je me suis surtout investie, au cours de cette semaine, dans les ateliers de FLE auprès des réfugiés ukrainiens, ce qui m’a donné une première approche de l’enseignement en imaginant des activités ludiques en français autour de différents pays francophones. Je trouve que cette école a été très formatrice pour mes camarades des licences de slave qui ont pu parler en russe entre eux et avec les professeures, ce qui contribue à une meilleure maîtrise de la langue. C’est pourquoi je recommanderais aux étudiants qui le souhaitent d’y participer dans les années à venir puisqu’on leur donne la possibilité d’apprendre sans la pression des examens et dans une ambiance plus détendue. D’ailleurs, je pense que ce serait une bonne idée que les autres départements de la Faculté des langues ouvrent un dispositif semblable pour leurs étudiants.

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