Par Elsa Collobert | Frédéric Zinck
Temps de lecture :

Frédérique Berrod : dialogue, optimisme et proximité comme caps

Élue présidente de l’Université de Strasbourg le 18 mars, la nouvelle présidente s’est entourée d’une équipe paritaire, élue le 1er avril. Budget, gouvernance, intelligence artificielle et numérique, parité… Le point sur les priorités de son mandat de quatre ans.

Trois mots-clés pour vous définir ?

Européenne, dialogue et optimisme !

Votre équipe est à parité, vous en faites une priorité ?

La notion de parité et d’égalité est importante, cela doit définir notre université, et je ne le dis pas parce que je suis une femme ! J’en ai fait l’expérience au moment de constituer mon équipe, il demeure un plafond de verre dans les parcours professionnels des femmes et je souhaite que l’on puisse le briser pour qu’elles puissent prendre des responsabilités collectives. 

Pouvez-vous nous expliquer votre choix de réorganiser les vice-présidences en quatre branches : Formation et recherche – Pilotage et ressources – Vie des campus – Rayonnement dans les territoires (voir encadré) ?

C’est une organisation qui doit faciliter les discussions, une manière de travailler ensemble de façon plus transversale, qui doit permettre des coopérations, des hybridations sur des sujets comme la transformation socio-écologique, la solidarité, la qualité de vie sur les campus… Quatre branches comme autant de points cardinaux. A l’est, la formation et la recherche ; au nord, le pilotage des ressources ; plein ouest, la vie des campus et vers le grand sud, le rayonnement des territoires. Une organisation qui permet de prendre des caps intermédiaires, sud-sud-est, par exemple. 

Quelles seront les lignes directrices de votre mandat ?

La collégialité, à l’image du fonctionnement de l’équipe de présidence. La proximité également que je compte garder avec mon équipe et avec l’ensemble de la communauté universitaire.  Il est nécessaire de maintenir la dynamique de co-construction qu’il y a eu pendant la campagne Inspire. Une proximité aussi avec l’ensemble des campus et le territoire. La question n’est pas tant d’aller vers davantage de décentralisation que de trouver un nouvel équilibre pour assurer les missions de notre université. Une demande forte, par exemple, s’est exprimée en faveur de la diminution des appels à projets en interne, qui doit ainsi permettre de se concentrer sur nos cœurs de métiers : la recherche et la formation.

« La question n’est pas tant d’aller vers davantage de décentralisation que de trouver un nouvel équilibre pour assurer les missions de notre université »

Vous faites des thématiques de l'intelligence artificielle (IA) et de la transformation numérique des projets de gouvernance prioritaires. Quels sont les autres dossiers prioritaires ? 

L‘IA est là. Il n’y aurait aucun sens à l’interdire ou à l’ignorer. C’est un outil qu’il faut interroger et définir la manière de l’intégrer dans nos pratiques, que ce soit en lien avec nos processus administratifs, la recherche, la pédagogie et également à destination des étudiants. Ce sujet pose aussi des questions environnementales et éthiques.

Une éthique qui revêt une dimension bien plus transversale pour l’université. Un des chantiers prioritaires de mon équipe sera la constitution d’une charte éthique, co-construite, qui permettra d’exprimer nos valeurs et la manière de les décliner. Des thèmes comme l’IA, le bien-être animal, la liberté de recherche, la liberté académique… y seront abordés. C’est un outil qui doit permettre à la communauté de se re-situer par rapport aux grands enjeux de l’université et ses valeurs. 

Nous nous sommes dotés de nombreux schémas directeurs (DD&RS, numérique, RH…). Il est temps de passer en phase de déploiement et d’assurer leur mise en cohérence. Le schéma directeur de la mobilité est également en construction, et doit impliquer tous les partenaires que sont  l’Eurométropole, la Région Grand-Est et la région transfrontalière. La mobilité étudiante doit aussi favoriser le départ de nos étudiants vers l’étranger. Je voudrais aussi qu’Eucor – Le Campus européen prenne toute sa dimension d’espace de mobilité naturel pour les étudiants du Rhin supérieur.

Comment prendre en compte la composition plus fragmentée du conseil d’administration ? 

L’existence de trois listes différentes nous convie à quelque chose de très européen, finalement : la culture du compromis. Il n’y a aucune raison que nous n’arrivions pas à des compromis avec l’ensemble des élus. L’université est un lieu de confrontation des savoirs et non le lieu des batailles politiciennes. Cela ne doit pas être un lieu d’affrontement, de polarisation. Il faut redonner ses lettres de noblesse à la disputatio, la confrontation des savoirs sans dogmatisme. Je suis convaincue que c’est possible !

« Il faut redonner ses lettres de noblesse à la disputatio, la confrontation des savoirs sans dogmatisme »

La restriction budgétaire est de mise dans les universités françaises. Comment maintenir le cap de l'excellence dans ce contexte ? 

Le contexte n’est pas bon, ne le nions pas, le budget a été voté en déficit deux années de suite. Pour le budget 2025, nous sommes dans l’attente du retour du ministère après le vote très tardif du budget national. Pour autant, le budget de l’Université de Strasbourg reste dans le vert, d’autres universités sont dans des situations plus tendues. Je défends l’idée d’une université résiliente autour de trois grands principes : convaincre, au travers d’un lobbying permanent, les parlementaires et le gouvernement de continuer à investir dans l’enseignement supérieur et la recherche. Mais aussi les instances européennes, avec l’alliance EPICUR. Utiliser les fonds Idex de manière différente, davantage dans le sens d’une sécurisation des projets à plus long terme. Et enfin, permettre le financement de nouveaux grands projets structurants, en mesurant bien la soutenabilité en termes d’investissements et de moyens humains. 

Un message à envoyer à la communauté universitaire, et en particulier aux étudiants, dans le contexte actuel ?

L’université peut être le lieu et le moyen de nous ancrer dans ce monde instable, qui bouge de manière aléatoire comme des plaques tectoniques. Elle a fait la preuve de sa capacité de résilience à différentes reprises ces dernières années. Elle continue à diplômer des étudiants, à innover en recherche, à développer des liens avec nos partenaires internationaux. Et s’implique sur des thématiques comme la santé mentale et la précarité des étudiants. Cela doit nous guider. Il faut savoir s’enthousiasmer et surtout protéger cet écosystème unique.

Équipe politique de l’Université de Strasbourg : 15 vice-présidentes et vice-présidents autour de la présidente Frédérique Berrod

Formation et Recherche
Jérémy Darenne, vice-président Vie universitaire
Rémi Barillon, vice-président Recherche, formation doctorale et science ouverte
Rachel Schurhammer, vice-présidente Formation

Pilotage des ressources
Michel de Mathelin, premier vice-président et vice-président Stratégie et innovation
Yann Gaudeau, vice-président Finances et moyens
Virginie Zint, vice-présidente Numérique et simplification organisationnelle
Vincent Blanloeil, vice-président Ressources humaines

Vie des campus
Elisabeth Demont, vice-présidente Politique qualité de vie et des conditions de travail
Camille Fauth, vice-présidente Égalité, parité, diversité et lutte contre les discriminations
Marie Lammert, vice-présidente Responsabilité sociale, environnementale et éthique
Nicolas Matt, vice-président Patrimoine

Rayonnement dans les territoires
Jean Sibilia, vice-président Santé et territoire
Enrica Zanin, vice-présidente Culture, science et société
Birte Wassenberg, vice-présidente Europe et relations internationales
Jean-Marc Planeix, vice-président Partenariats internationaux

Catégories

Catégories associées à l'article :

Changer d'article