Par Elsa Collobert
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« Détecter la présence de microplastiques sur le campus »

En novembre dernier, à l’occasion de la dernière Semaine européenne de réduction des déchets (SERD), Enzo Jugieau, chargé de projet Biodiversité et plan de gestion écologique des espaces extérieurs*, et Oscar Schaeffer, étudiant en deuxième année du master Plantes, environnement et génie écologique (PEnGE), ont mis leurs expertises en commun pour révéler la présence de microplastiques sur le campus. Alors que se profile déjà le Printemps de la transition écologique (du 20 au 28 mars prochains, lire encadré), on fait le point sur leur récolte, tristement fructueuse.

Centre sportif, Patio et Institut Le Bel : trois lieux stratégiques du campus Esplanade, qu’ont ciblés Oscar Schaeffer et Enzo Jugieau pour leur opération de collecte de microplastiques, en novembre dernier. Armés de morceaux de bande adhésive, ils ont quadrillé le sol dans l’entrée de ces bâtiments. Le résultat est sans appel : À partir des échantillons collectés, nous pouvons extrapoler les résultats pour estimer la présence d’entre 8 000 et 10 000 microparticules de plastique par mètre carré, soulignent l’étudiant en deuxième année de master Plantes, environnement et génie écologique (PEnGE) et le chargé de projet Biodiversité et plan de gestion écologique des espaces extérieurs. Ils ne se voient pas à l’œil nu, mais peuvent très facilement se repérer à la loupe binoculaire : ils sont de forme géométrique, souvent de couleurs vives. 

Moins de 5 mm : c'est la taille communément admise pour un microplastique

L’opération n’a rien d’une improvisation : Nous avons simplement réutilisé un protocole, déployé par Oscar dans le cadre du projet tuteuré VégéLab, mené sur trois semestres. Nommé “Gel Tape”, il est très facilement transposable , raconte Enzo Jugieau. « À l'origine, ce protocole est tiré d'un article scientifique. Nous nous en sommes servi pour étudier la pollution aux microplastiques causée par une course à pied, l’Ultra trail du Mont-Blanc (UTMB) Alsace - Grand Est. Cette étude dans son ensemble, y compris l'évaluation du transport de graines, de l'érosion du sol et du piétinement de la végétation, a été réalisée à la demande de l'association des Châteaux forts d'Alsace », précise Oscar Schaeffer. On pense spontanément aux bouteilles en plastique abandonnées par les coureurs, mais il y a plus insidieux : les résidus de vêtements et chaussures, causés par le frottement au passage des coureurs.

Une pollution invisible mais majeure

Sur le campus, la problématique est la même : Il n’y a pas que les coureurs qui portent des vêtements en fibre synthétique !, souligne Enzo Jugieau. Tout en précisant que les sources de pollution sont multiples, et qu’une multitude de facteurs sont à prendre en compte : « Nous n’avons par exemple pas fait entrer la variable UV, qui dégrade le plastique, dans notre modèle. Pour cette raison, des chiffres emblématiques comme les 5 g de plastique  que nous avalerions tous chaque semaine sont à prendre avec des pincettes : cela va dépendre de nos usages, de notre lieu de vie, etc. » Il tient aussi à nuancer : Statistiquement, nos résultats sont peu robustes pour l’Esplanade, mais encourageants pour de prochaines études ». Il émet le vœu que « d’autres se saisissent de l’outil pour mener une étude à plus grande échelle .

L’ambition, pour le chargé de projet Biodiversité, lui-même diplômé en biologie, était donc de faire progresser la connaissance du public sur une pollution invisible mais majeure : On retrouve des microplastiques dans tous les milieux, eau, air, sol… Ils sont présents à tous les niveaux du réseau trophique, de notre corps au système respiratoire des oiseaux, en passant par les insectes… Les résultats de l’expérimentation ont été présentés par l’équipe de la mission Développement durable & responsabilité sociétale (DD&RS), sur son stand au restaurant universitaire Esplanade déployé lors la Semaine européenne pour la réduction des déchets (SERD), en novembre 2024. Avec systématiquement des propositions d’alternatives pour réduire notre consommation de plastique : utiliser une gourde en inox, préférer les vêtements en fibres végétales comme le coton, changer ses habitudes de consommation alimentaire en passant au vrac… 

* Au sein de la mission Développement durable et responsabilité sociétale (DD&RS)

Prenez date : le Printemps de la transition écologique, du 20 au 28 mars 2025 !

Le Printemps de la transition écologique est un évènement de sensibilisation de la communauté universitaire (étudiants, étudiantes et personnels) aux enjeux environnementaux. Il se tiendra sur le campus central de l'Esplanade du 20 au 28 mars 2025. Le programme détaillé avec les liens d'inscription aux différentes activités sera diffusé à partir du 6 mars via Ernest et Instagram. 

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