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D’autant qu’il s’en souvienne, les insectes chanteurs, grillons, sauterelles et autres criquets l’ont toujours passionné mais Sylvain Hugel n’a jamais pu choisir entre cette activité et son travail de neurobiologiste. Depuis 30 ans, il profite ainsi de ses nuits, de ses vacances et de ses week-end pour partir en quête de nouveaux spécimens notamment en forêt tropicale.

Le chant des insectes est merveilleux, même la nuit, lorsque tout est noir et que l’on se promène dans une forêt, on sait qu’ils sont là, raconte Sylvain Hugel qui est capable d’identifier l’espèce à laquelle ils appartiennent juste par leur chant.

Une grande partie des insectes collectés là-bas étaient inconnus

Je n’ai aucune qualification en zoologie mais c’est un domaine compatible avec la pratique amateur, poursuit le chercheur qui commence ses investigations seul. En visitant de la famille à La Réunion, je me suis rendu compte qu’une grande partie des insectes collectés là-bas étaient inconnus. Sur 10 espèces, seules une ou deux avait déjà un nom. Iles de l’Océan indien puis du Pacifique, Amérique centrale… son terrain d’observation s’étend au fil des années.

Pour identifier les espèces dénichées grâce à des micros et autres caméras, le zoologiste se rend dans les grands musées de France. A force de les fréquenter, ils m’ont proposé des collaborations, je suis invité dans certaines missions. Jamais aucune ne se passe normalement , glisse le passionné.

Une sauterelle unique polinisateur d’une orchidée rare

Un insecte chouchou ? J’en ai plein, sourit Sylvain Hugel qui découvre notamment un petit grillon existant uniquement sur quelques mètres carrés à l’île Rodrigues dans l’Océan indien. Ou encore une sauterelle unique polinisateur d’une orchidée rare de l’île de La Réunion dont l’activité a été révélée grâce à des caméras nocturnes.

En comptant les espèces encore à découvrir, 85 à 99% des formes de vie sur terre sont des insectes

Durant ses périples, le chercheur est confronté à la raréfaction des insectes. J’ai par exemple décrit une espèce dans une forêt à Madagascar qui a brulé deux ans plus tard… Mais il se veut optimiste.

Ce n’est pas forcément un phénomène global. Cette tendance à la baisse semble surtout liée à des facteurs locaux : destruction des habitats, artificialisation, pesticides, lumière… Dès que l’Homme laisse reprendre la nature, des espèces reviennent, même dans une zone dégradée. Les milieux naturels peuvent avoir une grande résilience, notamment grâce à la biodiversité qui les constitue, conclut Sylvain Hugel qui tout juste rentré d’une mission à Madagascar prévoit d’y retourner dès janvier.