Savoir(s)

Les praticiens ont l’habitude de palper les tissus pour évaluer leur rigidité et détecter les masses anormales. Cette capacité est perdue avec un endoscope, ces caméras miniatures qui permettent de regarder à l’intérieur d’organes pour surveiller, prélever des tissus (biopsie endoscopique) ou même enlever de petites tumeurs. La technologie d’imagerie optique Kainosense restitue, de manière quantitative, le sens du toucher lors des chirurgies endoscopiques et laparoscopiques. Comment ? Grâce à un laser associé à la caméra, qui mesure l’élasticité des tissus en temps réel. Cette technologie permet d’augmenter et d’améliorer la précision des diagnostics et des actes chirurgicaux. Une autre application est également envisagée en cosmétique.

Originaire de la région parisienne, Emmanuel Martins Seromenho est physicien, spécialiste de l’interaction entre la lumière et la matière. À la fin de ses études en optique biomédicale à Sorbonne Université, il effectue un stage à l’hôpital des Quinze-Vingts, une référence en matière d’ophtalmologie. Il travaille sur un système utilisable par les praticiens pour le diagnostic de différentes pathologies de l’œil. J'ai toujours eu cette idée en tête : faire de la science pour qu'elle soit utile à la société. Aider les praticiens dans la lutte contre le cancer est exactement ce que je veux apporter, explique Emmanuel. Il arrive ensuite en thèse au Laboratoire des sciences de l’ingénieur, de l’informatique et de l’imagerie (ICube – CNRS/Unistra/Insa Strasbourg/Engees), un laboratoire de référence mondiale dans ce domaine. L’idée d’un projet entrepreneurial est, dès le départ, une évidence pour Emmanuel et son directeur de thèse, Amir Nahas, enseignant-chercheur à l’Université de Strasbourg. Le DU Entrepreneurship et l’accompagnement Pépite m’ont permis de passer le gap du chercheur à l’entrepreneur, avoue-t-il. Avec le soutien du CNRS et une maturation technologique financée par la SATT Conectus, le projet Kainosense passera à la vitesse supérieure en 2026 avec le démarrage des premières levées de fonds.

L’insuffisance cardiaque touche plus d’un million de personnes en France et reste l'une des premières causes d’hospitalisation après 65 ans. Le projet LiqSens développe un dispositif portable permettant le suivi en temps réel de l’insuffisance cardiaque. Comment ? À la manière des capteurs glucosiques qui suivent les personnes atteintes de diabète, le capteur LiqSens mesure une protéine dans le sang dont le taux augmente lorsque le cœur est en difficulté. Dans un contexte de médecine personnalisée, ce dispositif permet une meilleure prise en charge des patients, d’anticiper les accidents et de réduire les hospitalisations. Le prototype, encore en développement, repose sur des technologies de pointe en biologie, électronique et microfluidique.

Le projet LiqSens est le fruit d’un groupe d’amis strasbourgeois dont les expertises réunissent toutes les compétences nécessaires au développement d’une technologie biomédicale de pointe. Nathan Klotz possède un double cursus en pharmacie et biotechnologie à l’Université de Strasbourg. Il démarre aujourd’hui un doctorat en immunologie tout en portant le projet LiqSens. Mais il n’est pas seul : Aleyna Erdogan, ingénieure en biotechnologies, Robin Pointet, doctorant en économie de l'innovation, spécialisé dans les technologies de santé et Clément Albert, ingénieur en microfluidique. Les trois premiers sont diplômés de l’Université de Strasbourg, le dernier de l’École polytechnique fédérale de Lausanne. Les quatre amis ont en commun l’envie d’une aventure entrepreneuriale et d’un impact positif sur la société. Nathan Klotz a été accompagné par Etena et, pour lui, c’est la méthode qui fait la différence : Le lean start-up est une méthode qui permet d’avancer étape par étape dans la construction de notre projet et de notre entreprise, en confrontant nos idées au marché.